Tout beau tout neuf - Clinic n° 05 du 01/05/2009
 

Clinic n° 05 du 01/05/2009

 

GÉRER

ÉQUIPE ET ESPACE

Catherine FAYE  

Situé derrière la nouvelle mairie de Serris, petite ville de Seine-et-Marne, le cabinet dentaire de Cécile Duponcheele allie bon goût, couleurs vives et ergonomie. Il se trouve dans un appartement neuf très lumineux, au rez-de-chaussée. D'un côté, le soleil se répand dans la salle d'attente et l'une des trois salles de soins ; de l'autre, un petit jardin orienté au nord agrandit visuellement l'espace à travers une baie vitrée et une grande fenêtre. Un cabinet sans ostentation mais agréable et gai. Un bel exemple de simplicité qui ne manque pas de personnalité.

Cécile Duponcheele a choisi de s'établir en Île-de-France. Il y a encore peu de temps, cette région n'était que champs et terrains vagues. Mais en quelques années, parc d'attractions Disneyland, centre commercial gigantesque et villes nouvelles ont poussé tels des champignons surnaturels. Résultat ? Une impression de décor de cinéma : bâtiments ultraneufs aux faux airs victoriens, commerces « tirés à quatre épingles »... Un drôle d'environnement. Pourtant, la vie est là et le cabinet de la chirurgien-dentiste ne manque pas de charme. Les locaux, dénichés en 2006, sont caractérisés par de multiples ouvertures : la circulation d'une salle à l'autre se fait naturellement. Tout a été pensé et relié en fonction de la façon de travailler de la praticienne : sans ostentation. Son parcours ? « J'ai toujours voulu soigner les gens. Et je me suis vite rendu compte que je suis surtout manuelle, un peu comme une plasticienne : avec mes brossettes, je sculpte les dents. » Elle obtient son diplôme de chirurgien-dentiste à l'Université catholique de Louvain, en Belgique, en 1999. Et commence à exercer à Bruxelles. Elle s'installe ensuite en Île-de-France, à Pontault-Combault d'abord, puis à Bailly-Romainvilliers, en 2001, où elle crée son propre cabinet dans un local médical en association avec un pédiatre, un médecin généraliste et une infirmière. « C'est une région qui s'est bien développée et qui se trouve entre la Belgique où j'ai mes origines, Paris où je peux continuer à me former et à participer à des séminaires et Bordeaux où se trouvent mes parents. » La boucle est bouclée.

En 2008, avec un fichier de 5 000 patients, elle n'hésite pas à prendre un nouvel envol. « L'année dernière, je refusais 2 patients chaque jour. Voilà pourquoi je suis venue à Serris, où j'ai maintenant une collaboratrice. » Cécile Duponcheele, 36 ans, est appréciée pour sa douceur, une manière spécifique de soigner : « Je connais bien mes patients. On parle beaucoup. » Sa patientèle est constituée d'adultes, d'enfants auxquels elle consacre les mercredis et de handicapés qui peuvent passer, si nécessaire, par le jardin et la baie vitrée d'une des salles de soins pour accéder au cabinet sans difficulté. « Je suis en quelque sorte une dentiste référente pour les patients difficiles. » Une de ses patientes, Monique, s'enthousiasme : « Ce nouveau cabinet est à son image, coloré et souriant. La décoration, c'est elle : vivante. » Parmi ses nouveaux patients, Cécile Duponcheele dit recevoir « les urgences des hôtels environnants et quelques «pétrodollars» au mois d'août avec les Saoudiens qui viennent passer leurs vacances à Disneyland »...

