Dens invaginatus : cas clinique - Clinic n° 05 du 01/05/2009
 

Clinic n° 05 du 01/05/2009

 

ENDODONTIE

DU CÔTÉ DE LA FAC

Catherine BESNAULT*   Denis BOUTER**   MCU-PH   Université is Descartes 1 rue Maurice Arnoux   92120 Montrouge.***  

>Le cas clinique

Une patiente présente une lésion inflammatoire périradiculaire d'origine endodontique sur 22.

La dens invaginatus est une anomalie du développement dentaire. Cet article didactique aborde, tout d'abord, les grandes étiologies et la classification de cette anomalie. Dans une seconde partie, l'article, illustré d'un cas clinique, nous présente le traitement endodontique de ce type de dent.

La dens invaginatus ou dens in dente est une anomalie de développement plutôt commune (incidence : de 0,25 à 5,1 %), qui affecte préférentiellement les incisives latérales permanentes, plus rarement les incisives centrales, et de façon le plus souvent symétrique [1]. Cette malformation peut également accompagner d'autres syndromes malformatifs (taurodontisme, dentinogenèse imparfaite...).

Il s'agit d'une invagination de la couche épithéliale avant le stade de minéralisation [2], dont les formes cliniques sont très variables, de la simple accentuation du puits cingulaire ( foramen cæcum ) à l'invagination corono-radiculaire complète atteignant l'apex. Cliniquement, elle devra être suspectée devant toute accentuation du puits cingulaire.

Pour ce type d'atteinte, du fait de l'épaisseur réduite et d'une éventuelle anomalie de structure de l'émail et de la dentine, le risque de développement d'une lésion carieuse et/ou d'une pathologie pulpaire et périapicale est plus élevé [3].

Classifications

Il existe plusieurs classifications [4,5], la plus utilisée car simple et facile à appliquer étant celle d'Oehlers [6] tableau 1. Le cas traité dans cet article est de type II (fig. 1 à 6).

Étiologies

Il n'existe aucun consensus en ce qui concerne l'étiologie de cette anomalie tableau 2.

Morphologie coronaire et radiculaire

La couronne peut présenter une anatomie normale [18], une augmentation du diamètre vestibulo-lingual ou mésio-distal [19, 20et 21], comme sur la(figure 2), une encoche au niveau du bord incisif [19], une forme conique [6] ou encore un talon cusp ou tubercule.

La dens invaginatus peut également être associée à des modifications morphologiques du canal lui-même (section transversale irrégulière) sous forme de vagues et de dilatations [22] avec possibilité de divisions canalaires.

Conclusion

La forme de ces dents est extrêmement variable et doit faire l'objet d'un examen précis. Il serait souhaitable, de façon précoce, de sceller les puits cingulaires anfractueux, toujours présents dans ces dents invaginées, et de suivre régulièrement l'évolution de leur état pulpaire de manière à limiter les conséquences de cette malformation dentaire.

En cas de complication pulpaire, lorsque le traitement s'impose, la forme particulière des cavités d'accès impose un repérage précis sous aide optique, de façon à pouvoir utiliser les instruments nécessaires à l'ablation de l'émail invaginé avec un risque minimal. La mise en forme canalaire ne concerne bien souvent que la partie la plus apicale du canal et le nettoyage est essentiellement chimio-mécanique.

L'obturation du réseau endodontique ne peut s'envisager, à l'heure actuelle, qu'à l'aide d'une technique de condensation verticale à chaud de gutta-percha.

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