Improviser l'esthétique ? - Cahiers de Prothèse n° 186 du 01/06/2019
 

Les cahiers de prothèse n° 186 du 01/06/2019

 

éditorial

Stéphane Viennot  

Rédacteur en chef

Actuellement, les 18-34 ans font davantage de chirurgie esthétique que leurs aînés de la tranche d'âge 50-60 ans. Cette tendance ne surprend plus, car modifier son apparence passe pour un acte de plus en plus ordinaire, et la maîtriser est une façon de dominer les évènements sans les subir et de plaire dans un contexte social de plus en plus exigeant. Ces actes esthétiques, considérés autrefois comme risqués, se banalisent. L'esthétique dentaire n'échappe pas à la règle et,...


Actuellement, les 18-34 ans font davantage de chirurgie esthétique que leurs aînés de la tranche d'âge 50-60 ans. Cette tendance ne surprend plus, car modifier son apparence passe pour un acte de plus en plus ordinaire, et la maîtriser est une façon de dominer les évènements sans les subir et de plaire dans un contexte social de plus en plus exigeant. Ces actes esthétiques, considérés autrefois comme risqués, se banalisent. L'esthétique dentaire n'échappe pas à la règle et, dans nos cabinets, certains patients se présentent avec des photographies de célébrités (reconnues ou éphémères) en demandant le même sourire et les mêmes dents que sur ces photos déjà retouchées selon les normes en vigueur sur Facebook, Instagram et autres. Alors, tous des fashion victims, ces 18-34 ans ? Non, la plupart veulent « casser les codes » mais prennent leur décision en toute connaissance de cause. Curieusement, les réseaux sociaux garderaient un peu d'objectivité : affichage d'une perfection plastique qui se voudrait la norme mais, a contrario, dénonciation des retouches sur photographies et mise en avant des contre-modèles, des tenants du « body positivisme », qui expriment l'idée d'un corps laissé « au naturel ».

Face à cela, le rôle du professionnel de santé reste déterminant en termes de conseils, d'informations, de mises en garde, d'explications. L'esthétique dentaire s'inscrit pleinement dans cette volonté de mise en valeur de soi, d'amélioration de son apparence. La qualité d'un sourire réside avant tout dans une denture symétrique, harmonieuse, avec des proportions dentaires respectées et des couleurs claires mais naturelles. La chance de notre discipline est l'existence d'une dentisterie esthétique de plus en plus encadrée, où l'hésitation n'a plus lieu d'être lorsqu'un sourire doit être réhabilité en totalité : quand la rigueur des protocoles est suivie, les résultats sont impressionnants de naturel et de prévisibilité. En outre, le patient valide la thérapeutique proposée à chaque étape et in vivo.

Ce numéro des Cahiers de Prothèse « européen » expose une série de contextes cliniques et de thérapeutiques liés à diverses pathologies, avec un accent mis sur la qualité d'une dentisterie esthétique contemporaine européenne au plus haut niveau. Nous remercions particulièrement les docteurs João Borges, Edson Da Silva, Éric Van Dooren, et nos confrères français Cyril Gaillard, Renaud Noharet, Marie Clément. Ne sont pas oubliés les prothésistes-céramistes, véritables artistes dans la qualité des réalisations : Jérôme Bellamy, Philippe Buisson, Edson Da Silva, A. Louro, Sébastien Mosconi. Enfin, nous exprimons toute notre gratitude à Renaud Noharet, qui a sollicité ses amis européens et coordonné les auteurs.

En parcourant ce numéro, nos confrères chirurgiens esthétiques ne peuvent qu'envier la prévisibilité des résultats en dentisterie esthétique et la participation proactive de nos patients à chaque étape, ce qui montre bien que l'esthétique dentaire, telle qu'on la conçoit actuellement au plus haut niveau en Europe, n'est plus une affaire d'improvisation...