Ciments verre ionomère - Clinic n° 03 du 01/03/2016
 

Clinic n° 03 du 01/03/2016

 

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Contexte

En dentisterie mini-invasive (MI), la carie est considérée comme une maladie multifactorielle associée au style de vie et causée par un biofilm oral non sain ainsi qu’un environnement oral déséquilibré. Le traitement est guidé par l’évaluation du risque individuel, la détection et la gestion des lésions carieuses non cavitaires, une prévention efficace et une restauration a minima. Les ciments verre ionomère (CVI) sont très versatiles et sont...


Contexte

En dentisterie mini-invasive (MI), la carie est considérée comme une maladie multifactorielle associée au style de vie et causée par un biofilm oral non sain ainsi qu’un environnement oral déséquilibré. Le traitement est guidé par l’évaluation du risque individuel, la détection et la gestion des lésions carieuses non cavitaires, une prévention efficace et une restauration a minima. Les ciments verre ionomère (CVI) sont très versatiles et sont d’excellents matériaux à utiliser en dentisterie minimalement invasive.

Éléments sur les CVI

Les ciments à base d’eau des CVI sont formés par une réaction acide-base entre la poudre de fluoroaluminosilicate et le liquide d’acide polyalkénoïque. Le joint créé est très tolérant vis-à-vis de la technique et dure longtemps même dans les situations cliniques difficiles. Les CVI sont considérés comme bioactifs en raison de leurs échanges ioniques, dont le fluor, avec les structures dentaires.

La réaction de prise des CVI inclut plusieurs réactions chimiques complexes en deux phases distinctes. Après mélange, la réticulation des chaînes de polyacides par des ions calcium libres crée un matériau instable qui peut être facilement affecté par une perte excessive d’eau ou, au contraire, une humidité trop importante.

Dans la seconde étape, une réticulation supplémentaire des chaînes de polyacides a lieu par des ions aluminium trivalents, ce qui augmente les propriétés mécaniques du matériau, réduit sa solubilité et améliore l’esthétique. L’équilibre en eau doit encore être maintenu et est critique pour la stabilité à long terme. Le fluor est un élément essentiel des CVI mais comme il ne forme pas la partie physique de la matrice, son relargage n’altère pas les propriétés physiques du ciment.

Restaurations au CVI et performance

Les restaurations utilisant la formulation la plus fréquente des CVI peuvent être réalisées en une seule visite et permettre une translucidité esthétique très appréciable. Les deux principaux groupes de CVI sont les CVI conventionnels et ceux modifiés par adjonction de résine (CVIMAR). Ils offrent tous deux un joint étanche durable.

Les CVI ne sont pas appropriés dans les zones exposées à des sollicitations occlusales excessives et répétées et où un haut niveau d’esthétique est exigé. Les CVI de haute viscosité présentent une bonne résistance mécanique et à l’usure. Les CVIMAR présentent une faible quantité de résine hydroxyéthylméthacrylate (HEMA) et de diméthacrylate glycidique de bisphénol A (bis-GMA) ainsi que des photo-initiateurs et des initiateurs chimiques. Ils prennent par les effets combinés de la photopolymérisation et de la polymérisation chimique en plus de la réaction acide-base.

Les CVI servent de réservoir de fluor dans la cavité orale. Le relargage de fluor apparaît en un pic initial élevé qui diminue rapidement pour se maintenir à un niveau soutenu pendant plusieurs mois. Les CVI peuvent se recharger en ions fluor à partir des dentifrices, des gels et des vernis et les relarguer ensuite lentement. L’effet préventif est limité à la zone adjacente à la restauration mais qui inclut les limites marginales de la restauration et la surface proximale des dents adjacentes. Les CVI placés en contact direct avec la dentine affectée par la carie permettent une migration substantielle du fluor et du strontium, éléments constitutifs de l’apatite, de la restauration vers la dentine affectée.

Les CVI aident à gérer les caries profondes sur les dents permanentes et permettent de retirer moins de structure dentaire, diminuant ainsi le risque d’exposition pulpaire. Il a été confirmé que l’élimination de tout micro-organisme étant impossible, les dentistes ne doivent retirer de façon sélective que la couche infectée et laisser la dentine affectée pour éviter l’exposition pulpaire et préserver la vitalité pulpaire. La limite devrait être créée sur une dentine et un émail sains pour assurer l’obtention d’un joint étanche avec la restauration finale.

Actuellement, la plupart des cas cliniques permettent la mise en place d’une restauration d’usage lors de la première visite, avec un suivi rapproché de la vitalité de la dent. Le CVI joue une part essentielle dans ce processus puisque la dentine déminéralisée peut être reminéralisée grâce aux échanges ioniques avec le CVI, phénomène décrit comme une reminéralisation interne. Le CVI forme également un joint étanche de longue durée par adhésion chimique qui prive les bactéries de l’accès aux apports externes de nutriments.

Le CVI peut être placé à proximité de la pulpe parce qu’il n’induit pas d’inflammation, de sorte qu’aucune base de coiffage n’est nécessaire à moins que la pulpe ne soit directement exposée.

Cette approche conservatrice réduit l’incidence de l’exposition pulpaire et assure un meilleur pronostic pour la dent.

Quand le CVI est utilisé en remplacement de la dentine ou comme base intermédiaire dans les restaurations postérieures étendues en composite, la technique « sandwich », ouverte ou fermée, peut être utilisée. Le CVI peut être entièrement contenu dans la restauration composite ou exposé à la cavité orale. La base CVI assure l’étanchéité au niveau de la limite dentinaire gingivale quand l’émail est absent et réduit la profondeur de la boîte proximale de telle sorte que la photopolymérisation peut être réalisée de façon plus fiable. Le nombre d’incréments de composite nécessaire est aussi réduit.

Lorsqu’un scellement de puits ou de sillon doit être réalisé, le CVI offre une protection chimique et mécanique et un relargage de fluor prolongé. Cependant, son taux de rétention est inférieur à celui des sealants à base de résine composite. Il est cependant très utile quand la dent n’a pas encore complètement terminé son éruption et qu’il est difficile de maintenir le milieu à l’abri de toute humidité.

Pour les patients âgés, les caries radiculaires sont un réel problème. Elles sont difficiles à diagnostiquer à un stade précoce parce que les premiers changements concernent la dureté et la texture des tissus bien avant qu’une dyschromie ne soit objectivable. Les lésions précoces sont souvent masquées par la plaque et l’inflammation des tissus mous environnants et peuvent s’étendre en sous-gingival quand elles sont bien établies. Les bactéries pénètrent à travers le cément fin et atteignent rapidement la dentine sous-jacente. Le traitement des caries radiculaires inclut des applications de fluor et une bonne hygiène orale, mais un accès et une isolation difficiles peuvent compliquer la procédure. Les CVI peuvent être utilisés pour recouvrir et protéger les surfaces radiculaires exposées ou pour restaurer les lésions carieuses radiculaires sous-gingivales.

Discussion

Les CVI sont des matériaux préventifs et de restauration et sont extrêmement utiles dans les approches minimalement invasives. La combinaison de leur adhésion chimique et de leur haute biocompatibilité contribue au succès des efforts préventifs contre les caries et à l’efficacité des traitements cliniques des puits et sillons, des caries profondes et des caries radiculaires.

APPLICATION CLINIQUE

Les CVI offrent un réservoir de fluor et la possibilité de recouvrir les dents et de les protéger contre les caries. La structure dentaire est préservée parce qu’ils réduisent le retrait de tissu dentaire, procurent les éléments nécessaires à la reminéralisation ainsi qu’un joint étanche à long terme.