Le système SonicFill™ Partie 2 – Qu’en pensent les praticiens ? - Clinic n° 06 du 01/06/2014
 

Clinic n° 06 du 01/06/2014

 

ODONTOLOGIE RESTAURATRICE – MATÉRIAUX

Nelly PRADELLE-PLASSE*   Aline HARTMANN**   Catherine MESGOUEZ-MENEZ***   Cyril VILLAT****   Brigitte GROSGOGEAT*****   Pierre COLON******  


*MCU-PH
nx.pradelle@club-internet.fr
**Université Paris Diderot
AP-HP hôpital Rothschild – Service d’odontologie
Laboratoire multimatériaux et interfaces
(UMR CNRS 5615)
Équipe biomatériaux et interfaces biologiques
5 rue Garancière – 75006 Paris
***MCU-PH
hart.endo@wanadoo.fr
****Université Paris Diderot
AP-HP hôpital Rothschild – Service d’odontologie
Laboratoire multimatériaux et interfaces
(UMR CNRS 5615)
Équipe biomatériaux et interfaces biologiques
5 rue Garancière – 75006 Paris
*****MCU-PH
catherine.menez@free.fr
******Université Paris Diderot
AP-HP hôpital Rothschild – Service d’odontologie
Laboratoire multimatériaux et interfaces
(UMR CNRS 5615)
Équipe biomatériaux et interfaces biologiques
5 rue Garancière – 75006 Paris
*******MCU-PH
cvillat@wanadoo.fr
********Université Lyon 1
Faculté d’odontologie
Hospices civils de Lyon – Service d’odontologie
Laboratoire multimatériaux et interfaces
(UMR CNRS 5615)
Équipe biomatériaux et interfaces biologiques
11, rue Guillaume-Paradin
69372 Lyon cedex 08
*********PU-PH
brigitte.grosgogeat@univ-lyon1.fr
**********Université Lyon 1
Faculté d’odontologie
Hospices civils de Lyon – Service d’odontologie
Laboratoire multimatériaux et interfaces
(UMR CNRS 5615)
Équipe biomatériaux et interfaces biologiques
11, rue Guillaume-Paradin
69372 Lyon cedex 08
***********PU-PH
pierre.colon@univ-paris-diderot.fr
************Université Paris Diderot
AP-HP hôpital Rothschild – Service d’odontologie
Laboratoire multimatériaux et interfaces
(UMR CNRS 5615)
Équipe biomatériaux et interfaces biologiques
5 rue Garancière – 75006 Paris

Le système SonicFill™ est un nouveau concept d’obturation coronaire. Une pièce à main sur laquelle est chargée l’unidose de composite va permettre, par activation sonique, de modifier la viscosité du matériau lors de l’insertion dans la cavité. Ce dispositif facilite l’adaptation marginale et le modelage. Validé au laboratoire comme étant un matériau permettant les restaurations des dents cuspidées, comment ce nouveau concept est-il perçu par les praticiens ?

Lors d’un précédent article (Le système SonicFill™. Partie 1 – Concept et caractérisation [1]), nous avons validé l’aptitude de ce nouveau matériau à être indiqué dans la restauration des dents cuspidées compte tenu de ses propriétés mécaniques, physico-chimiques, esthétiques et d’étanchéité [2].

L’originalité de cette approche (mise en place d’un matériau composite à l’aide d’une pièce à main et modification de la viscosité au cours de la manipulation) nous a fait nous interroger sur l’opinion des praticiens. L’évaluation des matériaux ou des techniques de restauration (utilisation du champ opératoire en dentisterie restauratrice [3], évaluation du diagnostic des lésions carieuses [4], évaluation des matériaux de restauration [5]) par des groupes de travail de praticiens libéraux est une méthodologie que les pays américains et scandinaves tentent de vulgariser, il s’agit du National Dental Practice-Based Research Network (National Dental PBRN). Cette pratique vise à associer l’expertise des chercheurs et des universitaires et à affiner les besoins des cliniciens et des patients par l’utilisation de questionnaires [6].

L’objectif de l’étude est d’évaluer, par le biais d’un questionnaire, le ressenti de 30 omnipraticiens ne connaissant pas le système après une brève présentation et une application directe sous forme de travaux pratiques.

Présentation des travaux pratiques

Dans un premier temps, une présentation visuelle commentée a permis de faire connaître le concept SonicFill™. Aucune démonstration n’a été effectuée. Les praticiens évaluateurs ont ensuite été invités à utiliser ce matériau pour obturer des cavités de classe I réalisées sur simulateur pour se familiariser puis des cavités de classe II sur dents naturelles. À la fin de la séance, ils ont rempli un questionnaire (encadré). Une étude statistique a été réalisée afin d’analyser les résultats recueillis.

Résultats du questionnaire

Les résultats ont été analysés item par item mais, dans cet article, nous les avons regroupés par thème et n’avons détaillé que ceux qui nous ont semblé les plus pertinents quant à la perception de ce nouveau concept.

1. L’utilisation de l’instrument, du matériau et donc du concept est-elle simple (fig. 1) ?

La pièce à main SonicFill™, avec son système de distribution du composite, est un système satisfaisant pour tous les participants.

Pour plus de 95 % des praticiens, la mise en place et la manipulation de la résine composite sont simples.

Après seulement un essai, environ 60 % d’entre eux sont intéressés par le concept et 20 % le trouvent satisfaisant.

