Prétraitement des surfaces avant application de ciments autoadhésifs - Clinic n° 09 du 01/10/2011
 

Clinic n° 09 du 01/10/2011

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

Les ciments autoadhésifs sont censés éliminer le besoin d’un prétraitement de la surface dentinaire et de celle de la restauration. Néanmoins, pour un certain nombre de ces ciments, le potentiel mordançant est limité et leur haute viscosité entrave leur péné­tration profonde dans la dentine. La persistance des boues dentinaires ne permet pas d’obtenir des collages forts et durables. L’objet de cette étude est d’évaluer l’impact que peuvent avoir divers agents de...


Les ciments autoadhésifs sont censés éliminer le besoin d’un prétraitement de la surface dentinaire et de celle de la restauration. Néanmoins, pour un certain nombre de ces ciments, le potentiel mordançant est limité et leur haute viscosité entrave leur péné­tration profonde dans la dentine. La persistance des boues dentinaires ne permet pas d’obtenir des collages forts et durables. L’objet de cette étude est d’évaluer l’impact que peuvent avoir divers agents de conditionnement, un acide phosphorique, un système adhésif automordançant doux et de l’EDTA, sur les résistances de collage de 3 ciments autoadhésifs sur la dentine.

Matériel et méthode

L’étude porte sur 48 molaires ­humaines extraites dont des surfaces plates de dentine recouvertes de boues dentinaires sont obtenues par meulage. Elles sont séparées en 4 groupes : groupe 1), sans aucun prétraitement, il sert de contrôle ; groupe 2), prétraite­ment de la dentine avec de l’acide phosphorique à 37 % pendant 15 secondes ; groupe 3), la dentine reçoit un adhésif à 2 étapes (Clearfil SE Bond ; Kuraray) comportant un primaire autoadhésif ; groupe 4), prétraitement avec de l’EDTA pendant 60 secondes. Chaque groupe est ensuite divisé en 3 sous-groupes correspondant aux 3 agents autoadhésifs qui servent au collage de blocs de composite prépolymérisé. Ces agents sont :

1) RelyX Unicem (3M ESPE) ;

2) Maxcem (Kerr Corp) ; 3) Multilink Sprint (Ivoclar Vivadent). Les spécimens sont alors sectionnés en barrettes qui sont soumises à des forces de traction jusqu’à la fracture ou le décollement.

Résultats et discussion

Les résistances des collages à la traction sont affectées par les prétraitements de la dentine. Le mordançage à l’acide phosphorique produit les plus hautes valeurs de résistance de collage indépendamment du type de ciment utilisé et est suivi, dans l’ordre, par Clearfil SE Bond et EDTA. RelyX Unicem atteint des valeurs de collage statistiquement semblables avec tous les prétraitements de surface. L’acide phosphorique utilisé avant l’application de Maxcem lui procure des résistances de collage significativement supérieures à celles des autres groupes. Les plus basses sont atteintes avec Multilink Sprint utilisé selon les recommandations du fabricant. Dans le groupe des surfaces sans prétraitement (selon les recommandations du fabricant), RelyX Unicem présente des résistances de collage supérieures à celles, dans l’ordre, de Maxcem et de Multilink Sprint.

L’ESSENTIEL

Les fabricants affirment que les ciments autoadhésifs ne nécessitent pas de prétraitement de la dentine et qu’ils mordancent et conditionnent simultanément sa surface avant d’y coller. Dans les limites de cette étude, les résultats suggèrent pourtant que les résistances des collages des ciments autoadhésifs testés ici sont améliorées si la dentine est pré-conditionnée par de l’acide phosphorique. En effet, celui-ci dissout suffisamment la couche de boues dentinaires de ces surfaces pour que se produise une interaction chimique et un microclavetage entre elles et le ciment. Ainsi, la présumée économie de temps procurée par les ciments autoadhésifs ne peut s’obtenir qu’au dépens de la qualité du collage. L’EDTA, proposé parfois comme un substitut à l’acide phosphorique, ne déminéralise pas assez la dentine pour permettre l’infiltration et la microrétention d’un ciment autoadhésif. Le ciment auto-adhésif RelyX Unicem semble le moins influencé par les différents prétraitements dentinaires. Sans prétraitement, ce ciment, qui ne semble pas établir de couche hybride avec la dentine, présente, avec elle, une interaction superficielle mais continue contrairement au MaxCem et au Multilink qui sont complètement décollés de la surface dentinaire.