Buccobus reprend du service - Clinic n° 03 du 01/03/2013
 

Clinic n° 03 du 01/03/2013

 

BUS DENTAIRE

ACTU

ACD  

Un groupement d’EHPAD* de Rouen a remis en service, avec l’appui de partenaires dont l’ARS* et la CPAM*, le bus dentaire de l’UFSBD* conçu à l’origine pour les soins et la prothèse dans les EHPAD de Paris. Un praticien hospitalier salarié à mi-temps assure les vacations.

Le bus dentaire de l’UFSBD, inauguré en grande pompe il y a une petite dizaine d’années mais qui croupissait depuis dans un garage de la CPAM parce que les expérimentations menées n’avaient pas été concluantes, a repris du service à Rouen.

Pour les personnes âgées

« La santé bucco-dentaire des résidents de nos EHPAD pose un vrai problème de santé publique », explique Jean-Luc Emo, président de l’association RG2 qui regroupe 9 EHPAD implantés sur la rive gauche de Rouen. Les responsables de ces établissements se mettent en quête d’un cabinet accessible aux fauteuils roulants et qui permette de soigner des personnes désorientées. « L’un de nous avait eu vent de l’échec du fonctionnement d’un bus dentaire à Paris et à Nice. Les responsables de l’UFSBD que nous avons rencontrés ont expliqué qu’il était difficile de mobiliser des chirurgiens-dentistes libéraux pour assurer les vacations. » Qu’à cela ne tienne, l’association décide de salarier un chirurgien-dentiste et de lui confier le Buccobus qu’elle louera à l’UFSBD (30 000 euros par an). Un praticien hospitalier soignant en milieu carcéral s’enthousiasme pour le projet et accepte cet emploi deux jours et demi par semaine. Il s’entoure d’une petite équipe de praticiens retraités prêts à reprendre la turbine en cas d’absence du titulaire. L’association n’étant pas habilitée à gérer une unité de soins dentaire à destination d’une patientèle exclusive, un montage est trouvé avec la Mutualité Française de Seine­Maritime. Celle-ci prend en charge l’agrément sanitaire du cabinet ambulant et sa gestion administrative. Elle embauche le praticien et son assistante. L’association rembourse les frais engagés.

Levée de fonds

Reste à trouver les 186 000 € nécessaires au fonctionnement annuel du bus. Les honoraires des soins, qui s’élèvent à 58 € pris en charge par l’Assurance maladie (68 000 € en année pleine), sont bien insuffisants. RG2 se tourne vers l’ARS de Haute-Normandie. Très intéressé, son président d’alors, Claude d’Harcourt, met rapidement 180 000 € pour 2 ans sur la table. D’autres partenaires le rejoignent, la CPAM apporte 17 000 €, puis l’AGIRC et l’ARRCO attribuent 14 000 €. D’autres suivent.

La viabilité du projet assurée pour 2 ans, le Buccobus se met en route début janvier. Doucement au départ, car « une grande partie de l’activité du praticien est centrée sur le dépistage et les soins urgents. Le Buccobus ne sera pleinement utilisé qu’à partir du mois d’avril », prévoit Jean-Luc Emo. En rythme de croisière, de 10 à 11 visites de patients sont prévues par jour. « Les résidents qui ont conservé leur chirurgien-dentiste continuent de se rendre chez lui. Le bus est utile à ceux qui n’en ont plus », précise Michel Paviet, directeur de la Mutualité Française de Seine-Maritime.

Pour assurer la pérennité financière de l’opération, Jean-Luc Emo compte sur la réalisation de prothèses dès l’an prochain. La Mutualité est plus dubitative : « En théorie, le travail de prothèse est possible, mais pas dans la pratique car il y a trop de rendez-vous », pense M. Paviet. L’efficacité et la continuité de l’opération passent aussi par la sensibilisation et la formation du personnel soignant. Une mission confiée à l’UFSBD.

*EHPAD : établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ; ARS : agence régionale de santé ; CPAM : caisse primaire d’assurance maladie ; UFSBD : Union française pour la santé bucco-dentaire ; RG2 : Réseau gérontologique rive gauche ; AGIRC : Association générale des institutions de retraite des cadres ; ARRCO : Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés.