Santé bucco-dentaire des résidents en EHPAD - Clinic n° 05 du 01/05/2012
 

Clinic n° 05 du 01/05/2012

 

QU’EN DITES-VOUS ?

Réagissant à l’enquête publiée dans Clinic du mois d’avril, Carole Petit évoque l’organisation mise en place dans l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de Senones (88) à la suite d’études et expériences menées pendant 6 ans.

Carole PETIT (88 – Senones)

La démarche d’ l’EHPAD de Senones est partie de deux thèses réalisées en 2005 et 2006 par deux étudiants en dentaire de la fac de Nancy. L’un a fait un bilan de l’état de santé bucco-dentaire des résidents qui a montré des besoins importants. Le second a travaillé à l’élaboration d’un support pédagogique pour la formation du personnel soignant entourant des personnes fragilisées. Il a ensuite testé ce support dans un EHPAD. Un second bilan mené dans la foulée a montré que la sensibilisation du personnel avait été bénéfique.

CRÉATION D’UNE VACATION

Plus tard, une troisième étudiante est donc venue effectuer deux vacations d’une demi-journée par mois pendant 6 mois. Elle était le chirurgien-dentiste référent, elle formait les aides-soignants, examinait les résidents et organisait leurs visites chez le chirurgien-dentiste. Toutes ces expériences menées pendant 6 ans ont permis d’étayer nos arguments en faveur de la création d’une vacation. L’hôpital a créé le poste en juillet dernier.

Une convention tripartite signée entre l’hôpital, le Conseil général et l’Assurance maladie assure le salaire de la praticienne libérale de Senones qui s’est proposée pour ce poste ainsi que le ­financement du matériel nécessaire à l’examen des personnes au sein de l’EHPAD.

La praticienne effectue un bilan de chaque pensionnaire à son entrée dans l’EHPAD, contrôle l’hygiène, prescrit, organise le parcours de soins, prévoit le moyen de transport en fonction de l’état de la personne et fait le lien entre le personnel ­soignant, la famille et le praticien.

Pour les chirurgiens-dentistes de la région, les avantages sont indéniables. Je me déplaçais depuis longtemps dans l’EHPAD avant les rendez-vous pour prévoir les soins à faire et m’assurer que je pourrais soigner les patients dans mon cabinet. Aujourd’hui, au moment de la prise de rendez-vous, je sais le travail à effectuer et je peux prévoir le temps nécessaire. Les actes sont parfois groupés pour éviter plusieurs déplacements. De leur côté, les patients sont rassurés car ils gardent le praticien qu’ils avaient auparavant.

ENCORE BEAUCOUP À FAIRE

Ce cas prouve qu’un peu d’ organisation permet d’améliorer la situation et la qualité des soins en ayant recours aux praticiens libéraux locaux. Le modèle est facilement reproductible à condition d’y consacrer un petit budget et de tenir compte du temps supplémentaire nécessaire pour le personnel soignant pour les actes d’hygiène. Une évaluation est prévue à la rentrée prochaine. L’objectif est surtout de connaître le ressenti des chirurgiens-dentistes et de savoir si ce poste facilite le travail du personnel soignant et le libère de certaines charges.

Je ne pense pas que la rémunération, peu élevée (300 euros), du vacataire soit un frein à une diffusion de cette méthode dans d’autres EHPAD. Car pour un libéral ce type de vacation est très riche sur un plan intellectuel et relationnel. Au-delà de cette opération, je souhaite que les écoles d’infirmières et d’aides-soignants intègrent une formation faite par des chirurgiens-dentistes, comme c’est le cas pour les médecins.