La menace « coercition » - Clinic n° 04 du 01/04/2012
 

Clinic n° 04 du 01/04/2012

 

L’ÉVÉNEMENT

Anne-Chantal de Divonne  

Lozère : sur les 38 chirurgiens-dentistes en exercice, 10 partiront à la retraite dans les 5 prochaines années. Or, la relève n’est pas assurée. Pour faire face à l’hémorragie, le département et l’Ordre proposent aux étudiants de 5e et de 6e année des facultés françaises un système de bourses en contrepartie d’un engagement, celui de s’installer pour au moins 5 ans… avec le secret espoir de les voir adopter durablement la vie...


Lozère : sur les 38 chirurgiens-dentistes en exercice, 10 partiront à la retraite dans les 5 prochaines années. Or, la relève n’est pas assurée. Pour faire face à l’hémorragie, le département et l’Ordre proposent aux étudiants de 5e et de 6e année des facultés françaises un système de bourses en contrepartie d’un engagement, celui de s’installer pour au moins 5 ans… avec le secret espoir de les voir adopter durablement la vie locale.

Haute-Normandie : la région compte 36 praticiens pour 100 000 habitants, contre 59 en moyenne sur l’ensemble du territoire. Et là encore, aucun espoir de « renouvellement spontané ». Il y a quelques semaines, élus et responsables professionnels inauguraient donc 2 centres de soins, l’un au Havre, l’autre à Rouen, où des étudiants de 5e et de 6e année de la faculté de Lille peuvent se former au fauteuil et étudier par visioconférence.

Ces deux exemples montrent combien la profession, appuyée par les mairies et/ou les conseils généraux, s’attache localement à empêcher l’apparition de déserts dentaires. Parallèlement, les discussions conventionnelles entendent aborder la question de l’exercice après l’âge de la retraite.

Car l’enjeu est double : la santé publique certes, mais tout autant la liberté d’installation telle qu’elle existe aujourd’hui.

Ces mois passés ont ainsi vu la priorité donnée aux mesures incitatives. Mais si, dans ce domaine et aux dires de ses partisans, toutes les pistes ne semblent pas avoir été véritablement explorées, les initiatives parlementaires se font de plus en plus nombreuses et de plus en plus pressantes afin d’opter pour des mesures coercitives. À titre d’exemple, la récente proposition de loi, finalement rejetée, de 50 députés Nouveau Centre et UMP soumettait l’installation des professionnels de santé à une autorisation délivrée par l’État et l’Agence régionale de santé !

Au sein des grands partis politiques, le débat n’apparaît pas encore tranché entre les deux options. Mais qu’en sera-t-il au sortir de l’actuelle période démagogique propre à chaque échéance électorale ?