S’élever, toujours s’élever ! - Clinic n° 04 du 01/04/2014
 

Clinic n° 04 du 01/04/2014

 

Passions

CATHERINE BIGOT  

Quels parallèles peut-on établir entre le vol à voile et la dentisterie ? Pour Paul Lazaro, omnipraticien installé à Saint-Jean-de-Luz et passionné de vol à voile depuis l’adolescence, ces deux activités s’harmonisent parfaitement. Il a trouvé au sein de l’Association des professionnels de santé vélivoles (APSV) la structure idéale.

De quand date votre envie de voler ?

Je me suis d’abord passionné pour l’aéromodélisme. Lorsque, à 14 ou 15 ans, j’ai fabriqué mon premier planeur en modèle réduit, j’ai placé un petit personnage aux commandes. J’avais alors la certitude de prendre un jour ou l’autre la place de ce personnage, mais dans un vrai planeur ! J’ai profité de ma première année d’études dentaires à la faculté de Bordeaux pour passer mon brevet de vol à voile à Arcachon, en 1980.

Quand et où pratiquez-vous aujourd’hui ?

Je vole dès qu’il fait beau, si possible toutes les semaines, le mercredi ou le week-end. J’utilise un planeur de l’un des clubs que je fréquente régulièrement, celui d’Itxassou au Pays basque* et celui de Dax** dans les Landes. En haute saison, chacun de mes vols dure en moyenne 4 à 5 heures. En hiver, les vols sont plus courts. Au Pays basque, j’ai la chance de pouvoir survoler la partie nord des Pyrénées alors qu’à Dax, ce sont les plaines et la côte landaise qui s’ouvrent à moi. Je vole aussi de temps en temps en Aragon et survole alors le versant sud des Pyrénées.

Qu’est-ce qui vous plaît tant dans le vol à voile ?

C’est une ouverture extraordinaire ! En vol, la vision porte quasiment jusqu’à l’infini. Pour nous qui travaillons quotidiennement en bouche, dans un univers particulièrement restreint, le vol à voile offre la possibilité d’une vision très élargie. Je trouve aussi beaucoup de plaisir dans les sensations de vol : la perception physique des masses d’air, la rencontre des courants ascendants, la musique de l’écoulement d’air contre la carlingue… Bien que cette activité soit ouverte à tout le monde ou presque, j’ai toujours la sensation de pratiquer quelque chose d’exceptionnel.

Quels points communs voyez vous avec la dentisterie ?

D’abord une même sensibilité à l’esthétique. Polir des ailes de planeur est aussi satisfaisant que d’installer une belle couronne céramo-céramique en bouche !

Il y a aussi une phase de préparation minutieuse dans les deux activités. On peut tout à fait rapprocher un plan de vol d’un plan de traitement, de même que l’étude préalable d’une carte météo de l’observation préalable d’une radiographie dentaire. Dans les deux disciplines, il n’y a pas de place pour l’improvisation !

On se fixe à chaque fois de nouveaux objectifs, exactement comme en dentisterie, avec, à la clé, des apprentissages indispensables.

Quelles sont d’après vous les qualités d’un bon vélivole ?

À condition d’avoir les aptitudes physiques et mentales requises, validées par un certificat médical, tout le monde peut voler. Seuls les casse-cou sont priés de passer leur chemin ! La sécurité est essentielle et chacun se doit de respecter la réglementation aérienne, dans l’intérêt de tous.

Après l’obtention du brevet, on peut voler seul puis prétendre ensuite à la qualification « campagne » qui permet de couper le cordon avec son terrain d’origine. Lorsqu’on est un peu plus aguerri, on peut même se poser sur des terrains dits « vachables », qui sont des champs répertoriés pour accueillir des planeurs.

Pourquoi avoir intégré l’APSV ?

L’objet de l’association est de participer à l’amélioration de la sécurité et à la prévention des accidents. Elle a été créée il y a 27 ans par des médecins soucieux d’étudier l’ensemble des facteurs physiologiques, psychologiques et médicaux liés à la pratique du vol à voile. En 2000, l’année où l’association a commencé à accueillir d’autres professionnels de santé, il m’a semblé logique d’y adhérer. Je fais désormais partie du conseil d’administration et me charge d’établir le programme scientifique avec l’aide de mes confrères.

Un vol vous a-t-il marqué plus que les autres ?

Oui, quand j’ai survolé le massif des Écrins dans les Alpes, et seul. Mais cela a nécessité 10 ans de pratique assidue au préalable !

De quoi rêvez-vous maintenant ?

D’aller voler en Afrique du Sud ou en Namibie. Je sais qu’on y trouve des clubs de vol à voile. Mais en dehors de ces destinations lointaines et fabuleuses, j’ai surtout envie d’améliorer mon niveau car même après 1 500 heures de vol, la marge de progression existe ! Dans le massif alpin, j’aimerais par exemple m’aventurer plus au nord. En vol à voile comme en dentisterie, on apprend de l’expérience des autres. La pratique du planeur va de pair avec le désir de s’élever, dans tous les sens du terme !

* www.volavoileitxassou.net

** www.planeurspaysadour.net.

* www.cnvv.net

L’APSV (Association des professionnels de santé vélivoles)

Elle réunit une soixantaine de membres et organise chaque année son congrès au Centre national de vol à voile de Saint-Auban*, dans les Alpes de Haute-Provence, entre fin mai et début juin.

Durant une semaine, l’APSV propose un congrès à double vocation, à la fois scientifique et aéronautique. Les matinées sont réservées à des conférences axées sur des thématiques de santé en lien avec la pratique des sports aériens, tandis que les après-midi sont consacrés aux vols.

Les conférenciers viennent de tous horizons. Yves Delbos, vice-doyen de la faculté de chirurgie dentaire de Bordeaux, y a par exemple tenu une conférence sur l’hypnose et Franck Renouard une autre sur les facteurs humains liés à l’accidentologie.

Le prochain congrès se tiendra du 27 mai au 1er juin 2014.

À noter : nul besoin d’être un vélivole confirmé pour être membre. Les débutants sont les bienvenus.

Pour en savoir plus : http://apsv.perso.sfr.fr