Si j’étais ministre de la Santé… - Clinic n° 06 du 01/06/2017
 

Clinic n° 06 du 01/06/2017

 

C’EST MON AVIS

Sophie DARTEVELLE  

Présidente de l’UFSBD

Alors même que les pathologies dentaires concernent tous les Français, qu’elles sont évitables, que 4 Français sur 10 s’éloignent du cabinet dentaire et que les inégalités de santé se creusent, alors que le mot « prévention » est inscrit au fronton de la loi de santé, nos autorités de tutelle n’osent toujours pas regarder le problème en face et restent sourdes à notre revendication d’inscrire enfin la santé dentaire dans le parcours santé de tous nos concitoyens. Et...


Alors même que les pathologies dentaires concernent tous les Français, qu’elles sont évitables, que 4 Français sur 10 s’éloignent du cabinet dentaire et que les inégalités de santé se creusent, alors que le mot « prévention » est inscrit au fronton de la loi de santé, nos autorités de tutelle n’osent toujours pas regarder le problème en face et restent sourdes à notre revendication d’inscrire enfin la santé dentaire dans le parcours santé de tous nos concitoyens. Et pourtant…

Si j’étais ministre de la Santé, je m’emparerais du sujet de la santé bucco-dentaire, marqueur important de santé, et j’apporterais la preuve que la prévention, cela paye ! Je mettrais en avant la nette amélioration de l’état de santé bucco-dentaire de nos concitoyens, obtenue en grande partie grâce aux actions de proximité menées par les chirurgiens-dentistes, et je m’appuierais sur cette profession exemplaire pour gommer définitivement les inégalités de santé, plutôt que de la rendre responsable d’une situation qui est la conséquence logique d’un système dont ils n’ont de cesse de démontrer les limites. Il n’est pas trop tard, à condition…

… d’oser les solutions de bon sens. Osons enfin passer d’une logique de soins à une logique de santé et décrétons que la prévention bucco-dentaire est une grande cause nationale ! Proposons à chacun un véritable parcours santé grâce à des examens de prévention tout au long de la vie !

Des mesures de prévention collective en faveur de toute la population, des plus jeunes aux plus âgés, doivent être mises en œuvre sans délais : réévaluation de la taxe soda pour lutter directement contre les effets néfastes des excès de consommation de boissons sucrées sur les dents de nos plus jeunes, baisse de la TVA sur les produits d’hygiène bucco-dentaire afin de les faire entrer dans la catégorie des produits de première nécessité. Les brosses à dents et le dentifrice ne sont pas de simples « produits d’hygiène » et personne n’a jamais inventé de meilleur vaccin que la brosse à dents contre la carie !

… d’oser informer et éduquer. Force est de constater qu’une grande partie des Français ne consulte qu’en cas d’urgence et que certaines catégories sociales, les plus fragiles et les plus dépendantes, sont de plus en plus éloignées des parcours de soins, faisant la confusion (alimentée par les médias) entre soins conservateurs et soins restaurateurs et brandissant le prétendu « coût de la santé dentaire » pour ne pas inscrire la visite annuelle chez leur dentiste comme un rendez-vous incontournable.

Je suis convaincue que c’est en étant au plus proche des Français que nous pourrons agir sur leurs comportements et leurs facteurs de risque ; les actions de proximité dans tous les lieux de vie, crèches, écoles, entreprises, instituts médico-éducatifs, établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes…, doivent pouvoir être menées sans tarder.

… et de donner enfin aux chirurgiens-dentistes les moyens d’assurer une bonne santé bucco-dentaire pour tous. Examens de prévention réguliers tout au long de la vie, prise en charge des bilans parodontaux et de la maintenance parodontale, actions de prévention, tous ces actes doivent faire partie de notre arsenal préventif et thérapeutique, aux côtés des techniques de restauration les plus récentes.

Des réformes structurelles de notre système de santé s’imposent !

En défendant la santé bucco-dentaire de tous les Français, c’est leur état de santé générale que l’on améliore !