Cap sur le plaisir d’exercer - Clinic n° 08 du 01/09/2012
 

Clinic n° 08 du 01/09/2012

 

Équipe et Espace

CATHERINE FAYE  

Le concept du cabinet dentaire de Lucie Extier est novateur : gestion et organisation matérielle ne sont plus à la charge du praticien. Sans compter que trois salles de soins sont proposées à la location à des libéraux. Une nouvelle façon de travailler, qui permet une grande malléabilité et la possibilité de se consacrer à son exercice.

« J’avais envie d’intégrer la chirurgie dans mon exercice, mais mon ancien cabinet ne me le permettait pas. Je me suis inspirée de ce qui se fait en Suisse où des chirurgiens-dentistes libéraux exercent dans un même lieu et font chacun selon leurs capacités, envies, spécialités, engagements. Un autre modèle d’organisation du travail », raconte Lucie Extier, également attachée en stomatologie à l’hôpital Saint-Antoine. Sa passion pour la chirurgie, ainsi que pour l’implantologie, lui fait franchir le cap. « Je me suis dit que c’était un bon concept. Mais il me semblait nécessaire d’ajouter une cohésion entre praticiens et de déléguer la gestion de l’ensemble. »

C’est là qu’entre en scène Éric Extier, son mari, consultant gestionnaire. « J’ai l’habitude de monter des structures, de faire des business plans. L’idée de restructurer un cabinet dentaire m’a tout de suite intéressé », explique-t-il. Il crée alors la société Evolvex et met son énergie et ses compétences pour concevoir un cabinet plus en adéquation avec l’activité de son épouse. L’objectif ? Préserver l’esprit libéral, délester le ou les praticiens des problèmes de gestion et offrir aux patients les dernières avancées en matière de chirurgie dentaire. « Dès le début, j’ai travaillé avec le SFCD*. Ce nouveau modèle les intéressait en matière d’organisation de la vie professionnelle », ajoute Éric Extier. C’est aujourd’hui une des spécificités du cabinet : chacun travaille à son rythme et selon ses disponibilités. « Ici, quand un praticien travaille trois jours, il ne travaille vraiment que trois jours », souligne-t-il. Il fallait donc que le lieu puisse réunir des praticiens qui travaillent à la fois indépendamment et dans un esprit d’harmonie, d’échange et de déontologie.

Cabinet du futur

Passionnés et engagés, Éric et Lucie Extier se lancent donc dans une aventure qui se concrétise en juillet 2011. Le nouveau cabinet, de 210 m2, est situé de plain-pied dans une résidence récente de La Varenne-Saint-Hilaire (Saint-Maur-des-Fossés), en région parisienne, facile d’accès. Quatre salles de soins sont prêtes à accueillir praticiens et patients. La patientèle de Lucie Extier, environ 4 000 personnes, la suit. Un bon présage. Même si les lieux sont conçus pour être cliniques, il y a quelque chose qui fait que les patients ne se sentent pas dans un espace médical. Le cabinet semble ne faire qu’une seule pièce, immense, haute de plafond et dominée par des poutres, une verrière et une mezzanine : c’est là que se cache le bureau de Lucie Extier.

Le cabinet est divisé en deux espaces. Dans le premier : l’accueil, la salle d’attente, les quatre salles de soins, la stérilisation. Dans le second : le bloc chirurgical, la salle de réunion où les praticiens font le point ou reçoivent leurs patients, l’espace technique — où se trouvent compresseurs et aspirations — et le laboratoire. « Nous faisons nous-mêmes les couronnes en céramique et les facettes pelliculaires à partir d’une prise d’empreinte numérique grâce à un système de CFAO**. Le fichier de la couronne est ensuite téléchargé dans notre laboratoire où nous disposons d’un CEREC de la nouvelle génération, très aboutie, et d’un petit four de glaçage Ivoclar », précise Lucie Extier. Tout a été pensé en termes de qualité.