2. Quid de la mise en place, de la dépose de la capsule du composite et de la forme de l’embout (fig. 2) ?

La plupart des participants apprécient la forme ergonomique de l’embout conçu par le fabricant pour accéder à toutes les cavités. En revanche, 29 % d’entre eux trouvent difficiles la mise en place et la dépose de la capsule. Ce point pourrait peut-être être amélioré.

3. Comparaison par rapport à la technique habituelle des praticiens en termes d’insertion, de modelage, de variation de viscosité (fig. 3).

87 % des praticiens semblent plutôt satisfaits de l’insertion du composite au sein des cavités, mais ils sont un peu moins enthousiastes quant au modelage de ce dernier (32,2 % d’insatisfaits.) Ce point serait à réévaluer avec une courbe d’apprentissage et le réglage de la fréquence de vibration sur la pièce à main.

4. Rapport résultat obtenu/temps passé (fig. 4).

77 % des praticiens trouvent ce rapport satisfaisant, permettant ainsi d’associer rapidité et qualité du résultat.

5. Quid du rendu esthétique pour les dents postérieures, de l’obtention de la forme anatomique (fig. 5) ?

70 % des praticiens sont assez satisfaits, en revanche, 29 % sont insatisfaits en matière d’esthétique. Augmenter le choix de teinte peut être une autre piste d’amélioration du concept. Quant à l’obtention de la morphologie, il s’agit d’un paramètre lié aussi au « coup de main » du praticien, habitué à utiliser les matériaux composites qui se travaillent en stratification. Or, le SonicFill™ se travaille plutôt en masse.

6. Comment évaluez-vous votre adaptation à ce nouveau concept (fig. 6) ?

Cette donnée permet de constater que la courbe d’apprentissage de manipulation du matériau est négligeable, car les praticiens ont estimé à plus de 80 % s’être bien ou plutôt bien adaptés au concept.

7. Combien de temps estimeriez-vous gagner en utilisant ce concept dans votre pratique actuelle ?

Les praticiens, à 77,3 %, estiment que ce concept permet de gagner du temps. Cela est sans doute dû à l’ergonomie du système SonicFill™ (prise en main du matériel, insertion en masse ou technique bulk) et à la technique de modelage que permet une insertion en un seul apport.

8. Recommanderiez-vous ce concept et seriez-vous prêt à l’utiliser (fig. 7) ?

En réponse à cette question :

• 71 % des praticiens recommanderaient ce système ;

• 77,4 % d’entre eux seraient prêts à l’utiliser.

Ces résultats montrent que ce système est rapidement intégré par les utilisateurs.

9. Quels sont, selon vous, les points forts et les points faibles du concept (fig. 8) ?

La variation de viscosité est sans aucun doute l’argument qui a le plus séduit les participants, ce paramètre permettant effectivement d’assurer une bonne adaptation des marges puis d’effectuer un modelage de façon relativement aisée.

Le résultat esthétique (composite très translucide) et le coût de la pièce à main semblent être les principaux défauts du système SonicFill™ rapportés par les praticiens.

Conclusion

Comme tout nouveau concept, un temps d’apprentissage est nécessaire à l’optimisation de la qualité des résultats obtenus. Cependant, il semble ressortir comme idée principale que cette technique est facile à mettre en œuvre et rapidement intégrée par les évaluateurs. La principale nouveauté, à savoir modification de la viscosité au cours de la manipulation, a séduit un grand nombre des praticiens.

Ce travail s’inscrit dans les recommandations actuelles, conformes au principe de la médecine fondées sur les preuves. Il met en exergue l’intérêt de constituer des réseaux d’évaluation par des praticiens libéraux afin d’associer aux connaissances scientifiques les valeurs de la pratique généraliste (expérience clinique, gestion du souhait du patient) pour conduire à la décision thérapeutique idéale. [17].

Bibliographie

  • [1] Pradelle-Plasse N, Bloch M, Grosgogeat B, Colon P. Le système SonicFill™ Partie 1 – Concept et caractérisation. Clinic 2014;35: 297-301
  • [2] Ilie N, Bucuta S, Draenert M. Bulk-fill resin-based composites : an in vitro assessment of their mechanical performance. Oper Dent 2013;38:618-625.
  • [3] Gilbert GH, Litaker MS, Pihlstrom DJ, Amundson CW, Gordan VV ; DPBRN Collaborative Group. Rubber dam use during routine operative dentistry procedures : findings from the Dental PBRN. Oper Dent 2010;35:491-499.
  • [4] Gordan VV, Riley JL 3rd, De Carvalho RM, Snyder J, Sanderson JL JR, Anderson M et al. Methods used by dental practice-based research network dentists to diagnose dental caries. Tex Dent J 2013;130:321-332.
  • [5] Makhija SK, Gordan VV, Gilbert GH, Litaker MS, Rindal DB, Pihlstrom DJ et al. Practitioner, patient and carious lesion characteristics associated with type of restorative material : findings from the Dental Practice-Based­Research Network. J Am Dent Assoc 2011;142:622-632.
  • [6] Gilbert GH, Williams OD, Korelitz JJ, Fellows JL, Gordan VV, Makhija SK et al. Purpose, structure, and function of the United States National Dental Practice-Based Research Network. J Dent 2013;41:1051-1059.
  • [7] Seif J, Vergnes JN, Attal JP. Evidence based dentistry : définitions actuelles. Inf Dent 2010; 20:26-29.

Remerciements

Nous adressons nos chaleureux remerciements au Pr Denis Bourgeois, doyen de l’UFR d’odontologie de Lyon, pour son accueil et la mise à disposition de la salle de travaux pratiques, ainsi qu’à tous les participants.

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