Examens clinique et radiographique du joint pilier-implant - Clinic n° 01 du 01/01/2011
 

Clinic n° 01 du 01/01/2011

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

Bien qu’il ait été montré que, sur le long terme, une faible inadaptation peut être tolérée par l’os environnant, un hiatus entre un implant et son pilier accroîtrait la susceptibilité pour des complications mécaniques et microbiennes (dévissages, péri-implantites, …). Plusieurs essais d’amélioration du joint incluant l’introduction de gros implants, l’utilisation de « platform switching » ou l’application d’un agent de scellement ont été décrits. La...


Bien qu’il ait été montré que, sur le long terme, une faible inadaptation peut être tolérée par l’os environnant, un hiatus entre un implant et son pilier accroîtrait la susceptibilité pour des complications mécaniques et microbiennes (dévissages, péri-implantites, …). Plusieurs essais d’amélioration du joint incluant l’introduction de gros implants, l’utilisation de « platform switching » ou l’application d’un agent de scellement ont été décrits. La complexité des examens tactile et radiographique du joint périphérique n’a jamais été complètement examinée. L’objet de cette étude est de comparer ces 2 types d’examens en fonction de la taille du hiatus, de l’expérience clinique de l’examinateur, du temps d’exposition radiographique, du type de prothèse et du type d’évaluation.

Matériel et méthode

Pour cette étude, une arcade dentaire mandibulaire artificielle est réalisée. Parmi ses dents, elle comporte des couronnes céramo-métalliques [1 couronne unitaire, 2 couronnes solidarisées fixées par transvissage sur des piliers implantaires (synOcta, Straumann) eux-mêmes vissés sur des implants ITI (Straumann) de 4,8 mm de diamètre et 1 bridge de 3 éléments supporté par 2 implants]. Les interfaces implants-piliers sont situées à 1,5 mm sous gencive. Les surfaces à examiner cliniquement consistent en 13 surfaces proximales présentant un micro-espace à l’interface et de 2 surfaces proximales sans aucun espace mesurable. Les radiographies sont réalisées avec 2 temps d’exposition pour chaque joint (0,1 seconde et 0,2 seconde). Les différentes mesures sont prises par 3 groupes de 15 examinateurs plus ou moins expérimentés : étudiants dentaires, cliniciens dentaires et diplômés 3e cycle en prothèse.

Résultats et discussion

Lorsqu’ils présentent une hauteur supérieure à 150,9 µm, les hiatus à l’interface pilier/implant sont détectés 227 % fois plus fréquemment et, pour une hauteur de hiatus supérieure à 189,7 µm, ils le sont 292 % fois plus. Cette étude indique que les radiographies identifient convenablement la mauvaise adaptation des prothèses implantaires mais, néanmoins, sans procurer des résultats hautement fiables. L’inspection tactile avec une sonde peut servir d’outil complémentaire de diagnostic. L’expérience clinique des examinateurs influence significativement la détection de hiatus. Le type de superstructure prothétique n’affecte pas défavorablement le diagnostic.

l’essentiel

Les résultats de cette étude montrent que la détection radiographique des joints larges entre pilier et implant demeure une méthode de diagnostic significativement et raisonnablement précise. Malgré un accès malaisé et une obtention d’images limitée des joints proximaux, l’imagerie semble être plus performante qu’un examen tactile et l’importance d’un hiatus peut être mal estimée quand seuls les moyens cliniques sont employés. Plus l’expérience de l’examinateur est grande, meilleure est l’évaluation de l’adaptation des composants implantaires et du devenir clinique des reconstructions. À la lumière de ces résultats, le conseil qui peut être délivré aux praticiens est qu’ils devraient inclure de préférence, pour l’évaluation du joint prothèse-composant, le diagnostic radiographique conventionnel sans cependant rejeter l’inspection tactile qui peut servir d’outil de diagnostic complémentaire. La combinaison des 2 méthodes permet une identification précoce des joints inadéquats et donc la réduction des complications biologiques et prothétiques. Il faut savoir qu’une certaine tolérance biologique existe concernant un joint médiocre et que, jusqu’à 111 µm, le hiatus entre les composants peut être considéré comme acceptable par l’os marginal.