Dentisterie philosophale ? - Clinic n° 11 du 01/12/2011
 

Clinic n° 11 du 01/12/2011

 

DE BOUCHE À OREILLE

Frédéric BESSE  

De nos jours, la qualité et l’efficacité de nos soins ont atteint un niveau étonnant. Que ce soient la facilité et la rapidité avec lesquelles nous pouvons réaliser un traitement endodontique, assurance d’un résultat fiable quel que soit l’état de l’opérateur, que ce soit la constance des résultats obtenus avec des matériaux à empreinte modernes, garantie d’un ajustage de plus en plus précis de nos prothèses, que ce soient les teintes, l’aspect ou l’étanchéité...


De nos jours, la qualité et l’efficacité de nos soins ont atteint un niveau étonnant. Que ce soient la facilité et la rapidité avec lesquelles nous pouvons réaliser un traitement endodontique, assurance d’un résultat fiable quel que soit l’état de l’opérateur, que ce soit la constance des résultats obtenus avec des matériaux à empreinte modernes, garantie d’un ajustage de plus en plus précis de nos prothèses, que ce soient les teintes, l’aspect ou l’étanchéité du joint de nos composites, que ce soient les impressionnants résultats obtenus dans tous les domaines de la prévention, en parodontie comme en cariologie, que ce soient les techniques d’assainissement parodontales ou celles permettant de remodeler l’ensemble muqueuse-gencive, sans parler des possibilités et des perspectives en implantologie, augmentation osseuse, conception et fabrication assistées par ordinateur, interception précoce en orthodontie, nous exerçons désormais, à condition de nous en donner la peine et les moyens, un métier avec lequel nous disposons toujours d’une solution pour nos patients.

Or, dans l’immense majorité des cas, ces mêmes patients ne sont pas conscients de la qualité du travail réalisé.

Pourquoi vouloir sauver les dents de quelqu’un persuadé qu’elles vont tomber ? Pourquoi ajuster artistiquement la teinte d’une céramique postérieure alors que « blanc » suffit ? Pourquoi poser la digue, utiliser un microscope, condenser la gutta alors que statistiquement, il n’y a pas de différence de résultats entre ce toutim et un monocône noyé dans la pâte entre deux cotons après beaucoup d’hypochlorite ?

La reconnaissance de nos patients découle beaucoup plus de la chaleur de notre accueil ou de notre empathie que de l’extrême qualité de nos soins.

Pourquoi, dès lors, s’acharner à faire de mieux en mieux ?

La réponse, nous pouvons la trouver dans les écrits des alchimistes du Moyen Âge. Ces êtres d’exception, après avoir accepté leur différenciation par rapport au commun des mortels, n’avaient de cesse de chercher à améliorer sans cesse leurs philtres et autres potions. Et leur Graal était la pierre philosophale. Or, si dans l’imaginaire populaire la pierre philosophale devait permettre de transmuter le plomb en or, de prolonger la vie et autres perspectives alléchantes, elle faisait bien plus que cela. En réalité, ce n’était pas une démarche cupide mais une quête spirituelle. Ce n’était pas le résultat qui comptait mais le chemin pour l’atteindre. En remettant sans cesse son ouvrage sur l’établi, en répétant indéfiniment les mêmes gestes tout en essayant de les améliorer à chaque fois, elle purifiait l’âme de l’officiant et l’aidait à devenir meilleur. De nos jours, on dirait plus épanoui.

Cela vous rappelle quelque chose ? Oui, nous exerçons un métier merveilleux qui peut nous aider à devenir meilleur en cherchant sans cesse à améliorer la qualité de nos traitements. Et ce quel que soit le ressenti de nos patients.