Comme un grand

Il est rare qu’une société étrangère choisisse la France comme tête de pont en Europe. C’est ce qu’a fait la compagnie sud-coréenne Vericom, dont je vous ai déjà parlé à l’occasion d’un article sur le Well-Root™, ciment d’obturation canalaire à base de biocéramique. Lors d’un échange avec le représentant sur son stand au congrès de l’ADF, celui-ci m’a confié quelques échantillons de ses produits. Le DenFil™ est un composite micro-hybride, sans doute pas de la toute dernière génération, mais qui présente un ensemble de qualités cliniques appréciables.

Un ensemble homogène

Chargé à 80 % en poids, il contient des particules de silicate de baryum d’environ 1 µm et de silice de 0,04 µm. Sa matrice organique est principalement constituée de bis-GMA et de TEDGMA, un monomère couramment employé dans la fabrication des composites mais également réputé pour sa cytotoxicité élevée au contact des fibroblastes. Je n’avais à ma disposition qu’une seringue de 4 g en teinte A3, ce qui ne m’a pas vraiment permis de me faire une idée précise des possibilités esthétiques de ce produit. La fiche d’informations révèle qu’il est disponible en 16 teintes différentes, dont 2 opaques et 3 translucides, ce qui semble plus que suffisant pour répondre à toutes les demandes courantes. Il est également fourni en capsules pour pistolet à composite, une présentation que j’affectionne particulièrement dans les secteurs postérieurs. Pour l’heure, l’unique teinte essayée, d’opacité intermédiaire, s’est révélée absolument parfaite. Conforme aux références VITA, elle s’intègre totalement dans l’environnement de la dent avec un mimétisme irréprochable et une aptitude au polissage ne suscitant pas la moindre critique. La consistance est à peine un peu trop souple à mon goût, mais sans excès. Le produit ne colle pas franchement à la spatule, il se modèle assez facilement mais, sur les molaires, mieux vaut procéder avec méthode, selon les règles en vigueur aujourd’hui. Bon à savoir : ne reconstituer et photopolymériser les cuspides que l’une après l’autre.

Incertain à long terme

Cela permet de conserver les reliefs ad hoc qui, autrement, auraient tendance à s’affaisser si l’on attend un peu trop. C’est l’inconvénient des composites micro-hybrides par rapport aux nano-hybrides qui se tiennent un peu mieux et présentent, d’emblée, un état de surface très lisse. En revanche, l’aptitude des matériaux plus classiques comme le DenFil™ à se mouler aux parois des cavités est un avantage certain, qui limitera le risque de bulles et même l’emploi d’un composite fluide pour mieux combler les anfractuosités, notam?ment les zones proches de la matrice. Bien sûr, il est impossible de prédire le devenir à moyen ou long terme d’un tel produit après quelques essais cliniques dans des conditions on ne peut plus classiques. Mais son comportement immédiat est quasi irréprochable, ce qui n’est déjà pas si mal. Je suis toujours stupéfait de découvrir à Cologne les réalisations coréennes. Le soin apporté à la mise au point de matériaux de belle qualité est ici remarquable, même si celui-ci n’a rien d’innovant. Ce qui prouve à l’évidence que lorsque des gens veulent réussir à côtoyer les plus grands, ils peuvent tout à fait y parvenir s’ils s’en donnent les moyens.