Université et formation continue : les raisons du divorce - Clinic n° 09 du 01/10/2011
 

Clinic n° 09 du 01/10/2011

 

DE BOUCHE À OREILLE

Frédéric BESSE  

frbesse@hotmail.fr

Quoi qu’en disent certains confrères, l’obligation de formation continue persiste malgré la disparition du CNFCO. Elle est inscrite dans le Code de la santé publique, à l’article R. 4127-214, et, à ce titre, sa négligence peut entraîner la radiation du praticien du tableau ordinal, l’empêchant de fait d’exercer.

Depuis que cette obligation a été intégrée par la majorité des confrères, de multiples officines de formation continue sont apparues, permettant à...


Quoi qu’en disent certains confrères, l’obligation de formation continue persiste malgré la disparition du CNFCO. Elle est inscrite dans le Code de la santé publique, à l’article R. 4127-214, et, à ce titre, sa négligence peut entraîner la radiation du praticien du tableau ordinal, l’empêchant de fait d’exercer.

Depuis que cette obligation a été intégrée par la majorité des confrères, de multiples officines de formation continue sont apparues, permettant à chacun d’acquérir le sacro-saint nombre de points indispensables. Or il est de fait que, dans ces organismes, se retrouvent peu d’enseignants universitaires.

Connaissant la qualité habituelle de ces derniers, nous sommes en droit de nous interroger sur les raisons de cette absence. En fait, il n’est que d’assister à une conférence, forcément magistrale, de l’un de nos maîtres reconnus pour toucher du doigt le problème. Lors du déroulement type d’un tel événement, on commence par nous asséner, après l’inévitable retard au démarrage sans lequel la France ne serait pas la France, une interminable liste de remerciements, qui vont de l’huissier au président de l’université la plus proche. Ces mondanités accomplies, le maître tâche de s’abaisser au niveau moyen de l’assistance en reprenant l’historique complet de la dentisterie, du moins dans le domaine du jour, afin d’être certain que presque tout le monde comprendra la teneur du discours à venir. Cela nous emmène pratiquement à la pause de midi, laquelle, étant donné la qualité de l’intervenant, ne peut être que gastronomique. Dans les vapeurs postprandiales, les choses sérieuses commencent enfin et l’on voit apparaître de nombreux tableaux soutenus par d’encore plus nombreuses références bibliographiques dont personne n’a rien à faire. Les doutes du chercheur transpirant sous la carapace du savoir, l’auditeur moyen, qui cherche avant tout des réponses claires à appliquer le lendemain dans son office, n’a plus que la volonté de dormir ou bien d’aller faire des courses. Quant à celui qui maintient son attention, il finit la journée en ayant appris ce qu’il aurait pu intégrer en un quart d’heure de lecture attentive.

En fait, nos universitaires confondent conférence scientifique, celle qui se tient devant d’autres chercheurs, et formation odontologique continue. Le résultat est désolant : alors que nous disposons d’un réservoir considérable d’enseignants passionnés, compétents et disponibles, la FOC est essentiellement assurée par quantité de guignols sans autre titre que d’avoir osé se lancer, sans autre qualification que d’être des copains de copains, sans autre but que de sortir un peu de la routine du cabinet.

Pour l’avenir de la profession, il est grand temps que nos universitaires apprennent à faire le distinguo entre conférence de recherche et formation continue des confrères. Cette dernière demande à être claire, précise, concrète, quitte à ne présenter que des gestes ou des techniques validés depuis longtemps.