Conduction de la chaleur des boissons dans les implants - Clinic n° 08 du 01/09/2014
 

Clinic n° 08 du 01/09/2014

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’essentiel

Les métaux tels que le titane et ses alliages sont d’excellents conducteurs thermiques. Des nécroses corticales et des retards de cicatrisation ont été observés après un suréchauffement de l’os. L’os peut être surchauffé par le meulage d’un pilier implantaire en place par exemple. L’objet de cette étude est de déterminer s’il existe une différence significative dans le transfert de chaleur à différents niveaux de l’implant, entre différents types d’implants (en...


Les métaux tels que le titane et ses alliages sont d’excellents conducteurs thermiques. Des nécroses corticales et des retards de cicatrisation ont été observés après un suréchauffement de l’os. L’os peut être surchauffé par le meulage d’un pilier implantaire en place par exemple. L’objet de cette étude est de déterminer s’il existe une différence significative dans le transfert de chaleur à différents niveaux de l’implant, entre différents types d’implants (en une ou deux pièces), selon le diamètre des implants (3,7 et 4,7 mm) et avec ou sans présence d’une restauration provisoire.

Matériel et méthode

Dans un modèle en plastique reproduisant une cavité buccale dans son compartiment supérieur et l’os mandibulaire dans son compartiment inférieur, des implants une pièce (monobloc implant-pilier) et deux pièces (pilier fixé sur implant) sont placés dans le compartiment inférieur dans un bloc d’os bovin mandibulaire entouré d’eau à 37 °C. Les deux compartiments sont séparés par une feuille de plastique. Les piliers implantaires la traversent et baignent dans le compartiment supérieur rempli d’eau chauffée à 60 °C, qui simule une boisson chaude consommée, avant d’être refroidis spontanément à 37 °C pendant 100 à 600 secondes selon la zone. Les dents provisoires sont fabriquées en résine et scellées avec un ciment provisoire. Cinq électrodes thermo­couples reliées à un ordinateur sont utilisées pour enregistrer les températures à différents endroits de chaque ensemble implant-pilier, avec ou sans la dent provisoire.

Résultats et discussion

Les corrélations entre les températures relevées sur les piliers et celles relevées sur les implants sont enregistrées. La conduction de la chaleur à partir du pilier exposé au liquide chaud est significativement plus élevée dans la zone cervicale de l’implant que dans sa zone apicale. La température mesurée au niveau crestal de l’implant peut atteindre 60 °C, équivalente à celle de l’eau environnante, et elle se maintient à plus de 50 °C pendant plus de 1 minute. Un des groupes expérimentaux (1 pièce, 4,7 mm) montre également que la température à mi-longueur de l’implant est supérieure à 47 °C, même en présence d’une dent provisoire sur le pilier. Le diamètre de l’implant, son type (une ou deux pièces) ainsi que la présence d’une dent provisoire ont un effet significatif sur la température maximale enregistrée. Ainsi, des températures maximales élevées sont observables avec des implants de gros diamètre.

L’ESSENTIEL

Dans cette étude in vitro réalisée sur un modèle représentant une cavité buccale exposée à la température d’une boisson chaude, les résultats indiquent que des piliers implantaires portés par des implants placés sur un os bovin conduisent la chaleur significativement plus dans la zone cervicale de l’implant que dans sa région apicale. Cette chaleur pourrait être nuisible à la cicatrisation des tissus périphériques. Il a été montré qu’une surchauffe de l’os à 47 °C pendant 1 minute ou à 40 °C pendant 7 minutes pendant la préparation d’un site implantaire affectait défavorablement la survie de l’implant. Toute élévation de température doit être minimisée après la chirurgie. Le degré de conduction de la chaleur est augmenté, dans l’ordre, par un gros diamètre d’implant, par un ensemble implant-pilier monobloc et par l’absence d’une dent provisoire. Bien que le modèle de laboratoire avec un os bovin utilisé dans cette étude ne puisse être assimilé à des implants placés dans un os humain vivant, les résultats suggèrent que les patients doivent être mis en garde afin d’éviter les aliments et liquides chauds jusqu’à ce que la cicatrisation des tissus mous puisse procurer une certaine isolation à l’implant contre une conduction de chaleur excessive.