L'édition revue et corrigée... - Clinic n° 08 du 01/09/2009
 

Clinic n° 08 du 01/09/2009

 

SOCIÉTÉ

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INTERNET

Philippe DE JAEGHER  


ph.de-jaegher@orange.fr

Né dans les années 1990 à l'initiative d'un groupe de chercheurs, le mouvement pour le libre accès aux travaux scientifiques s'est développé dans deux directions : les « archives ouvertes » et les « revues en accès libre ».

Les « archives ouvertes » sont des bases de données accessibles à tous, hébergeant les articles et résultats issus de la recherche ou de l'enseignement. L'universalité de l'accès est rendue possible par l'adoption de protocoles communs, tel celui...


Né dans les années 1990 à l'initiative d'un groupe de chercheurs, le mouvement pour le libre accès aux travaux scientifiques s'est développé dans deux directions : les « archives ouvertes » et les « revues en accès libre ».

Les « archives ouvertes » sont des bases de données accessibles à tous, hébergeant les articles et résultats issus de la recherche ou de l'enseignement. L'universalité de l'accès est rendue possible par l'adoption de protocoles communs, tel celui élaboré en 2002 lors de la conférence de Budapest qui précise les règles de l'autoarchivage et permet aux chercheurs de déposer eux-mêmes leurs travaux1.

Le Wellcome Trust, en Grande-Bretagne, et le National Institute of Health, aux États-Unis, font désormais obligation aux chercheurs dont ils financent les études de déposer sur PubMed Central une copie électronique de leurs travaux, même s'ils sont publiés dans une revue papier. En France, l'Agence nationale de la recherche et le Centre national de la recherche scientifique soutiennent le dépôt des articles dans des archives ouvertes. En juillet 2006, un protocole a été signé par plusieurs universités et organismes de recherche afin de coordonner un tel projet2, 3.

Les « revues en libre accès », qui ne facturent ni abonnement ni accès, et doivent se tourner vers d'autres sources pour assurer leur fonctionnement. Différentes solutions ont été trouvées. PubMed Central, financé par le NIH, propose, après accord un hébergement gratuit à toute revue médicale qui lui adresse une version numérisée. D'autres initiatives font appel au principe de l'« auteur payeur ». BioMed Central est un éditeur privé qui propose aux auteurs différentes revues en accès libre, dont une consacrée à la santé orale4. L'initiative PloS (Public Library of Science), soucieuse de son indépendance, a choisi le modèle de l'« auteur payeur » pour créer une revue alternative, PloS Biology5. La formule a eu un succès immédiat concrétisé par la sortie d'un second titre : PloS Medicine.

Ces réussites ont incité les éditeurs commerciaux à réagir. Depuis 2003, Springer propose aux auteurs « Open Choice » : la mise en accès libre d'un article pour 3 000 $. Elsevier, avec « OncologyStat » met une centaine de ses revues consacrées au cancer en accès libre. Le service doit être financé par la publicité ciblée en direction d'abonnés dûment identifiés.

La recherche scientifique est aux avant-postes de l'usage des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Une étude du Centre for Information Behaviour and the Evaluation of Research (University College, Londres), montre que les équipes de recherche les plus productives sont aussi les plus grosses utilisatrices de ressources numériques6. La conférence « Academic publishing in Europe », qui s'est tenue en janvier dernier à Berlin, a révélé que les attentes des chercheurs vont aujourd'hui bien au-delà du libre accès7. Les équipes les plus en pointe revendiquent une circulation de l'information en amont. Ils mettent l'accent sur le besoin d'outils de recherche et de partage d'informations de plus en plus élaborés. Ceux-là même que nous promettent les visionnaires du « Web sémantique8 ».

(1) Initiative de Budapest pour l'accès ouvert :

(2) hal.archives-ouvertes.fr :

(3) Projet Couperin :

(4) Biomed Central Oral Health : . biomedcentral.com/bmcoralhealth

(5) PloS :

(6) CIBER (E-journals : their use, value and impact) : research/ciber/RINejournals.pdf

(7) Bulletin des Bibliothèques de France, APE 2009 :

(8) Web sémantique sur Wikipédia : . wikipedia.org/wiki/Web_sémantique