Un rêve de volonté - Clinic n° 11 du 01/12/2010
 

Clinic n° 11 du 01/12/2010

 

L’ÉVÉNEMENT

Anne-Chantal de Divonne  

Le 1er novembre dernier, sur France 2, le magazine Complément d’enquête emmenait le téléspectateur à la rencontre de « ceux qui renoncent aux soins pour des raisons financières » : revenus trop élevés au regard de la CMU, mais bien trop modestes face à des travaux importants et pourtant indispensables, comme la réalisation d’une prothèse, à cause d’un reste à charge auquel il est difficile, voire impossible, de faire face ? Une situation...


Le 1er novembre dernier, sur France 2, le magazine Complément d’enquête emmenait le téléspectateur à la rencontre de « ceux qui renoncent aux soins pour des raisons financières » : revenus trop élevés au regard de la CMU, mais bien trop modestes face à des travaux importants et pourtant indispensables, comme la réalisation d’une prothèse, à cause d’un reste à charge auquel il est difficile, voire impossible, de faire face ? Une situation malheureusement bien connue.

Un confrère au fauteuil expliqua d’abord qu’il devait réaliser un chiffre d’affaires horaire de 200 euros pour couvrir l’amortissement de son matériel, assurer l’emploi de ses 2 assistantes et… sa propre rémunération. Les tarifs des soins étant nettement insuffisants, comment faire autrement que rattraper le manque à gagner sur les tarifs libres, ceux des prothèses en particulier ?

Un prix de prothèse dont l’Assurance maladie, on le sait, n’a pas revalorisé la prise en charge depuis plus de 20 ans. Le dernier rapport de la Cour des comptes dénonce d’ailleurs largement le poids grandissant d’un reste à charge dû justement au désengagement continu de l’organisme. Son directeur, Frédéric van Roekeghem, vint même reconnaître cette évidence devant l’animateur de Complément d’enquête : l’Assurance maladie « n’a pas les moyens » de mettre sur la table les quelque 4 milliards d’euros nécessaires pour rembourser les prothèses au prix moyen pratiqué aujourd’hui !

On se prit alors à rêver, quelques instants, que la profession était enfin comprise, qu’on allait enfin effacer tous les mauvais clichés véhiculés par certains grands médias toutes ces années-ci ! Quelques instants seulement. Avant de s’interroger sur la ou les solutions miracles ! Le « bouclier sanitaire », proposé par Martin Hirsch, instaurant un plafonnement du reste à charge, modulable en fonction des ressources de chacun… peu prisé du gouvernement ? Des accords passés entre les mutuelles et la profession… mais dans quelles conditions ? Et s’il ne s’agissait pas de moyens, mais de volonté politique ?