5, 6, 8… années ! - Clinic n° 03 du 02/03/2016
 

Clinic n° 03 du 02/03/2016

 

FORMATION

ENQUÊTE

Entre les 5 années requises pour former un chirurgien-dentiste européen et les 8 années qui seraient nécessaires pour obtenir un diplôme LMD (licence, master, doctorat), la 6e année française est « entre deux ». Pourquoi donc ne pas sauter le pas et envisager une formation en 8 ans ?

« L’avantage serait de médicaliser la formation et de réaffirmer la place de l’odontologie dans le domaine médical, car il y a aujourd’hui une surenchère avec les professions paramédicales qui ont tendance à augmenter le nombre des années d’études et se rapproche des 6 ans des chirurgiens-dentistes », résume Geoffrey Migliardi qui s’interroge néanmoins sur la possibilité d’allonger la durée des études à 8 ans quand 5 seulement sont nécessaires dans les autres pays européens.

L’allongement de la durée des études est une piste de réflexion sérieuse dans les ministères de la Santé et de l’Enseignement. L’idée serait d’organiser un socle de formation de 3 ans qui serait commun à toutes les professions médicales, explique Robert Garcia, président de la Conférence des doyens. Des matières comme la sémiologie et la physiologie qui font actuellement défaut face à la médicalisation de certains patients, pourraient alors être enseignées. Mais ce tronc commun impliquerait aussi la mise en place d’UFR (unités de formation et de recherche) de santé regroupant les médecins, les odontologistes, les pharmaciens et la maïeutique. Avec des conséquences éventuelles sur une perte d’identité pour l’odontologie.

Un enseignement adapté ?

Plusieurs intervenants se sont inquiétés de savoir si l’enseignement était bien adapté à l’exercice. Les questions d’éthique et la dimension économique de l’exercice sont-elles « suffisamment intégrées dans la formation », a interrogé Fabrice Henry, président de l’Unocam ? Patrick Solera, président de la FSDL, s’est inquiété de voir la part importante de primo-inscrits à l’Ordre qui vont exercer dans des centres low cost.

Pour inciter à une meilleure répartition des praticiens sur le territoire, la doyenne de Clermont-Ferrand, Stéphanie Tubert-Jeannin, soutient l’idée une adaptation du stage actif en le transformant en temps complet. Il pourrait même devenir encore plus attrayant si les étudiants en dentaire pouvaient bénéficier du même financement pour leur stage que les étudiants en médecine.

L’atelier « Prévention » s’est entendu sur la nécessité de favoriser la transversalité dans les programmes de formation de la filière santé (médecins, sages-femmes, assistants…) pour permettre une prise en charge globale incluant le chirurgien-dentiste. D’autre part, pour les membres de l’atelier, en fonction de la dentisterie de demain, il faudra soit créer un nouveau métier, soit donner aux assistantes dentaires d’autres compétences ou d’autres fonctions, dans ou hors du cabinet, « d’éducatrices » ou « d’animatrices en santé orale ».