Arguments « pour », arguments « contre » - Clinic n° 11 du 01/11/2016
 

Clinic n° 11 du 01/11/2016

 

RÉSEAUX DE SOINS

ACTU

ACD  

Au lendemain de la publication par le CISS*, 60 millions de consommateurs et Santéclair d’une étude commandée au Cabinet Asterès, vantant les bienfaits des réseaux de soins, l’Observatoire de la CNSD** a dressé à l’inverse un bilan des « dégâts » provoqués par ces réseaux en s’appuyant sur les témoignages de « milliers de chirurgiens-dentistes ».

L’étude du Cabinet Asterès note qu’il existe aujourd’hui sept plateformes distinctes qui contractualisent avec des professionnels de santé pour un total de 40 millions d’assurés. Les diminutions tarifaires de ces professionnels de santé partenaires varient selon les soins (optique, dentaire, ostéopathie, audioprothèse, chiropraxie ou encore consultations de diététique) « de 10 à 50 % par rapport à la moyenne du marché ». Dans le domaine dentaire en particulier, l’analyse de plus de 95 000 devis reçus par Santéclair permet d’observer, selon l’étude, une réduction moyenne des prix de 19 % au sein du réseau relativement aux prestataires hors réseau, « à plan de soins et matériaux comparables », est il précisé. Et d’ajouter que pour 8 % des devis dentaires, le réseau permet d’annuler la totalité du reste à charge des patients. Et cela conjointement à une qualité des soins « encadrée », ajoutent les commanditaires de l’étude.

Contre

« La baisse artificielle des tarifs des soins ne se fait pas sans dégâts », constate au contraire l’Observatoire des réseaux de soins mis en place par la CNSD dans un bilan sévère de 30 mois d’application de la loi Leroux (27/01/2014) sur les réseaux de soins. S’appuyant sur « les témoignages de milliers » de chirurgiens-dentistes, l’Observatoire dénonce le système d’accord préalable mis en place par les plateformes qui « détournent systématiquement » le patient vers un praticien du réseau en ayant recours au démarchage téléphonique, aux courriers vantant les prix attractif et à la diffusion de listes incitatives. L’Observatoire met en cause la « qualité des soins » mise en avant par les plateformes. Les complémentaires « n’ont aucun moyen de contrôler la qualité médicale des traitements, ni la qualité des services et aucun réseau ne propose un service de recueil des plaintes des patients qu’ils ont détournés de leur praticien initial. » Sont aussi dénoncés les réseaux qui « réclament au patient… des documents couverts par le secret médical ». Enfin, l’Observatoire rapporte que des praticiens retraités sont employés comme consultants par les réseaux pour « surveiller les devis et empêcher la réalisation de traitements dès lors que leurs montants dépassent un seuil » et pour « tenter par tout moyen » de diriger le patient vers un praticien du réseau. Réagissant à la publication de l’étude du Cabinet Asterès, le CNPS*** réclame « une évaluation publique et contradictoire des réseaux de soins ». La loi Leroux prévoyait que le Gouvernement remette cette étude tous les ans au Parlement avant le 30 septembre. Mais cette disposition n’a jamais été appliquée.

* CISS : Collectif inter associatif sur la santé

** CNSD : Confédération nationale des syndicats dentaires

***CNPS : Centre national des professions de santé