Un bon diagnostic pour que les remèdes n'aggravent pas les problèmes - Clinic n° 02 du 01/02/2010
 

Clinic n° 02 du 01/02/2010

 

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C'EST MON AVIS !

Jean-François SÉRET  

Hirson (02)Hirson (02)

nL'un des défis majeurs pour la profession est d'améliorer la répartition des chirurgiens-dentistes sur le territoire. Dans l'absolu, cette répartition devrait se faire en fonction des besoins en soins de la population. Contrairement à d'autres professions de santé comme celle des médecins généralistes, nous ne pouvons pas nous contenter de nous référer à la seule densité professionnelle pour analyser les besoins en praticiens. Certes, c'est un préalable indispensable. Mais la...


nL'un des défis majeurs pour la profession est d'améliorer la répartition des chirurgiens-dentistes sur le territoire. Dans l'absolu, cette répartition devrait se faire en fonction des besoins en soins de la population. Contrairement à d'autres professions de santé comme celle des médecins généralistes, nous ne pouvons pas nous contenter de nous référer à la seule densité professionnelle pour analyser les besoins en praticiens. Certes, c'est un préalable indispensable. Mais la particularité de notre exercice nécessite la prise en compte de deux autres paramètres : la demande de soins potentielle et l'environnement économique du cabinet dentaire.

La demande de soins est hétérogène selon les territoires. Elle varie en fonction des besoins en soins mais aussi et surtout en fonction de l'approche culturelle de la population face aux soins dentaires. Par exemple, il ne sert à rien de multiplier le nombre des praticiens dans les bassins de vie où la population ne fréquente pas le cabinet dentaire, même si elle en a besoin. L'environnement économique est un second paramètre essentiel. Comme la rémunération des soins opposables ne permet pas la viabilité économique d'un cabinet dentaire, celle-ci dépend d'un minimum de capacité des patients à demander des traitements à entente directe (ED) ou non remboursables (NR). Or, cette demande varie avec l'environnement économique (revenus moyens, prestations des assurances complémentaires). Dans ces conditions et compte tenu des investissements lourds nécessaires pour un cabinet dentaire, les praticiens ne peuvent se permettre de choisir une mauvaise implantation qui serait rapidement sanctionnée par la fermeture du cabinet.

Pour diminuer l'influence de ces deux paramètres, il est nécessaire de renforcer l'éducation à la santé bucco-dentaire dans les zones où la fréquentation des cabinets dentaires est faible. Cette action, déjà entreprise auprès des enfants et des adolescents, portera ses fruits à moyen terme. Mais il est aussi, et surtout, nécessaire de réévaluer les soins conservateurs et préventifs de manière à permettre aux praticiens d'assurer la viabilité de leur cabinet dentaire. Cette seconde action serait la plus efficace pour résoudre les problèmes de démographie dans les zones économiques difficiles, qu'elles soient urbaines ou rurales.

En attendant ces deux mesures qui simplifieraient l'approche de notre problème démographique, nous devons donc tenir compte des facteurs « demande de soins » et « environnement économique » pour déterminer les zones où le nombre de chirurgiens-dentistes est insuffisant. Nous devrons alors mettre en place des mesures incitatives pour maintenir les praticiens installés et en attirer de nouveaux. Les problèmes démographiques étant multiples et variés, ils méritent un diagnostic précis afin de proposer des mesures adaptées pour améliorer les situations actuelles sans compromettre le futur. n