Cocorico !

Septodont est l’une des rares sociétés françaises de réputation internationale implantée aux États-Unis. Son tout dernier composite, N’Durance, est un matériau innovant mis au point en collaboration avec l’université du Colorado. Grâce à une matrice à base d’acide de dimère, et non plus de Bis-GMA ou UDMA, il présente une rétraction de prise parmi les plus faibles du marché, un stress de polymérisation minime et un caractère hydrophobe affirmé. Malgré cela, il reste compatible avec les systèmes d’adhésifs classiques, avec ou sans mordançage.

Sur le plan clinique, cela veut dire un risque réduit de douleurs postopératoires, d’infiltrations marginales et de caries récurrentes, une excellente tolérance pulpaire et une grande stabilité de teinte dans le temps, sans devoir changer ses habitudes de travail. Le rêve en somme, si on rajoute de bonnes propriétés de manipulation et une aptitude au polissage très satisfaisante.

Tout cela, bien sûr, selon les informations diffusées sur le site du fabricant, qu’il s’agisse de documents écrits ou du petit film expliquant en détail l’origine de son invention.

L’acide de dimère a un taux de rétraction plus faible d’environ 30 % que celui des résines classiques. Une fois incorporé dans le composite, ce dernier présente un taux de conversion de 75 %, ce qui est exceptionnel. Selon le fabricant, et les études effectuées dans la fameuse université de Leuwen en Flandres, le taux de rétraction du matériau avoisine 1,2 % avec un stress minime.

N’Durance existe en 10 teintes Vita, dont une opaque universelle et une translucide. Il se présente en seringues de 4,5 g ou en capsules pour pistolet. Bien que ce composite nanohybride soit conçu pour un usage universel, c’est surtout en postérieur qu’il m’intéressait de le tester. Le fabricant préconise les capsules pour les dents antérieures, car le matériau qu’elles contiennent est plus souple, et les seringues en postérieur. Dans ce cas, le produit est légèrement plus ferme, pour être foulé comme un amalgame. J’avoue ne pas du tout adhérer à ce concept : je préfère les seringues – mais avec un composite souple – pour les incisives et les canines, car on utilise peu de produit à chaque fois et souvent plusieurs teintes. Dans les secteurs postérieurs en revanche, il est infiniment plus pratique de déposer le matériau dans la cavité avec un pistolet plutôt qu’une spatule. J’ai donc opté pour les capsules de teinte A3, à mes yeux la plus universelle.

Celles-ci sont d’un joli violet, assez original. On constate avec plaisir qu’elles contiennent 0,25 g de produit, soit un peu plus que beaucoup de concurrents.

Le matériau s’avère d’emblée d’une fermeté de bon aloi. L’extrusion est facile, la stabilité dans la cavité très agréable. Avant de placer le composite de restauration, j’aime bien déposer un peu de flow dans le fond des cavités pour faciliter son adaptation aux parois. N’Durance est suffisamment souple pour épouser convenablement les recoins des cavités, mais cette utilisation de composite fluide apporte une sécurité supplémentaire.

Le matériau, qui ne colle pas aux instruments, se modèle aussi bien que possible au niveau occlusal. Il m’a semblé très légèrement plus clair et plus opaque que d’autres composites de même teinte nominale, sans que cela jure vraiment. Dans les secteurs antérieurs, il sera donc important de bien connaître le rendu de chaque teinte pour espérer obtenir des restaurations totalement invisibles. La mise en forme et la finition à la fraise à grains fins ne posent aucune difficulté et l’état de surface final est tout à fait satisfaisant.

Bien sûr, les propriétés physico-chimiques annoncées par le fabricant ne sauteront pas aux yeux du clinicien. Mais l’excellente impression laissée par ce produit qui se manipule avec beaucoup de plaisir va dans le bon sens, en attendant une évaluation à long terme de ses performances.