La xérostomie : des conséquences qui altèrent la qualité de vie des patients - Clinic n° 09 du 01/10/2010
 

Clinic n° 09 du 01/10/2010

 

PATHOLOGIE BUCCALE

Jean-Christophe FRICAIN  

Professeur des universités
Praticien hospitalier
Pôle odontologie et santé buccale
CHU Bordeaux
Université Victor-Ségalen Bordeaux 2
16-20, cours de la Marne
33082 Bordeaux cedex

La xérostomie est un symptôme défini étymologiquement par une sécheresse de la cavité buccale.

Cette sécheresse peut être subjective (sensation de bouche sèche) ou objective (diminution de la sécrétion salivaire). Elle est isolée ou syndromique.

Les données épidémiologiques concernant l’incidence et la prévalence de la xérostomie dans la population générale française ne sont pas connues. La majorité de celles qui sont publiées proviennent d’études étrangères dont les résultats varient en fonction des populations étudiées. Il semble que la prévalence de la xérostomie augmente avec l’âge. Elle serait de 6 % à 50 ans, 15 % à 65 ans et de 30 % après 65 ans [1, 2]. Elle atteindrait 100 % chez les patients atteints d’un syndrome de Gougerot-Sjögren ou irradiés au niveau cervico-facial avec une dosimétrie supérieure à 40 Gy [3, 4]. Elle serait aussi plus importante chez la femme que chez l’homme et augmenterait avec la prise de médicaments [5].

L’une des causes les plus fréquentes de xérostomie subjective est la respiration buccale qui se manifeste par une sensation de bouche sèche nocturne ou au réveil. Une xérostomie objective est observée lorsque la sécrétion salivaire est diminuée de 50 %. L’hyposialie a des étiologies variées en rapport avec une dysfonction du contrôle nerveux de la salivation, une atteinte des glandes salivaires ou une déshydratation (tableau 1). La cause la plus fréquente d’hyposialie au cabinet dentaire est la prise de médicaments à effet anticholinergique (antidépresseurs, antipsychotiques, diurétiques, antihistaminiques, antispasmodiques) et sympathomimétiques (antidépresseurs, anti-hypertenseurs, bronchodilatateurs) [6]. Les hyposialies les plus sévères s’observent lors de la destruction des glandes salivaires principales au cours du syndrome de Gougerot-Sjögren ou de l’irradiation cervico-faciale [7].

La xérostomie s’accompagne d’une altération de la qualité de vie [8]. Elle a plusieurs conséquences, dont une sensation d’inconfort (brûlure) au cours des différentes fonctions orales : mastication, déglutition, phonation, gustation. Cette gêne fonctionnelle est corrélée à l’importance de l’hyposialie [7]. Le patient se plaint constamment d’une gêne à l’alimentation (croûte de pain, fruits, épices) et de la nécessité de boire pour avaler les aliments solides. Une sensation de bouche « collante » avec une salive visqueuse et filante est aussi souvent citée. Une halitose est plus rarement rapportée. L’hyposialie chronique peut s’accompagner de lésions muqueuses et dentaires spécifiques. Les candidoses oropharyngées ont souvent été décrites comme une complication de l’hyposialie. En réalité, chez un patient sans altération de l’état général, l’hyposialie n’est pas un facteur de risque suffisant pour favoriser l’apparition d’une candidose muqueuse.

Bibliographie

  • 1. Johansson AK, Johansson A, Unell L, Ekbäck G, Ordell S, Carlsson GE. A 15 years longitudinal study of xerostomia in a Swedish population of 50 years old subjects. Eur J Oral Sci 2009 ; 117 : 13-19.
  • 2. Ship JA, Pillemer SR, Baum BJ. Xerostomia and the geriatric patient. J Am Geriatr Soc 2002 ; 50 : 535-543.
  • 3. Fox PC. Auto immune diseases and Sjögren’s syndrome : an autoimmune exocrinopathy. Ann N Y Acad Sci 2007 ; 1098 : 15-21.
  • 4. Chao KS, Deasy JO, Markman J, Haynie J, Perez CA, Purdy JA et al. A prospective study of salivary function sparing in patients with head and neck cancers receiving intensity-modulated or three dimentional radiation therapy : initial results. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2001 ; 49 : 907-916.
  • 5. Nederfors T. Xerostomia and hyposalivation. Adv Dent Res 2000 ; 14 : 48-56.
  • 6. Scully C. Drug effects on salivary glands : dry mouth. Oral Dis 2003 ; 9 : 165-176.
  • 7. Cho MA, Ko JY, Kim YK, Kho HS. Salivary flow rate and clinical characteristics of patient with xerostomia according to its aetiology. J Oral Rehabil 2010 ; 37 : 185-193.
  • 8. Ikebe K, Matsuda K, Morii K, Wada M, Hazeyama T, Nokubi T et al. Impact of dry mouth and hyposalivation on oral health related quality of life of elderly Japanese. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2007 ; 103 : 216-222.