Étanchéité des obturations endodontiques - Clinic n° 05 du 01/05/2012
 

Clinic n° 05 du 01/05/2012

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

Le système communément utilisé pour analyser l’étanchéité des obturations canalaires est composé de 2 chambres, l’une située à l’ouverture cervicale des canaux et l’autre à l’extrémité apicale. C’est à l’aide d’un tel système que l’étude présente tente d’évaluer les voies d’infiltration microbienne le long des obturations endodontiques en particulier quand la cavité d’accès coronaire n’est pas reconstituée par une restauration hermétique depuis...


Le système communément utilisé pour analyser l’étanchéité des obturations canalaires est composé de 2 chambres, l’une située à l’ouverture cervicale des canaux et l’autre à l’extrémité apicale. C’est à l’aide d’un tel système que l’étude présente tente d’évaluer les voies d’infiltration microbienne le long des obturations endodontiques en particulier quand la cavité d’accès coronaire n’est pas reconstituée par une restauration hermétique depuis un temps prolongé.

Matériel et méthode

L’étude porte sur 51 prémolaires mandibulaires extraites sépa rée en 3 groupes. Un groupe de 23 dents servant de contrôle est laissé intact. Les canaux des dents restantes sont mis en forme et, soit laissés vides (5 dents), soit obturés avec de la gutta-percha et un ciment de scellement (23 dents). Toutes les dents sont fixées aux 2 chambres hermétiques du système expérimental à l’aide de cire collante qui recouvre la majeure partie des racines. Par la chambre supérieure, les extrémités cervicales des canaux, obturés ou non, sont ensemencées avec une culture d’Enterococcus faecalis. Dans la chambre inférieure, les apex des dents baignent dans un milieu sélectif de culture et de différenciation des entérocoques. L’infiltration microbienne est révélée par le noircissement ultérieur de ce milieu. Après 120 jours, toutes les racines du groupe expérimental sont sectionnées perpendiculairement à leur grand axe, colorées et inspectées par microscopie confocale à balayage laser. Pour confirmer que les cellules colorées sont bien des Enterococcus faecalis, les sections sont en plus colorées pour hybridation in situ fluorescente.

Résultats et discussion

Le développement de E.faecalis dans les chambres inférieures du système survient sensiblement d’une manière identique pour les dents intactes et pour les dents obturées (au 56e jour). L’infiltration microbienne se produit principalement à travers la dentine tubulaire ou à l’interface entre le matériau d’obturation et la dentine tubulaire. Toutes les sections de racines montrent une fluorescence entre la couche de cément et la cire collante. Cette fluorescence prouve que les germes qui s’y sont accumulés sont exclusivement des E.faecalis. Cette fluorescence est aussi observée entre le matériau d’obturation et les parois de dentine tubulaire canalaire alors qu’elle est absente à l’interface entre le matériau et la dentine sclérotique. Les tubules dentinaires secondaires montrent aussi une fluorescence.

L’ESSENTIEL

La méthode expérimentale utilisée dans cette étude se révèle probablement inadaptée à la comparaison d’obturations canalaires et les résultats ne peuvent être extrapolés dans une situation in situ. Cependant, l’histologie révèle des observations intéressantes concernant les rapports entre la structure dentinaire et l’infiltration bactérienne ce qui justifie de futures enquêtes. Dans les conditions actuelles, si l’infiltration bactérienne survient à travers la cire collante qui sépare les 2 chambres du montage de laboratoire, elle survient aussi à travers le canal obturé avec de la gutta-percha et un ciment à la résine epoxy. Mais les bactéries pénètrent aussi la structure tubulaire de la dentine tandis que la dentine sclérotique ou sans tubules et l’interface entre le ciment de scellement et la dentine canalaire dépourvue de tubules demeurent étanches aux bactéries. L’infiltration bactérienne à travers les tubules dentinaires secondaires (qui relient les tubules principaux entre eux) est également observée. Cela suggère que les bactéries ne recolonisent pas les racines obturées uniquement à l’interface immédiate entre le matériau d’obturation et les parois canalaires mais aussi, plus profondément, à travers la dentine tubulaire.