« Rester maître de la situation » - Clinic n° 05 du 01/05/2016
 

Clinic n° 05 du 01/05/2016

 

Passions

Catherine Bigot  

Dans sa pratique professionnelle comme sur l’eau, Hervé Drogou tient à garder la maîtrise de ce qu’il entreprend. Fan de voile depuis l’enfance, infatigable compétiteur, il enchaîne régates et championnats avec une indéboulonnable passion.

Comment la voile est-elle entrée dans votre vie ?

J’ai débuté sur les bateaux de mon père et de mon grand-père qui, sans être de grands navigateurs, étaient des amoureux de la mer. La voile est une vraie passion familiale et on s’est mis à régater sur Vaurien dès le début des années 1970.

À quel âge avez-vous commencé la compétition ?

J’avais 13 ans quand j’ai participé à mon premier championnat du monde de Vaurien en Italie, avec mon frère aîné comme équipier. Notre bateau a terminé neuvième face à près de 80 bateaux concurrents. Ce championnat allait être le premier d’une longue série.

Comment avez-vous concilié la compétition et les études ?

J’ai régaté intensément pendant une dizaine d’années, mais sans sacrifier mes études. J’ai fait tour à tour équipe avec mes frères, mon épouse et des amis. En 1980, après ma PCEM1*, mon frère et moi avons terminé troisième du championnat du monde de Vaurien au Portugal en gagnant une manche. C’est resté notre exploit pendant de nombreuses années.

Vous n’avez jamais cessé de régater ?

Si car entre le cabinet, créé avec mon épouse en 1985 à Ploemeur (Morbihan), et ma charge d’enseignant à la faculté de Nantes, j’ai fini par manquer de repos ! J’ai donc arrêté la compétition en 1990. Cela m’a permis de découvrir le plaisir de la navigation en croisière et des simples balades en mer. On louait alors des voiliers pour des croisières familiales en Bretagne ou aux Antilles.

Quel a été le déclencheur de votre retour à la compétition ?

J’ai repris doucement quand mes enfants ont été en âge de jouer le rôle d’équipier en Vaurien, dans les années 2000. L’avantage de ce petit dériveur est qu’il permet de faire de la compétition avec des enfants ou en équipe mixte tout en conservant un niveau sportif élevé.

En 2004 je suis allé jusqu’en Uruguay disputer les championnats du monde. Et lors du Mondial 2013 en Espagne, j’ai fait équipe avec ma nièce et nous avons gagné une manche !

Les régates restent donc une histoire de famille…

Oui, l’aventure se prolonge depuis trois générations et les cousins régatent souvent les uns contre les autres. Depuis notre victoire espagnole j’ai repris plus intensément la compétition. En 2014, avec mon fils, nous avons gagné deux manches du championnat du monde en Italie en terminant 3e du classement master. Et l’été dernier aux Pays-Bas, avec un ami cette fois, nous sommes encore montés sur la troisième marche du podium master.

Qu’est-ce qui vous plaît tant dans le fait d’être présent sur les compétitions nationales et internationales ?

En voile, les compétiteurs changent assez facilement de type de bateau. Il n’est donc pas rare de pouvoir se frotter aux ténors de l’olympisme ou des grandes courses océaniques. Peu de sports offrent cette chance. Essayez de disputer un match de foot avec Zidane !

Pensez-vous que votre pratique professionnelle en bénéficie ?

La compétition est exigeante et forme le caractère aux contraintes et sacrifices nécessaires à l’atteinte d’un résultat. Inconsciemment, j’ai déplacé cet esprit de compétition sur le soin apporté aux patients et ma façon de fonctionner au cabinet s’en ressent certainement. Il faut que l’équipage suive sans faire de retour en arrière sur une remarque ou un ordre. Le fonctionnement est idéal lorsque l’équipage n’a pas besoin de parler pour se comprendre.

Voile et dentisterie font donc bon ménage…

La voile est un sport très polyvalent. Il faut savoir construire un bateau, l’optimiser, inventer des pièces d’accastillage, connaître la météo, la mer, la tactique, garder une bonne condition physique, maîtriser son stress et prendre des décisions rapides. Dans le fonctionnement du cabinet et dans les soins apportés aux patients, je reproduis cette polyvalence en essayant de pousser mes connaissances dans plusieurs spécialités de la dentisterie. Je suis à l’écoute de tous les progrès pour rester compétitif au service du patient.

Sorti du Vaurien, il n’y a rien ?

Oh que si ! J’ai acheté il y a 7 ans un trimaran habitable de la série des Dragonfly. Un bateau idéal pour un chirurgien-dentiste féru de technologie. J’adore faire découvrir la voile à des néophytes. Nous avons fait une très belle sortie pour un week-end de cohésion de l’équipe du cabinet en 2012. Nous étions 8 pour partir à la découverte de Belle-Île. Cela reste un moment fort dans la vie du cabinet.

De quoi rêvez-vous maintenant ?

La voile et les bateaux me font toujours autant rêver. Il suffit que j’ouvre un magazine spécialisé ou que je mette les pieds au Salon nautique pour que de nouvelles envies surgissent aussitôt.

Je projette de naviguer en équipage, sur mon Dragonfly, jusqu’aux Açores. De façon plus intime, je rêve d’initier ma petite-fille aux plaisirs de la navigation. Mais comme elle n’a que 3 ans, je vais attendre un peu !

* Première année du premier cycle d’études de médecine, actuelle PACES (première année commune aux études de santé).