Le bon cru 98 - Clinic n° 4 du 01/04/1999
 

Clinic n° 4 du 01/04/1999

 

ASSURANCE VIE

Robert GROSSELIN  

Les contrats en francs auront servi en 1998 des performances au-delà des espérances. Cette heureuse surprise, qui ne concerne pas tous les contrats de cette catégorie, trace notre voie pour l'avenir. Conseils.

On disait les contrats en francs moribonds ; ils ont - ou du moins, certains d'entre eux - conservé leur panache. Certes, ils ne peuvent plus rivaliser avec les contrats multisupports mais ils ne sont pas ridicules. Loin de là. La grande presse a fait état des performances. Elles vont de 4,20 à 6,40 %, avec une moyenne pondérée à 5,80 % pour l'ensemble des contrats en francs comparables.

Reconnaissons aux gestionnaires qui caracolent en tête du palmarès leurs qualités professionnelles. Ils sont les meilleurs avocats de l'assurance vie, ce placement longue durée à vocation de complément de retraite, puisqu'ils servent ce résultat alors que le marché obligataire est en France en deçà de 4 %.

Eliminons le contrat BATIRE-TRAITE parce qu'il est fermé aux nouveaux versements et vit sur ses acquis. Ses 7 %, naturels dans ces conditions, démontrent le danger paradoxal d'être au sein d'un contrat réputé. La collecte de fonds, en particulier des nouveaux souscripteurs, affecte obligatoirement à la baisse la performance à venir. En effet, l'assurance vie est un placement « mutualisé ». Les plus anciens souscripteurs doivent accueillir les nouveaux. Ceux-ci obligent la compagnie à placer ses fonds sur le seul marché obligataire, au cours du moment, soit actuellement 4 %.

C'est cette même logique qui explique la performance des plus anciens contrats. Ils ont dans leurs actifs une majorité d'obligations déjà anciennes qui rapportent plus de 7 % et compensent les faibles taux des quatre dernières années. Mais à l'actif des gestionnaires de ces contrats, il y a aussi des choix stratégiques.

AFER a profité de ses actions - le maximum autorisé par la loi - dans un contexte 98 particulièrement favorable. Le RES bénéficie de ses obligations convertibles qui ont constitué la meilleure option qui pouvait être prise antérieurement. A ces qualités de la gestion, s'ajoute la politique en matière de réserves, sur laquelle nous n'avons pas toujours les informations.

Enfin, pour expliquer les belles performances, il ne faut pas négliger le fait que l'année 1998 a été médiocre en matière de collecte, du fait des atermoiements du gouvernement qui a laissé planer le doute fiscal. Ce sont seulement 450 milliards qui ont été collectés, soit 13 % de l'encours global de l'assurance vie. Cette situation a ménagé les intérêts des plus anciens souscripteurs. Les grands contrats servent de 5,5 à 6,40 %. Ce dernier score est celui de gaipare ; AFER fait 6,22 %, AGIPI 5,80 % et le RES - autre baron - 6,35 %.

Globalement, la palme revient aux contrats d'association d'épargnants, qui distancent largement les banquiers. Ceux-ci décidément ont du mal à faire de l'assurance. Le Crédit Agricole sert 5,4 %, battant les Banques Populaires et le Crédit Lyonnais. Nuance Sécurité de la Caisse d'Epargne fait 4 % et chez Neuflize, on devra se contenter de 4,2 %.

Ce florilège de résultats ne doit pas nous faire oublier l'essentiel, à savoir l'attitude à adopter pour l'avenir. La baisse du marché obligataire et celle du taux minimal de rendement garanti par la loi à 2,5 % nous confirment dans la nécessité de préférer le contrat multisupport. Mais à la condition que ce contrat détienne un fonds en francs. Nous allons même jusqu'à préconiser des retraits de contrats en francs pour les affecter sur un multifonds de qualité. Ce type de contrat se justifie d'autant plus qu'au contraire des contrats en francs, il ne fait pas l'objet de prélèvements fiscaux et sociaux annuels mais seulement lors des retraits.

Le vrai bilan de 1998, c'est la confirmation de l'assurance vie comme le meilleur placement et aussi le fait que depuis 20 ans, elle doit toutes ses lettres de noblesse aux contrats en francs des associations d'épargnants.

POUR LE LECTEUR PRESSÉ

Les contrats d'assurance vie en francs, avec 5,80 % de rémunération en moyenne pour 1998, ont profité de la perplexité des épargnants sur l'assurance vie et de leurs réserves pour surprendre agréablement les épargnants. Cette belle performance, que ne partagent pas les contrats diffusés par les banques, ne doit pas dissuader de se reporter sur des contrats multisupports. Leurs performances sont, bien sûr, supérieures et leur collecte est en pleine croissance. De 14 % en 1997 à 25 % en 1998, leur fraction de la collecte globale ne cesse de s'accroître.