Sobriété et traçabilité

Pour la décoration, rien de superflu. La salle d’attente bénéficie de la lumière extérieure qui s’engouffre par les baies vitrées et la verrière. Mais ici, l’attente est un vain mot, la ponctualité est une des valeurs essentielles de la prise en charge. Si le blanc domine, les quatre salles de soins, quasiment identiques, se différencient seulement par une touche de couleur pour le fauteuil, un pan de mur et la porte : jonquille, framboise, kiwi, violette. L’accent a été mis sur la stérilisation qui se trouve au cœur du cabinet. Elle prend le pouls de l’activité. Outre le matériel de haute technologie, telle la stérilisation MELAG, les cycles sont enregistrés sur le serveur informatique avec des codes-barres sur chaque cassette, puis sont indiqués sur la fiche informatique du patient. Au mur, des documents indiquent les process, afin de garantir une traçabilité complète.

L’ensemble est caractérisé par un minimalisme esthétique dont l’utilité est clinique : chaque salle de soins ne renferme qu’un fauteuil, une poubelle, un coffret informatique, une aspiration télescopique. Pas de tiroirs : rangements et instruments sont stockés dans la grande salle de stérilisation. Un chariot est toujours disponible avec des cassettes et des bassines pour le transport des instruments. « Nous utilisons les techniques de pointe : cassettes (Tubs & Trays), équipements (anesthésie ostéocentrale, radiographies numériques…), traçabilité des produits utilisés », affirme Éric Extier. La priorité va à l’asepsie et à la qualité avec laquelle les praticiens peuvent exercer leur spécialité. Un concept qui garantit fonctionnalité et bien-être. « Tout est prévu pour parer à l’imprévu. Rien à voir avec un cabinet classique où les instruments sont rangés dans des tiroirs. Ici, tout est regroupé par catégories d’actes. Ce cabinet est comme une petite entreprise », s’enthousiasme Gwendaline, assistante dentaire et aide-opératoire.

Lieu de communication et d’échange

L’originalité du concept réside dans l’organisation même du travail. Deux chirurgiens-dentistes se sont déjà associés à cette aventure. Le premier, Benoît Brochery, est également attaché en parodontologie et implantologie orale à l’hôpital Rotschild et collaborateur dans un cabinet parisien. « La qualité de la prise en charge qu’offre ce cabinet, au niveau des compétences comme de la technologie, confère au patient des conditions proches de celles de l’hôpital », indi­que-t-il. Il reçoit ses patients dans une des salles de soins du cabinet deux jours par semaine, tout comme Fatima Perreard, diplômée de la faculté de Bordeaux. Chaque praticien travaille avec un réseau de chirurgiens-dentistes référents et reçoit ou se crée sa propre patientèle. Le cabinet est, en quelque sorte, un regroupement de plusieurs cabinets dentaires qui bénéficient d’une gestion commune.

Hormis Lucie Extier, les autres praticiens louent leur espace au prorata de leur temps de présence, ce qui leur permet une grande flexibilité. D’où l’intérêt d’espaces minimalistes, adaptables, de la mutualisation des moyens et de la centralisation des instruments et du matériel. « Il arrive que je prenne en charge un patient de Lucie Extier pour des soins en parodontologie, ajoute Benoît Brochery. Ou vice-versa pour des soins en implantologie. Ici, on ne s’occupe que de nos patients, tout le reste est géré par la société de service d’Éric Extier. Mais on est tout de même partie prenante avec une réunion hebdomadaire où l’on discute. Et où l’on fait le point. Les échanges font évoluer notre profession, développent notre activité. Nous voulons tous être à un niveau de soins optimum, d’une grande qualité. Ce type de structure apporte une grande tranquillité aux praticiens. » Relations avec les fournisseurs, informatique, gestion du personnel, organisation des remplacements…, les chirurgiens-dentistes ne sont plus confrontés à ces problèmes. « Mon objectif est d’apporter du service opérationnel », explique Éric Extier qui espère, à moyen terme, monter d’autres espaces dentaires de ce type.

* Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes.

** Conception et fabrication assistées par ordinateur.

ON AIME !

Un espace ouvert sur une hauteur de deux étages avec un plafond en soupente et des volumes inattendus qui créent une atmosphère décontractée, rassurante pour les patients.