Au départ de cette aventure, rien n'était construit dans la nouvelle ville de Serris. Cécile Duponcheele achète sur plan ce local conçu comme un logement. « C'est l'envie de m'agrandir qui m'a fait sauter le pas. Lorsque nous sommes venus sur le chantier, on a demandé de laisser le local mi-brut et on a cassé toutes les cloisons », explique-t-elle. Soixante-quinze mètres carrés à optimiser avec l'aide du prestataire 3D spécialisé dans la création et l'équipement de cabinets dentaires : « Ils ont redessiné tout l'intérieur et nous avons élaboré ensemble un nouveau projet avec des plans très pensés. » Les travaux débutent en septembre 2008. L'installation se fait en février 2009. L'objectif ? Optimiser l'espace en installant trois fauteuils. La praticienne abandonne son ancien fauteuil Caveau et opte pour trois fauteuils Adec, plus légers, compacts et hygiéniques. Un choix qui permet d'accueillir sa consoeur, Delikaya Aysun, et de jongler entre plusieurs salles de soins. Une souplesse efficace dans l'activité dentaire : tandis que Cécile Duponcheele termine ses soins, Bérangère ou Laurence, ses assistantes, peuvent installer le patient suivant. Changement aussi au niveau de l'accueil : le comptoir, gris métallisé, plonge directement sur le couloir qui mène à la porte d'entrée. Tout est logique et bien agencé. Le patient se dirige automatiquement vers l'accueil attenant à la salle d'attente, sur la gauche. Là, une banquette imposée. « Ce caisson abrite les aérations du parking. Nous en avons pris notre parti et, finalement, les patients aiment s'y installer au milieu des coussins. » Sobre et éclectique, l'attente se fait détente aussi bien pour les adultes que pour les enfants : une petite table blanche où s'alignent boulier et crayons de couleurs fait face à un tabouret en forme de molaire. Au mur, un collage signé Vanderlecht et une inscription : « Life might have been more ordinary if I hadn't traveled » (Ma vie aurait été plus ordinaire si je n'avais pas voyagé). C'est le seul tableau qui ne soit pas créé par Ahlem Ben Saïd, peintre mais aussi patiente de Cécile Duponcheele : « J e fais beaucoup travailler mes patients. Ceux qui me font vivre, je les fais vivre », s'amuse-t-elle.

Les nombreuses ouvertures, la clarté et l'agencement quasi circulaire où chaque espace est relié à l'autre confèrent au cabinet équilibre et respiration. Les touches de couleurs vives sont apportées par les tableaux et les tons choisis : orange, noir, vert anis. Pour les rangements : de longs meubles à tiroirs Saratoga, très légers. Rien n'est superflu. La radiographie panoramique, Planmeca, se situe entre l'entrée et la salle d'attente, dans un local dont la fenêtre hexagonale plonge sur la stérilisation tout en longueur, au loin. Celle-ci, très bien conçue, accueille aussi un bureau simple, improvisé pour le rangement, le courrier, les devis... Là, trois petits éléphants marocains sculptés dans des pierres différentes trônent : « Mon porte-bonheur », sourit Cécile Duponcheele.

Dans la première salle de soins qui jouxte la salle d'attente, un tableau aux tons enthousiastes fait écho à la dominante vert anis du fauteuil. C'est là qu'officie Delikaya Aysun. La deuxième salle de soins accueille un fauteuil noir et un grand tableau où sont représentés zèbres, masque et objets africains : c'est dans ce cabinet que Cécile Duponcheele reçoit le plus souvent. Enfin, la troisième salle de soins abrite un fauteuil orange vif et deux tableaux quasi enfantins où rondes d'éléphants et collages rappellent la passion de la praticienne pour ces pachydermes incarnant force et sérénité. Elle est souvent dédiée aux enfants. Un fond musical tantôt jazzy tantôt classique nous promène d'une pièce à l'autre grâce à de petites enceintes accrochées au-dessus des portes. « Le docteur Duponcheele aime qu'il y ait cette ambiance », assure Laurence. Ce à quoi la praticienne répond : « Avec mes journées continues et parfois stressantes, cela me détend et me nourrit. »

ON AIME : Le concept décoratif bicolore qui consiste à jongler avec deux couleurs vives spécifiques à chaque pièce. Une bonne idée, équilibrée et rythmée. Et partout, une dominante de gris, façon béton, et de bruns, mis en valeur par un parquet de type Zebrano.