Chirurgien-dentiste et leader
 

Clinic n° 08 du 01/09/2010

 

GÉRER

CHRONIQUE

Edmond Binhas  

Responsable d’une structure de soins soumise aux lois de l’entreprise, le praticien se doit également d’assumer une fonction de leader au sein de son équipe. Définir le projet du cabinet, provoquer le changement, montrer l’exemple et donner l’énergie à son équipe sont quelques-uns des rôles du leader. Malheureusement, ce sont des éléments qui ne nous ont pas été enseignés dans les facultés et qui, au quotidien, nous font parfois défaut.

Ma vision du management...


Responsable d’une structure de soins soumise aux lois de l’entreprise, le praticien se doit également d’assumer une fonction de leader au sein de son équipe. Définir le projet du cabinet, provoquer le changement, montrer l’exemple et donner l’énergie à son équipe sont quelques-uns des rôles du leader. Malheureusement, ce sont des éléments qui ne nous ont pas été enseignés dans les facultés et qui, au quotidien, nous font parfois défaut.

Ma vision du management s’inscrit dans le concept de Flexigestion*. La définition exacte de la Flexigestion est la suivante : « Gestion dynamique, évolutive, flexible et humaine de l’ensemble des systèmes de gestion d’un cabinet dentaire ». Il s’agit d’une gestion globale, rationnelle souple et documentée de cabinet. Ce concept est né d’une observation attentive du mode de fonctionnement des cabinets dentaires. Pour en revenir au management, trop de praticiens confondent management et psychologie. Il n’est pas rare de les voir tenter de décoder la psychologie profonde de chaque membre de leur équipe. Là n’est pas leur rôle. Si, bien entendu, un minimum de psychologie est nécessaire, une fois la preuve de l’implication de la personne apportée, la cohésion d’équipe viendra surtout d’une organisation bien clarifiée.

Selon moi, en dentisterie, le management c’est 80 % d’organisation (structure) et 20 % de relationnel (souplesse). En effet, la plupart des désaccords au sein des cabinets proviennent d’un décalage de la vision de ce que doit être l’organisation entre le praticien et un ou certains membres de son équipe. Il est important que l’équipe accepte la direction donnée par le praticien. Même si l’ouverture et la discussion sont de mise, en cas de désaccord, c’est l’avis du praticien qui doit prédominer. Sinon, le risque est grand d’entrer dans un rapport de force.

Un autre point clé concerne la motivation. Je suis le seul à être contre l’idée de motiver nos assistantes. En effet, le concept de motivation comporte de façon subliminale l’idée qu’il est possible de manipuler les individus pour leur faire faire ce que nous voulons. Outre le fait qu’il s’agit d’une illusion, elle est souvent frustrante pour le praticien car jamais suffisante. Je pars du principe simple qu’il est impossible de motiver quelqu’un qui n’est pas automotivé. Je préfère donc l’idée de recruter des personnes avec une forte motivation intrinsèque et, ensuite, d’éviter de les démotiver. En effet, si vous souhaitez conserver un personnel qui a fait la preuve de sa compétence et de sa motivation, il faut être attentif à éviter toute démotivation. Celle-ci, d’ailleurs, ne repose pas uniquement sur les aspects financiers, même s’ils font partie de la reconnaissance.

Enfin, un point crucial dans le concept de leadership consiste à impliquer son équipe dans un véritable projet professionnel, lequel repose sur la vision que le praticien se fait du cabinet dans le futur : où en suis-je ? Où veux-je aller et pourquoi ? Et, enfin, comment faire pour y parvenir ?

J’invite donc chaque praticien à réfléchir à ces trois questions de prime abord très simples mais qui lui demanderont, après une deuxième lecture, de longues heures de réflexion.

* Voir Clinic, cahier 2, juin 2010.