Les implants peuvent être mis en place sans lambeau et chargés immédiatement sans compromettre les taux de succès dans les cas d’édentement partiel - Cahiers de Prothèse n° 147 du 01/09/2009
 

Les cahiers de prothèse n° 147 du 01/09/2009

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Les implants ont été mis en place historiquement selon un protocole décrit en deux étapes. Ils étaient mis « en nourrice » pendant 3 à 6 mois selon l’arcade considérée et ensuite mis en fonction. En 1990, une première publication indiquait qu’il était possible de mettre en charge de façon précoce ou immédiate à la mandibule dans des cas sélectionnés. Désormais, ce protocole est devenu classique, particulièrement à la mandibule dans un os de...


Pourquoi ?

Les implants ont été mis en place historiquement selon un protocole décrit en deux étapes. Ils étaient mis « en nourrice » pendant 3 à 6 mois selon l’arcade considérée et ensuite mis en fonction. En 1990, une première publication indiquait qu’il était possible de mettre en charge de façon précoce ou immédiate à la mandibule dans des cas sélectionnés. Désormais, ce protocole est devenu classique, particulièrement à la mandibule dans un os de bonne qualité. Une revue de synthèse Cochrane confirme l’efficacité de cette option. Certaines précautions sont décrites pour réaliser une mise en charge immédiate : couple d’insertion de l’implant de 32 Ncm, prothèse provisoire en sous-occlusion pendant 2 mois et mise en charge progressive de la prothèse. Dans certaines situations, une chirurgie sans lambeau est possible. Elle permet de diminuer l’inconfort du patient et le temps de traitement. Le but de cette étude clinique randomisée est de comparer l’efficacité d’une mise en charge immédiate d’implants placés sans lambeau (test) et d’une mise en charge différée d’implants placés de façon traditionnelle avec élévation d’un lambeau.

Comment ?

Tous les patients de plus de 18 ans avec un volume d’os suffisant pour recevoir un implant de plus de 3,7 mm de diamètre et de 10 mm de long étaient éligibles pour cette étude. Les contre-indications classiques sont listées. Le type de mise en place a été déterminé par randomisation. Le choix de l’implant était laissé au chirurgien en fonction des examens préimplantaires. Lors du forage du site implantaire, les patients avec un os de type IV (très souple) ont été exclus de l’étude. Si le couple de mise en place d’un implant du groupe test était inférieur à 45 Ncm, cet implant était alors traité comme ceux du groupe témoin. Les implants du groupe témoin étaient placés avec un lambeau de pleine épaisseur. Dans le secteur postérieur, les implants n’étaient pas enfouis alors que dans la zone antérieure, ils étaient enfouis. Le second temps chirurgical a été réalisé 3 à 4 mois plus tard. Les procédures prothétiques sont les mêmes dans les 2 groupes. Les critères évalués sont : échec prothétique, échec implantaire, complication biologique ou prothétique, œdème, douleurs postopératoires, utilisation d’antalgiques. Le dernier contrôle a été réalisé après 3 ans de mise en charge.

Et alors ?

Cette étude comptait initialement 43 patients. Pour 3 d’entre eux, les implants ont été posés dans un os de type IV. Ils ont été exclus de l’étude. Au total, 108 implants ont été posés entre mars et juillet 2002 : 52 sans lambeau (tests) et 56 avec lambeau (témoins). Tous les patients ont été suivis sur la période de 3 ans. Aucun implant ni aucune prothèse n’ont été perdus. Aucune différence significative dans la survenue des complications biologiques ou prothétiques n’a été relevée dans les deux groupes. Les risques d’œdème, les douleurs postopératoires ou la prise d’antalgiques étaient bien moins significatifs dans le groupe test sans lambeau.

À RETENIR :

Depuis 40 ans que les protocoles permettent d’obtenir et de maintenir une ostéointégration des implants selon les principes décrits par Brånemark, il n’y a eu de cesse de tenter de raccourcir les temps de traitement et la gêne des patients. La technique en 1 temps chirurgical a prouvé son efficacité dans des situations choisies. La mise en charge précoce ou immédiate aussi. La chirurgie sans lambeau est aussi possible dans certaines indications et permet de diminuer le temps de traitement et les suites opératoires pour le patient. Cette étude clinique randomisée avec un suivi sur 3 ans a pour but de déterminer si un protocole de mise en charge immédiate d’implants placés sans lambeau (test) est aussi fiable qu’un protocole standard de mise en charge différée d’implants posés avec lambeau (témoin). Au total, 40 patients ont été suivis sur 3 ans ; 108 implants ont été posés (52 tests et 56 témoins). Les 2 techniques ont atteint des taux de succès de 100 %. Le groupe test permet d’obtenir ces résultats plus rapidement et avec moins d’inconfort pour les patients. Ainsi, les procédures de mise en charge immédiate sans lambeau sont préférables dans des cas bien sélectionnés et planifiés.

Les deux techniques obtiennent des taux de succès de 100 %, mais la mise en charge immédiate sans lambeau permet de diminuer le temps de traitement et l’inconfort du patient dans les cas sélectionnés.