Loi scélérate ou tentative de déstabilisation ? - Clinic n° 01 du 01/01/2010
 

Clinic n° 01 du 01/01/2010

 

DE BOUCHE À OREILLE

Frédéric Besse frbesse@hotmail.fr  

nDans un proche avenir, nous devrions indiquer sur nos factures le prix d'achat de nos prothèses. Plus professionnellement, nous noterons sur nos relevés d'honoraires le prix payé aux fournisseurs ainsi que l'origine de ces prothèses. Si le désir de traçabilité est légitime de la part du législateur, on peut s'interroger sur le bien-fondé de sa décision de faire apparaître le prix payé. Quant à la campagne de presse extrêmement agressive qui accompagne la sortie de cet...


nDans un proche avenir, nous devrions indiquer sur nos factures le prix d'achat de nos prothèses. Plus professionnellement, nous noterons sur nos relevés d'honoraires le prix payé aux fournisseurs ainsi que l'origine de ces prothèses. Si le désir de traçabilité est légitime de la part du législateur, on peut s'interroger sur le bien-fondé de sa décision de faire apparaître le prix payé. Quant à la campagne de presse extrêmement agressive qui accompagne la sortie de cet article de loi, elle nous laisse pantois. Que de haine ! Il n'est que de lire le dernier numéro du magazine Capital qui parle ni plus ni moins d'escroquerie et insiste sur l'impossibilité pour une certaine catégorie de la population de s'offrir ces prothèses.

Or, si nous sommes habitués à voir régulièrement ressurgir le fantôme du prix des prothèses dans la presse, jamais une telle campagne n'avait accompagné une loi sur le point d'être votée. Ne nous y trompons pas : ce n'est pas un hasard. En effet, d'ici peu les assurances privées et autres mutuelles pourraient avoir à prendre en charge les soins dentaires. Dans ce contexte, cette campagne de presse dévastatrice n'a qu'un but : emmener à la table des négociations une profession dentaire affaiblie, divisée, au prestige laminé dans l'opinion publique afin que nous soyons obligés de réduire nos « prétentions » au strict minimum. Notre réaction doit donc intégrer ce problème et insister sur la compensation que nous sommes obligés de pratiquer du fait de l'exploitation des chirurgiens-dentistes par la Sécurité sociale. En effet, adopter des mines outrées et des airs scandalisés à l'idée de ne plus être considérés que comme des revendeurs de prothèses ne peut conduire qu'à deux réactions auprès du grand public : au mieux tout le monde rigolera, au pire des voix, poussées par ces mêmes assureurs, vont s'élever pour nous imposer un tarif d'autorité sur les prothèses et peut-être même sur l'ensemble du hors nomenclature. Dans les deux cas le problème essentiel - la sous-estimation abusive, pouvant s'apparenter à du racket - du coût des soins dentaires conventionnés ne sera pas évoqué, pas traité et ne verra pas le début d'une solution.

Il est donc temps de se réveiller et de hurler aussi fort que nos adversaires, en utilisant les mêmes moyens, sur le thème du racket de la Sécurité sociale vis-à-vis des chirurgiens-dentistes, pour tenter d'équilibrer dans l'opinion publique et chez les décideurs leur jugement concernant notre profession.

On peut toujours rêver et imaginer qu'une telle campagne conduise à une revalorisation correcte des soins dentaires conservateurs et de l'endodontie. Une fois rééquilibré le rapport soins dentaires/ prothèse dentaire sur la base d'une CCAM honnête et ambitieuse, il nous deviendrait alors totalement indifférent d'indiquer au patient le coût et la provenance des prothèses, des implants, et autres, à l'instar de ce qui se passe en Allemagne. n