L’odontologie hospitalière au travail - Clinic n° 05 du 01/05/2013
 

Clinic n° 05 du 01/05/2013

 

ÉQUIPE ET ESPACE

CATHERINE BIGOT  

À Metz, Éric Gérard est le chef du Service d’odontologie, de chirurgie orale et de médecine bucco-dentaire du tout nouvel hôpital de Mercy, ouvert à l’automne 2012. Il a réuni autour de lui une équipe qui se consacre avec la même rigueur au soin des patients et à la formation des étudiants.

Une surface de 100 000 m2 répartis sur 5 niveaux, avec une architecture conçue autour de l’accueil du patient, tel est l’outil de travail, flambant neuf, dont disposent désormais, entre autres, le Pôle tête-cou et le Service d’odontologie dirigés par Éric Gérard. « Je pilote le Service d’odontologie du CHR Metz-Thionville depuis 2002 et suis responsable du Pôle tête-cou depuis 2007 », explique-t-il. Dans les nouveaux locaux de l’hôpital de Mercy, son service, installé au deuxième étage du bâtiment, est nettement plus au large que dans l’ancien hôpital Bon-Secours quitté quelques mois plus tôt au centre-ville de Metz. Il bénéficie de 3 salles d’attente, dont une réservée aux personnes à mobilité réduite, d’une zone administrative comprenant notamment les secrétariats des entrées et des sorties, les bureaux médicaux ainsi que la salle de staff clinique, et surtout de 6 cabinets de consultation équipés de matériel aussi récent que les murs. Éric Gérard a veillé à ce que l’un des cabinets soit spécialement aménagé pour accueillir les patients alités et a tenu à ce que les 6 units soient placés derrière les fauteuils, de manière à ne pas inquiéter les patients.

La chirurgie orale avant tout

Les consultants sont le plus souvent adressés par les chirurgiens-dentistes ou médecins de ville pour des interventions de chirurgie orale, qui représentent l’activité majeure du service. Mais 20 % des patients sont aussi reçus dans le cadre d’une consultation hospitalière, à la demande de différents services du CHR, par exemple avant une greffe rénale ou le remplacement d’une valve cardiaque. « Nous réalisons également des prothèses maxillo-faciales, en étroite collaboration avec le service d’ORL et celui de chirurgie maxillo-faciale. »

Avec 2 praticiens hospitaliers qualifiés en chirurgie orale et présents à temps plein, 3 praticiens hospitaliers à temps partiel et 4 praticiens attachés réalisant chacun 1 demi-journée de vacation par semaine, l’équipe est dimensionnée pour assurer la prise en charge des patients de 8 heures à 18 heures, du lundi au vendredi, sous anesthésie locale, sous MEOPA (mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote) ou encore sous anesthésie générale. « Nous assurons une présence au bloc opératoire par roulement, à raison de 1 matinée par semaine et par praticien, 5 jours sur 7. » Sachant que 98 % des interventions chirurgicales réalisées sous anesthésie générale le sont dans le cadre d’une hospitalisation ambulatoire, les patients peuvent rentrer chez eux quelques heures après l’intervention.

Mais Éric Gérard ne s’est pas seulement entouré de praticiens : son service et les plateaux techniques ne tourneraient pas sans l’implication de 1 infirmière, de 3 aides-soignantes et de 4 secrétaires. Sylvie Schwarz, infirmière attachée à temps complet au service depuis 3 ans, pose un regard et une main avertis sur les patients, qu’ils soient hospitalisés ou externes. « Je vérifie les perfusions, réalise les prélèvements sanguins, contrôle la glycémie des diabétiques, distribue des antalgiques… Je suis aussi la garante de la mise en pratique de l’hygiène partout et par tous ! » Quant aux 9 étudiants et à l’interne qu’accueille le service, ils font partie intégrante de l’équipe et s’inscrivent activement dans la prise en charge quotidienne des patients, notamment pour les pathologies standard, mais pas seulement.

Place à l’enseignement !

« J’ai toujours travaillé avec des internes. La première en date fut Anne Polo. Elle n’a d’ailleurs jamais vraiment quitté le service puisqu’elle assure aujourd’hui une vacation par semaine en parodontie », précise Éric Gérard. Rattachés aux facultés de chirurgie dentaire de Nancy et de Strasbourg, les 9 étudiants ont fait le choix d’accomplir leur stage clinique de sixième année ici. Durant 6 mois, ils pratiquent en binôme et peuvent en permanence faire appel à un praticien hospitalier pour solliciter un avis et faire valider un plan de traitement ou un choix thérapeutique. « Tous les praticiens du service sont considérés à ce titre comme des enseignants, même si seuls Pierre Gangloff et moi-même sommes chargés de cours à la faculté de Nancy. » De fait, il apparaît clairement que la transmission et le partage du savoir sont inscrits au cœur de l’exercice de tous depuis de nombreuses années, de façon naturelle. Même les praticiens attachés au service une seule demi-journée par semaine sont susceptibles d’être sollicités, qui sur un point d’endodontie, qui sur une question relevant de l’occlusodontie ou de la gérodontologie. Depuis 2005, le service est par ailleurs agréé pour la formation clinique de l’internat en odontologie. « Et depuis novembre 2012, nous accueillons même un interne préparant le DESCO » (diplôme d’étude spécialisé en chirurgie orale) se réjouit Éric Gérard.

Continuité des soins et PASS bucco-dentaire

Une autre des originalités du service est, au-delà de son implication dans la recherche clinique, d’assurer la continuité des soins de la région Lorraine Nord. Les praticiens assurent donc des astreintes la nuit et le week-end et peuvent, via le centre 15 et le service des urgences du CHR, être appelés 24 h/24 et 365 jours par an pour faire face à des cas d’hémorragie non contrôlée, de traumatologie ou encore d’accident infectieux sévère.

Mais le service a aussi créé en 2009 une mission de permanence d’accès aux soins de santé (PASS) bucco-dentaires qui lutte contre la précarité et le renoncement aux soins pour raisons financières, et qui accompagne les patients vers un retour progressif au circuit de ville dès l’ouverture de leurs droits médico-sociaux.

Dans ce domaine comme dans celui, plus vaste, de l’approche globale du patient ou de la formation des étudiants et des internes, la devise du service pourrait bien être « croire en sa mission pour mieux la réussir », reconnaît Éric Gérard.

Des projets pour l’avenir ? « Nous venons de nous installer à Mercy donc c’est encore prématuré mais, oui, nous avons toujours des idées d’amélioration, comme celle d’installer un système de visioconférence entre les services d’odontologie de Metz et Thionville pour nos réunions de staff clinique, ou celle de compléter notre installation de travail au service des urgences – nous y avons déjà un fauteuil – par un kart et un chariot mobile, ce qui permettrait de faire gagner du temps à tout le monde. »

« On a un chef de service fédérateur et on est tous derrière lui ! » s’exclame Pascal Richardin, praticien hospitalier à temps partiel, signifiant ainsi que, même s’il consacre beaucoup d’énergie à son exercice libéral, il ne cesserait pour rien au monde le travail acharné mené au sein de ce service hospitalier.

ON AIME

L’exigence vis-à-vis de l’hygiène et de l’asepsie. Les membres de l’équipe travaillent tous en tenue hospitalière et toutes les matières aspirées durant les soins sont évacuées dans des poches individuelles jetables. L’eau utilisée dans l’ensemble du circuit est osmosée, sans aucune impureté, évitant ainsi tout risque d’infection.