Partage de savoirs - Clinic n° 02 du 01/02/2011
 

Clinic n° 02 du 01/02/2011

 

GÉRER

ÉQUIPE ET ESPACE

Catherine FAYE  

Nicolas Lehmann et Jean-Pierre Axiotis se sont bien trouvés. Depuis 2008, ils travaillent de concert, dans un esprit d’équipe : chacun amène son savoir, ses compétences, son approche. Leur cabinet est à l’image de leur complémentarité, clair et structuré.

La rencontre des deux praticiens, diplômés respectivement en 2004 de la faculté de Paris Descartes et en 1983 de la faculté de Lyon, a été la bonne : « J’ai vu Nicolas et je me suis vu plus jeune : passionné et motivé », raconte Jean-Pierre Axiotis. La complémentarité les a rapprochés. Hormis l’omnipratique qui incombe aux deux, les soins esthétiques font la spécificité de Nicolas Lehmann tandis que la chirurgie et l’implantologie font celle de celui qui a créé les lieux et qui assure : « L’optique du cabinet est de s’orienter vers le traitement global. »

Après des années de pratique dans un cabinet situé en plein cœur de Saint-Étienne, Jean-Pierre Axiotis, également diplômé dans de nombreux domaines dentaires, cherchait à s’agrandir. C’est un peu le hasard qui le mène jusqu’à Andrézieux-Bouthéon, à une vingtaine de kilomètres de la ville. « Les Stéphanois s’installent volontiers dans la plaine, où il peuvent faire construire et éviter l’engorgement du centre ville », explique-t-il. L’éloignement favorise la qualité de vie. « Nous sommes à une quinzaine de minutes du centre et, ici, les patients se garent facilement : nous avons un grand parking. De plus, de nombreuses entreprises s’implantent dans cette zone… » Le projet est ambitieux, mais la première année n’affiche aucune baisse de patientèle. « Et puis… ça a attiré Nicolas. » Le pari est gagné.

« C’est la première fois que je me sens vraiment chez moi », explique Nicolas Lehmann. Après des collaborations à Paris, Lyon et Annecy, et une activité parallèle d’assistanat à la faculté, ce trentenaire originaire de Saint-Étienne a fini par revenir dans sa région. Avec une thèse de recherche sur la dégradation de la couche hybride par les métalloprotéases et un DEA de biologie de l’os, des articulations et des biomatériaux des tissus en poche, il cherchait à s’installer « avec un praticien sérieux, désireux d’élargir les compétences d’un cabinet à différentes spécialités ».

Un partenariat efficace

Jean-Pierre Axiotis et Nicolas Lehmann se rencontrent et commencent à travailler ensemble avant de s’associer. L’expérience est concluante. « On se ressemble et on a la même vision du soin. Et puis, on a tout de suite eu confiance dans nos approches respectives », avance l’un tandis que l’autre continue : « On tient le même discours avec nos patients. » Le but de leur association est la complémentarité et « que le patient puisse profiter des compétences de l’un ou de l’autre selon sa pathologie », affirme le doyen, la cinquantaine, que son associé qualifie de « force tranquille ». L’objectif est atteint : les praticiens travaillent dans l’échange et l’interaction. Ils sont aujourd’hui associés. Trois assistantes les entourent : Rosita, Sandrine et Dounia. L’épouse de Jean-Pierre Axiotis, assistante dentaire également, vient parfois renforcer l’équipe, lors de chirurgies importantes.

Le bâtiment, l’agencement sont le fruit des souhaits et de la vision de Jean-Pierre Axiotis : « Je voulais une structure dans laquelle il serait possible de pratiquer la dentisterie telle que je l’entends. » L’installateur auquel il s’adresse n’est autre que la société Icade, spécialisée dans la région et en Auvergne. La conception de l’espace est simple : un couloir court autour de la superficie et mène à chaque salle de soins, aux bureaux et à la salle de chirurgie. Patients et praticiens circulent sans nécessairement se croiser.

Portes et baies vitrées, fenêtres et puits de lumière confèrent aux 285 m2 une clarté apaisante. La lumière naturelle, même par temps maussade, est moins agressive que les sources artificielles. « Il y a cette sensation permanente d’ouverture que les patients apprécient », confirme Nicolas Lehmann. Autour du bâtiment, arbres fruitiers, petit palmier et haie bocagère participent à l’atmosphère paisible des lieux. « Les toits plats étant interdits dans le lotissement, nous avons fait mettre deux hémitours qui nous ont permis de cacher la climatisation », se félicite Jean-Pierre Axiotis.

Espace et organisation

Un sas vitré à l’entrée embrasse l’accueil et la salle d’attente. Derrière le comptoir, Catherine, la secrétaire, travaille dans un univers dépouillé. Dossiers et fiches patients sont consignés derrière elle, dans un placard coulissant fait sur mesure. Un peu plus loin, un petit bureau permet de préparer les commandes ou de recevoir les patients avec plus de confidentialité. Dans la salle d’attente qui peut servir de salle de réunion, un écran permet de faire des projections ou des présentations. Minimaliste, l’espace invite les patients à se tourner vers les larges fenêtres ou à feuilleter des magazines.

Après l’accueil, on accède à l’espace « clinique » par une porte vitrée coulissante. En entrant, immédiatement, la stérilisation, toute en longueur. Le matériel de décontamination est signé Gamasonic. Des portes battantes facilitent le passage des assistantes avec les plateaux d’instruments. À l’autre bout, la stérilisation ouvre sur un couloir perpendiculaire qui lui-même traverse toutes les salles de soins et sur un laboratoire derrière lequel se cachent aspirations, compresseurs et IGN 500 pour désinfecter l’eau de ville : une porte phonique étouffe leurs ronronnements. Là, une petite ouverture, accessible à tout moment de l’extérieur, permet aux différents prothésistes de faire leurs livraisons : « On recherche la compétence et les points forts de chacun : prothèse provisoire, facette, réhabilitation céramique… »

Quatre salles de soins sont à la disposition des deux chirurgiens-dentistes. Quatre espaces aux couleurs distinctes : bleu, olive, rouge et anis. Quant aux fauteuils, pas de marque de prédilection, mais des choix ergonomiques et qualitatifs. La première abrite le fauteuil de l’ancien cabinet de Jean-Pierre Axiotis, un Pelton Cran de 1985, en bois : « Il m’a suivi. Mes patients s’y sentent très bien, surtout pour de longues séances, et il est pratique, avec son système de travelling et de rotation. » Dans la deuxième salle, un second fauteuil de la même marque, rouge, et un microscope Zeiss. La troisième reste dans le même esprit que les autres : « Nous avons voulu privilégier un agencement qui permette d’être quasiment toujours dans la même position où que l’on travaille. » Équipée d’un fauteuil bleu Adec, elle est plus spacieuse. Enfin, la quatrième, plus petite, est réservée à des actes tels que l’enlèvement des fils. Le fauteuil Pelton irradie sa couleur anisée. « On espère un jour pouvoir accueillir dans cette salle un hygiéniste », notent les praticiens.

Point d’orgue du cabinet : la salle de chirurgie, immaculée. Un fauteuil violet, de marque allemande, trouvé chez Praxis, y trône. Lorsque le soleil tape, des volets automatiques et la climatisation préservent l’espace de la chaleur. De plus, un flux laminaire envoie de l’air stérile sur la tête du patient. Le PiezoSurgery à ultrasons facilite les extractions dentaires sans abîmer l’os et « permet de couper de l’os de manière moins traumatisante qu’avec une fraise, atteste Nicolas Lehmann. Par ailleurs, on récupère la PRF (Platelet Rich Fibrin), c’est-à-dire le concentré plaquettaire dans le sang qui a été centrifugé. Tel un gel, il accélère la cicatrisation. » Autre instrument indispensable : le bistouri électrique KLS Martin. Enfin, en sortant de la salle de chirurgie, une petite pièce de repos.

Les patients de Jean-Pierre Axiotis et Nicolas Lehmann bénéficient d’une approche individualisée et de soins pointus. Aujourd’hui, les deux praticiens, qui continuent de se rendre régulièrement à des congrès et de se former, sont animés d’un désir commun : aller de l’avant.

ON AIME

Dans la salle d’attente, une fenêtre intérieure permet aux confrères invités d’assister à des interventions dans la salle de chirurgie, située de l’autre côté du mur. Un store est pratiquement toujours baissé, afin de préserver l’intimité des lieux.