La fin de l’espoir - Clinic n° 01 du 01/01/2017
 

Clinic n° 01 du 01/01/2017

 

DE BOUCHE À OREILLE

Frédéric BESSE  

frbesse@hotmail.fr

La fin du mois de novembre a vu la victoire surprise de François Fillon à la primaire de la droite dans notre pays. Cependant, rien ne dit que Fillon sera élu. Mais surtout, un candidat de droite, « libérale » cette fois, a repris l’idée qui se met en place dans les ministères depuis des années (car seuls les énarques qui nous gouvernent disposent du temps long pour appliquer leurs idées) de la séparation Sécurité sociale/Mutuelles. À la première de payer toutes les...


La fin du mois de novembre a vu la victoire surprise de François Fillon à la primaire de la droite dans notre pays. Cependant, rien ne dit que Fillon sera élu. Mais surtout, un candidat de droite, « libérale » cette fois, a repris l’idée qui se met en place dans les ministères depuis des années (car seuls les énarques qui nous gouvernent disposent du temps long pour appliquer leurs idées) de la séparation Sécurité sociale/Mutuelles. À la première de payer toutes les pathologies lourdes, les longues maladies, les ALD, les pensions. Aux secondes tous les soins de ville, la bobologie, et certains compléments de la SS, dont la dentisterie.

L’État a décidé de nous donner aux mutuelles, la nouveauté étant qu’apparemment, tous les politiques sont d’accord sur cela.

Chers confrères, chères consœurs, avalez vos calottes, malgré la présidentielle à venir, nous n’échapperons pas à la dictature de la finance.

Ces grands groupes voulant faire le maximum d’argent grâce aux cotisations des assurés, dans une spirale de cupidité qui laisse pantois, leur intérêt sera d’en redistribuer le moins possible sous la forme de remboursements. Donc de limiter les montants de nos actes, quels qu’ils soient. Cela signifie que nous aurons des tarifs imposés pour la prothèse, l’implantologie, la parodontie, etc.

La première étape de ce processus se met insidieusement en place depuis des années sous la forme des réseaux de soins.

Rappelons à ceux qui auraient manqué les épisodes précédents qu’un réseau de soins invite des praticiens à signer des contrats par lesquels le réseau lui envoie des patients, et paie le praticien en tiers payant. Une fois que le réseau contrôle le flux de clientèle et les flux financiers du cabinet, il tient le praticien à sa merci et peut alors tout exiger de lui : prix, protocoles, plateau technique, formations, réduisant le signataire à un prestataire de services taillable et corvéable à merci.

Que faire pour contrer cette évolution désastreuse qui se traduira par une perte totale de liberté et une perte importante de revenus ? Un déconventionnement massif des praticiens, vieux serpent de mer syndical, serait très efficace. Mais nombreux sont les praticiens, dans les zones surdotées en dentistes, qui ne pourraient pas l’envisager.

La réduction drastique des coûts de fonctionnement de nos cabinets sera une autre option qu’il faut d’ores et déjà creuser. Mais elle signifie que nous allons devoir passer à côté des sensationnelles évolutions techniques de notre métier : cone beam, empreinte optique, usinage au cabinet etc., sauf à mutualiser ces moyens au sein de cabinets de groupe dotés de nombreux praticiens.

Informer les patients sur les risques qu’ils prennent à signer avec des mutuelles adossées à des réseaux est une bonne approche, mais que faire lorsque ces mêmes patients feront état d’une mutuelle d’entreprise telle que rendue obligatoire par la loi (dans le but, toujours, de transférer la médecine de ville aux mutuelles) ?

Sauf révolte violente des professionnels de santé, il n’y a plus guère d’espoir de voir notre indépendance préservée dans les décennies à venir.