Donner au patient le prix d’achat de la prothèse… - Clinic n° 01 du 01/01/2015
 

Clinic n° 01 du 01/01/2015

 

Qu’en dites-vous ?

UN NON-SENS

Évelyne PEYROUTY Secrétaire générale du Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes (49 – Trélazé)

Indiquer le prix d’achat de la prothèse est un non-sens dans un devis et ne permettra pas aux patients de faire des économies. Et faire des économies à quel prix ? Avoir une prothèse en bouche qui n’est pas réalisée avec des matériaux de qualité ? Les chirurgiens-dentistes ne sont pas des revendeurs de prothèses ! Lorsqu’une prothèse...


UN NON-SENS

Évelyne PEYROUTY Secrétaire générale du Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes (49 – Trélazé)

Indiquer le prix d’achat de la prothèse est un non-sens dans un devis et ne permettra pas aux patients de faire des économies. Et faire des économies à quel prix ? Avoir une prothèse en bouche qui n’est pas réalisée avec des matériaux de qualité ? Les chirurgiens-dentistes ne sont pas des revendeurs de prothèses ! Lorsqu’une prothèse est réalisée pour un patient, il ne s’agit pas que d’une simple pose d’un dispositif quelconque ; il y a tout un travail médical de diagnostic avec des indications en fonction de la demande du patient et de ses besoins de restauration esthétique et fonctionnelle. Les prothèses posées en bouche sont des dispositifs médicaux sur mesure qui font partie intégrante de la personne. Leur réalisation nécessite l’utilisation de matériaux de qualité, d’un cabinet aux normes et d’un travail médical par une personne compétente en amont. Ensuite, un travail d’équipe avec les personnes de confiance que sont nos prothésistes permet une fabrication sur mesure du dispositif. Il me semble donc clair que le prix des honoraires du prothésiste n’a rien à faire sur un devis !

PAS PIRE QUE MAINTENANT

Pierre DANA (75 – Paris)

Fournir un prix d’achat ? Si ce doit être le cas, j’indiquerai séparément le coût du prothésiste et le montant que j’estime pour mon travail. Il faut arrêter de dire que l’on se rattrape sur la prothèse. Le montant demandé pour nos traitements prothétiques se décompose en divers postes : le technicien de laboratoire, les charges du cabinet, les charges personnelles et notre rémunération. Il permet d’amortir une partie des frais du cabinet. Je ne vois pas ce que cela changerait par rapport au devis tarabiscoté actuellement proposé. Tout ce qui a été discuté jusqu’à présent l’a été à notre désavantage. Je n’accuse pas les syndicats ; le problème est le manque d’argent dans le système. Mais la grande erreur a été d’accepter que les travaux de prothèse compensent un peu les soins. Maintenant, ils prennent en charge toute la dentisterie. Je ne suis pas d’accord pour que les patients choisissent leur prothésiste. En cas de problème, qui aurait la responsabilité de l’élément posé ? Certains prothésistes parlent aussi de réaliser certains actes en bouche… Comme le dit ce vieil adage, « à chacun son métier »… On ferait bien de suivre ce conseil.

INACCEPTABLE

Marc SABEK Administrateur de CNSD Services (37 – Tours)

Modifier une nouvelle fois la loi et les dispositions relatives à l’information du patient n’est pas acceptable pour au moins deux raisons majeures. D’abord parce que les règles relatives à la soi-disant transparence de l’information du patient ont changé cinq fois en cinq ans. Jamais une loi n’a été à ce point mise à mal par ceux qui sont chargés de la faire. Et ce alors que les devis donnent déjà l’information la plus détaillée possible : coût du dispositif médical, frais de structure, honoraires du praticien.

À cela s’ajoute la question fondamentale de l’exercice du chirurgien-dentiste pris dans sa globalité, c’est-à-dire l’ensemble des actes réalisés dans le cabinet. On nous demande le prix d’achat. Mais dans aucune activité économique, on ne donne le prix d’achat et le prix de vente sur une note d’information. On donne l’ensemble des prestations qui accompagnent « la prestation », qui précisent la valeur ajoutée, qui justifient la différence entre les coûts et le prix de vente. Et ces justifications sont d’abord liées au service rendu.

Les assureurs ne veulent pas prendre en compte ce service rendu. Sous couvert de « transparence », ils veulent réduire le service médical à de simples prestations commerciales et, donc, appliquer les marges de service telles qu’elles sont pratiquées dans les professions commerciales, de la même façon que l’on revend une bouteille de vin.

Certains chirurgiens-dentistes n’ont pas appliqué le devis actuel (trop compliqué). Ils pensent que donner le prix d’achat serait plus simple. C’est insensé car ils acceptent de faire table rase de tout le service médical qu’ils apportent et adoptent la logique commerciale, contraire aux principes déontologiques et humanistes de l’exercice médical.