Montpellier mon amour - Clinic n° 03 du 01/03/2014
 

Clinic n° 03 du 01/03/2014

 

PASSIONS

CATHERINE BIGOT  

Chirurgien-dentiste installé depuis 1987 dans le quartier Antigone, Philippe Saurel a développé une véritable passion pour l’action politique au service de sa ville. Au point d’être candidat à la mairie lors des élections de mars.

Montpellier est-elle depuis toujours dans votre vie ?

Oui, puisque j’y suis né ! Mon père y était instituteur et même si nous l’avons suivi dans ses différentes affectations dans des villages de l’Hérault durant mon enfance, c’est au cœur de cette ville que j’ai passé l’essentiel de ma vie.

Avec un bac littéraire en poche, c’est pourtant vers la dentisterie que je me suis tourné pour avoir un métier. Je suis sorti diplômé de la Faculté d’odontologie de Montpellier en 1983, ce qui m’a d’ailleurs valu d’être le parrain de la promotion 2013… 30 ans plus tard.

En parallèle, j’ai suivi des études d’histoire jusqu’en thèse car c’est une autre de mes passions. Des connaissances historiques approfondies sont à mon avis indispensables à la bonne compréhension de la vie sociale et politique contemporaine.

Où exercez-vous aujourd’hui ?

Mon cabinet libéral, dans lequel j’exerce seul, est situé dans le quartier Antigone. Au moment de mon installation en 1987, le quartier venait juste d’être construit, avec une architecture néoclassique assez révolutionnaire pour l’époque.

Depuis 1996, j’exerce également dans un centre de santé mutualiste du groupe Languedoc Mutualité, toujours à Montpellier.

Comment l’envie de vous engager en politique est-elle née ?

Au début des années 1990, j’ai été approché par des membres du RPR pour conduire une liste, dans une grande agglomération de l’Hérault, en vue des élections municipales de 1995. Mais je n’ai pas trouvé auprès d’eux les réponses que j’attendais en matière d’engagement. À l’époque, je ne faisais pas de politique mais étais par contre très impliqué dans le milieu associatif, notamment sportif, dans des villages du département. J’avais l’impression que la politique n’était pas faite pour moi, surtout à l’échelle d’une grande ville. Le vrai déclencheur a été mon épouse, qui m’a encouragé à écrire à Georges Frêche, alors maire de Montpellier.

Quel rôle Georges Frêche a-t-il joué dans votre parcours ?

Il m’a reçu 15 jours après l’envoi de ma lettre. J’étais pour lui quelqu’un d’atypique. « Je n’ai jamais rencontré de chirurgien-dentiste historien ! » m’a-t-il lancé. Tout est parti de là.

En 1995, alors que je venais d’être élu pour la première fois conseiller municipal, il m’a confié les archives municipales de Montpellier puis l’organisation du 400e anniversaire de l’édit de Nantes en 1998, ou encore les festivités de l’an 2000. Entre-temps, il m’avait aussi proposé d’être candidat aux élections cantonales de 1998. Je suis alors devenu conseiller général en ramenant le canton d’Antigone dans le giron du PS.

Quels mandats avez-vous assumés depuis 1995 ?

J’ai été réélu deux fois aux municipales, en 2001 et 2008, et ai assumé la fonction d’adjoint au maire durant trois mandats : aux affaires sociales d’abord puis à l’urbanisme et à l’aménagement durable, et aujourd’hui à la culture. Je suis aussi conseiller général de l’Hérault depuis 1998.

Comment avez-vous réussi à concilier vie professionnelle et engagement politique jusqu’alors ?

J’avoue que c’est très compliqué. Mes indemnités d’élu compensent le manque à gagner dû à mon activité politique. Mais mon cabinet dentaire est le seul outil de travail dont je dispose. Je ne peux pas me permettre de l’abandonner !

À quoi ressemblent vos journées ?

J’exerce au cabinet de 7 h 30 à 10 h les lundi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi. Et à Languedoc Mutualité le mardi toute la journée. En dehors de cela, je mène ma vie - bien remplie ! - d’élu.

Même en pleine campagne électorale, je n’ai rien changé à cette organisation. C’est mon temps de sommeil et celui que je réserve à ma vie privée qui se sont réduits ces dernières semaines. J’ai la grande chance d’avoir une famille qui me soutient !

Comment vos patients réagissent-ils ?

Je ne parle jamais politique au cabinet. Sauf si l’initiative vient de mes patients, auquel cas j’échange rapidement avec eux. Mais les deux univers sont parfaitement séparés.

Quelles satisfactions retirez-vous de votre activité de chirurgien-dentiste ?

Mon métier est une source d’équilibre personnel précieuse. Le travail manuel me stabilise et je serais malheureux sans cet aspect-là du métier. Mon exercice me permet aussi d’être en contact direct avec la vie des Montpelliérains. C’est un formidable thermomètre de la santé du corps social. Sans compter que je trouverais vraiment dommage d’avoir une telle expérience professionnelle et de ne pas la mettre au service des autres.

Pourquoi vouloir être maire de Montpellier aujourd’hui ?

Me présenter est pour moi une évidence. Après sept élections remportées localement, je n’ai aucune raison d’hésiter. Je conduis une liste citoyenne dont les convictions constituent le fondement de mon action politique depuis 20 ans, centrée sur les questions de justice sociale et la lutte contre les inégalités.

Quelles sont les qualités particulières que vous avez développées durant cette campagne ?

Les mêmes que celles du début de mon engagement politique : savoir s’attacher à l’essentiel, ne pas écouter les chiens qui aboient… et penser à toujours regarder les étoiles au-dessus des marécages !

Après le scrutin, comment voyez-vous votre avenir ?

Je continuerai à travailler car je n’ai pas envie de devenir un professionnel de la politique. Conserver un métier permet de rester libre, notamment vis-à-vis des partis. Et puis, je n’oublie pas que ma légitimité s’est construite à Antigone. C’est l’installation de mon cabinet dans ce quartier et mon travail de chirurgien-dentiste qui m’ont fait connaître de mes concitoyens.