L'utilisation d'une membrane collagène permet d'augmenter le gain osseux autour d'un implant lors d'une allogreffe pour compenser une déhiscence - Cahiers de Prothèse n° 1 du 01/09/2014
 

Les cahiers de prothèse n° 1 du 01/09/2014

 

Synthèse

À RETENIR :

Pour obtenir un résultat optimal, l'implant doit être posé dans une position idéale pour que la réalisation prothétique soit à la fois fonctionnelle et esthétique, et ce sur le long terme. Cela suppose parfois d'avoir recours à des greffes osseuses avant ou en même temps que la pose de l'implant. Une des options possibles est la réalisation d'une allogreffe stratifiée (os spongieux et os cortical) pour compenser la...


À RETENIR :

Pour obtenir un résultat optimal, l'implant doit être posé dans une position idéale pour que la réalisation prothétique soit à la fois fonctionnelle et esthétique, et ce sur le long terme. Cela suppose parfois d'avoir recours à des greffes osseuses avant ou en même temps que la pose de l'implant. Une des options possibles est la réalisation d'une allogreffe stratifiée (os spongieux et os cortical) pour compenser la déhiscence osseuse autour d'un implant parfaitement positionné. Le but de cette étude est d'évaluer l'influence de l'adjonction d'une membrane collagène d'origine bovine (CopiOs®) au matériau de greffe sur le volume de la reconstruction osseuse obtenue au bout de 1 an. Un total de 26 patients a participé à l'étude. L'attribution du traitement a été réalisée de façon randomisée. Des contrôles cliniques et radiologiques (rétroalvéolaires et cone beam) ont été réalisés. Les gains osseux horizontaux et l'augmentation d'épaisseur de crête sont statistiquement plus importants dans le groupe avec membrane. Le cone beam ne semble pas être un élément fiable de mesure de la différence d'épaisseur osseuse autour d'un implant.

Pourquoi ?

La mise en place d'un implant dans une position tridimensionnelle non idéale est un risque de développement de péri-implantite, d'échec fonctionnel ou esthétique et, éventuellement, de dépose de l'implant. Celui-ci doit être placé dans la position idéale d'un point de vue prothétique et cela suppose parfois de recourir à des techniques de reconstruction osseuse. Les procédures de régénération osseuse guidée (ROG) ont été largement utilisées en implantologie car elles sont fiables, peu invasives (par rapport aux greffes corticales) et relativement faciles à mettre en œuvre. Elles peuvent être pratiquées avant la pose d'implants ou simultanément. Une technique stratifiée a été proposée avec une couche d'os spongieux au contact de l'implant, recouverte par une couche d'os cortical protégée par une membrane collagène. Cette technique a pour objectif de favoriser la cicatrisation osseuse autour de l'implant. Cette étude a pour but de déterminer l'influence de la présence d'une membrane collagène d'origine bovine (CopiOs®, Zimmer Dental Inc.) sur l'augmentation horizontale de volume obtenue après ROG autour d'implants présentant une déhiscence.

Comment ?

Cette étude a été menée à l'université du Michigan entre janvier 2009 et septembre 2011. Sur les 116 patients sélectionnés, 26 en tout ont été recrutés selon des critères définis (âge entre 18 et 80 ans, bon état de santé générale, crête de moins de 4 mm d'épaisseur, avec possibilité de placer un implant d'au moins 10 mm de long, bande de gencive kératinisée de plus de 2 mm). Les 26 patients ont été répartis de façon randomisée en 2 groupes : ROG stratifiée avec Puros® spongieux et cortical et membrane CopiOs® (test) ou sans membrane (témoin). Des mesures initiales ont été réalisées sur un examen cone beam (CBCT) pour déterminer l'épaisseur résiduelle de la crête. Des guides en résine, stabilisés sur les dents adjacentes, ont été réalisés pour permettre des mesures standardisées en préopératoire, peropératoire et postopératoire. La technique chirurgicale est parfaitement décrite, l'implant Screw-Vent® posé dans une position idéale et l'augmentation osseuse mesurée à l'aide des guides élaborés. Dans le groupe avec membrane, celle-ci est posée sur le matériau de greffe mais non fixée. Un examen CBCT est réalisé immédiatement en postopératoire. Au bout de 6 mois, un autre CBCT est réalisé avant le second temps chirurgical et la connexion du pilier de cicatrisation. La prothèse est réalisée 4 semaines plus tard. Les informations obtenues par les 3 CBCT ont servi de base à l'analyse des résultats traités de façon statistique.

Et alors ?

À l'origine, les deux groupes présentaient des caractéristiques similaires en termes de population et de défauts osseux. Au bout de 6 mois, les paramètres cliniques (gain osseux horizontal) étaient significativement plus importants dans le groupe test avec membrane (p < 0,05). Il y avait moins de résorption osseuse du matériau greffé avec l'utilisation d'une membrane collagène. Trois patients dans chaque groupe ont présenté des réouvertures de sutures qui ont généré une perte de matériau et des expositions de membrane. Ces expositions (23 %) ont eu un effet négatif sur la réduction verticale du défaut et sur le comblement osseux autour de l'implant.

Le gain en épaisseur est significativement plus élevé dans le groupe test (avec membrane) lors des mesures cliniques. Il ne l'est pas avec les mesures réalisées sur les CBCT. L'intérêt du CBCT pour ce type d'étude doit être discuté au regard de l'exposition générée.