Souples et fines

Intégré depuis peu au groupe Sanavis, le français Micro-Mega vient de sortir deux nouvelles limes de cathétérisme en nickel-titane, qui viennent étoffer sa gamme d’instruments rotatifs. Grâce aux progrès de la métallurgie et sous la pression de ses concurrents, la société bisontine s’est décidée à produire des limes beaucoup plus fines que celles précédemment proposées. Les G-Files™ s’utilisent sur contreangle, après exploration manuelle du canal au moyen d’un MMC n° 10. Conçues pour faire la transition entre ce premier instrument à main et les limes en rotation continue de gros diamètre et forte conicité, elles sont avant tout destinées aux canaux particulièrement fins et tortueux.

Cathétérisme en rotation

Passer le plus vite possible à l’instrumentation rotative plutôt que poursuivre avec des limes manuelles 15 et 20 peut être effectivement plus confortable. Les G-Files™ existent en 2 tailles, G1 et G2. Leur conicité est fixée à 3 %, et le diamètre de leur pointe à 12 et 17 centièmes de millimètre respectivement : une progression désormais classique, qui permet d’éviter les écarts trop importants entre 2 instruments successifs et de faciliter l’élargissement des canaux calcifiés ou fortement courbés sans efforts excessifs. Une bague sur leur manche doré permet de les distinguer : orange pour les G1, blanche pour les G2. Difficile de décrire le profil de ces limes : leur section, complexe, ressemble à un triangle étiré dont le centre est déporté sur le côté. Deux des côtés ont la forme d’un S et le troisième, plus court, celle d’un C. Les spires sont assez espacées, l’ensemble permettant, selon le fabricant, d’éviter l’effet de vissage, de laisser assez d’espace pour évacuer les débris tout autour et d’assurer une pénétration par reptation.

Ne surtout pas forcer

L’utilisation du système s’avère effectivement très agréable : on a l’impression que la lime progresse par paliers. Son agressivité se ressent parfaitement sur les parois dentinaires. Comme beaucoup d’instruments de chez Micro-Mega, les G-Files™ semblent pratiquement incassables. Mais attention, ce n’est qu’une illusion. Une pression un peu forte sur la pointe et hop !, vous l’abandonnerez rapidement au fond du canal, en même temps que tout espoir de la récupérer. De fait, ces limes ne sont pas conçues pour un usage unique, mais presque. Ne tentez pas le diable : ne dépassez pas 2 ou 3 usages et travaillez toujours avec du gel d’EDTA pour limiter les contraintes mécaniques. Si la G2 est plus résistante, la G1, vraiment très fine et souple, se déforme très rapidement. Au contraire des instruments de plus gros diamètre, qui se fracturent sans crier gare, celle-ci se détord et se plie exactement comme une lime en acier. Rassurant sans doute, mais assez rageant quand vous la voyez perdre toute utilité au bout de seulement quelques secondes. Je préfère pour ma part des limes de même diamètre à la pointe, mais de plus forte conicité. Plus rigides, elles se déforment beaucoup moins et amorcent un élargissement cervical du canal dès le début de la préparation.

Prétendre que les G-Files™ représentent une vraie révolution serait excessif. Leur intérêt pour l’omnipraticien ne sera sans doute pas aussi évident que pour le spécialiste confronté à une majorité de cas difficiles. D’autres fabricants ont déjà proposé des instruments plus ou moins similaires pour le même usage. Il manquait ce chaînon à la gamme Micro-Mega. Disons qu’aujourd’hui, le vide est comblé.