Prévention des récidives de caries par trois matériaux de restauration - Clinic n° 03 du 01/03/2014
 

Clinic n° 03 du 01/03/2014

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’essentiel

Antoine VASSALLO  

La nature du matériau d’une restauration semble être en relation avec la quantité de plaque dentaire et le risque ­carieux qui siègent autour de cette restauration. Le matériau composite accumulerait plus de plaque et serait donc plus cariogénique que l’amalgame ou le verre ionomère. Les bords d’un composite se craquellent en raison de la contraction de polymérisation et des forces de mastication. Le hiatus qui en découle constitue alors une niche pour les bactéries,...


La nature du matériau d’une restauration semble être en relation avec la quantité de plaque dentaire et le risque ­carieux qui siègent autour de cette restauration. Le matériau composite accumulerait plus de plaque et serait donc plus cariogénique que l’amalgame ou le verre ionomère. Les bords d’un composite se craquellent en raison de la contraction de polymérisation et des forces de mastication. Le hiatus qui en découle constitue alors une niche pour les bactéries, d’autant plus dangereuse que le matériau ne possède pas de propriétés ou d’éléments antibactériens tels que les ions mercure de l’amalgame par exemple. L’objet de cette étude est d’évaluer, in vitro, les capacités anticariogènes et l’intégrité marginale de trois matériaux d’obturation parmi les plus utilisés.

Matériel et méthode

Cette étude utilise un modèle ­cariogène expérimental in vitro. Des cavités de classe II sont préparées sur 60 prémolaires extraites saines, séparées ensuite en 3 groupes égaux pour recevoir des restaurations réalisées en amalgame, en ciment verre ionomère ou en matériau composite. Les spécimens sont soumis à un thermocyclage puis sont placés dans l’environnement cariogène artificiel pendant 10 jours. Les bactéries des bords des restaurations sont ensuite collectées et identifiées. Les micro-infiltrations marginales des restaurations sont évaluées par coloration au bleu de méthylène. La pénétration plus ou moins sévère du colorant à l’interface matériau/dent est évaluée au microscope sur 10 spécimens de chacun des 3 groupes. Les 10 autres dents de chaque groupe sont utilisées pour évaluer la déminéralisation des tissus dentaires sous l’action des bactéries en la classant : artifi­cielle externe, de paroi d’émail, de paroi de dentine.

Résultats et discussion

Aucune différence significative en nombres de bactéries présentes autour des restaurations n’est constatée pour les trois matériaux. La pénétration du colorant dans les hiatus marginaux est moins importante avec les restaurations à l’amalgame qu’avec les deux autres matériaux. C’est avec le ciment verre ionomère que les lésions artificielles externes sont significativement les moins profondes. Aucune différence significative n’est observée entre les autres matériaux. Pour les lésions de parois d’émail et de dentine, la plus faible profondeur est observée avec les restaurations à l’amalgame. Aucune différence significative n’est observée entre les deux autres matériaux.

L’ESSENTIEL

Les résultats de cette étude in vitro indiquent que les matériaux de restauration à libération de fluor (ciment verre ionomère) ne montrent pas d’effet inhibiteur sur le Lactobacillus acidophilus. Les micro-infiltrations observées sont les plus faibles avec les obturations à l’amalgame, pourtant non collées, par rapport aux matériaux composites collés et aux ciments verre ionomère. La contraction de polymérisation des composites semble bien entraîner un hiatus marginal plus important que celui d’une obturation à l’amalgame. Les lésions artificielles pariétales examinées sont les moins profondes avec les restaurations à l’amalgame, suggérant que ce matériau possède des propriétés anticariogènes. Même en présence d’un nombre équivalent de bactéries, l’effet inhibiteur des biomatériaux sur ces bactéries et l’intégrité marginale des restaurations influencent apparemment l’apparition de caries secondaires dans les dents humaines. Cette étude souffre de ne pas avoir considéré la rugosité des matériaux de restauration, leur caractère hydrophobe, le flux salivaire et l’hygiène bucco-dentaire, qui peuvent également influencer la formation de plaque dentaire.