Effet de la forme des cavités dentaires sur les risques de fracture - Clinic n° 04 du 01/04/2014
 

Clinic n° 04 du 01/04/2014

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’essentiel

Antoine VASSALLO  

La résistance à la fracture d’une dent restaurée est plus faible que celle d’une dent saine. Même si la fracture d’une dent restaurée ne survient pas, la flexibilité d’une cuspide fragilisée ou compromise peut créer un hiatus à l’interface dent/restauration et entraîner des micro-infiltrations et éventuellement des caries secondaires. Le risque de flexion des cuspides sous l’effet des charges occlusales est plus important dans les dents postérieures (maxillaires...


La résistance à la fracture d’une dent restaurée est plus faible que celle d’une dent saine. Même si la fracture d’une dent restaurée ne survient pas, la flexibilité d’une cuspide fragilisée ou compromise peut créer un hiatus à l’interface dent/restauration et entraîner des micro-infiltrations et éventuellement des caries secondaires. Le risque de flexion des cuspides sous l’effet des charges occlusales est plus important dans les dents postérieures (maxillaires surtout) en raison de leur anatomie, ce qui les prédispose à la fracture. L’objet de cette étude est d’évaluer la tension moyenne existant dans des dents préparées avec des cavités de formes différentes après application de charges cycliques.

Matériel et méthode

Dix prémolaires maxillaires humaines extraites intactes, quasi semblables par leurs dimensions coronaires, sont sélectionnées pour cette étude. Elles sont enchâssées dans des blocs de résine qui simulent l’os alvéolaire. Des jauges de tension sont collées sur les surfaces cervico-vestibulaires des dents. Celles-ci, toujours intactes, sont soumises à des charges de compression non destructives au centre de leurs faces occlusales et les tensions engendrées sont mesurées. Elles sont ensuite préparées avec une cavité occlusale (groupe O) et les forces sont appliquées au centre de la cavité. Les cavités simples sont alors transformées en cavités de classe II (groupe MO) et les tensions sont mesurées. Enfin, ces cavités sont encore étendues pour devenir des cavités MOD et les tensions sont également mesurées. Les charges sont appliquées graduellement, d’abord croissantes (50 N, 70 N, 90 N, 110 N, 130 N) puis décroissantes (50 N, 0 N).

Résultats et discussion

Les résultats montrent des tensions moyennes significativement différentes quand les dents avec des cavités de géométries différentes sont soumises à des charges occlusales non destructives. Ainsi, les tensions augmentent significativement quand les charges occlusales augmentent. Les parois des cavités de type MOD présentent des valeurs de tension significativement supérieures à celles des cavités de classe II, des cavités occlusales et des dents saines, car la perte progressive de structure dentaire engendre une flexibilité croissante des cuspides. Plus les cavités sont profondes et plus le bras de levier que constitue la cuspide de son sommet au fond de la cavité augmente, accroissant sa flexibilité et le risque de sa fracture.

L’ESSENTIEL

Dans les limites de cette étude in vitro, il peut être conclu que les valeurs de tension d’une dent, même intacte, augmentent significativement quand augmentent les charges occlusales non destructrices. Cette tension, responsable de la flexion des cuspides, est proportionnelle au délabrement de la dent. Ainsi, dans cette étude, les cavités MOD présentent des valeurs de tension des parois significativement supérieures à celles observées avec les cavités de classe II, avec les cavités occlusales et avec les dents intactes, ce qui peut s’expliquer par la perte des deux parois proximales dans ces cavités qui rompt totalement le cercle de structure tel qu’il existe dans le cas d’une cavité occlusale centrale. Ainsi, pour une dent dépulpée dont l’orifice d’accès est central et laisse intactes toutes les parois de la cavité, la résistance à la fracture n’est réduite que de 5 %. Si, en revanche, cette cavité est du type MOD, la résistance perdue est de 69 %. Cela suggère que les dents qui ont perdu une ou deux parois proximales devraient être protégées par un recouvrement des cuspides. Le hiatus qui peut se former par la flexion à l’interface adhésive peut conduire à la formation de craquelures, à des micro-infiltrations et à d’éventuelles fractures.