Un cabinet sorti de terre - Clinic n° 03 du 01/03/2018
 

Clinic n° 03 du 01/03/2018

 

ÉQUIPE ET ESPACE

MARIE-CLAIRE POLO  

En janvier 2017, un nouveau cabinet est né dans la petite commune de Mignaloux-Beauvoir, en périphérie de Poitiers (Vienne). Les efforts conjugués de Marion Mégly et Sylvia Nicol, deux jeunes praticiennes complices, ont su tirer parti d’un espace tout en longueur pour aménager un lieu d’exercice ergonomique. Depuis un an, le duo allie au quotidien coordination et indépendance, épaulé par une équipe professionnelle et soudée. Rencontre dans ce lieu où rien n’a été laissé au hasard.

Sur le GPS, les coordonnées du cabinet indiquent encore un champ. C’est dire si le bâtiment est neuf ! Inauguré en janvier 2017, à 5 minutes à pied du centre-ville de Mignaloux-Beauvoir, 4 000 habitants, il est repérable à sa forme moderne et aérienne, à l’entrée d’un lotissement quasiment achevé.

Arrivée en 2010 à Mignaloux-Beauvoir pour un remplacement, Marion Mégly s’est vite attachée à cette petite ville calme et aisée de l’agglomération poitevine et à sa patientèle. Quand l’opportunité se présente, elle reprend le cabinet, le seul de la commune. Mais le lieu, surnommé « la grotte », est trop étroit et obscur. Lorsqu’elle apprend que 500 nouveaux logements sont prévus sur la commune, elle met une option sur une parcelle du terrain. Les deux associées se sont bien trouvées. La rencontre a eu lieu quand Sylvia Nicol a remplacé Marion Mégly pour son troisième congé maternité. Toutes deux diplômées en 2007, la première à Rennes, la seconde à Nantes, elles ont chacune 3 enfants des mêmes âges : 8, 5 et 3 ans. Sylvia Nicol s’est plu à Mignaloux, elle est partante pour s’y installer et rejoint le cabinet, attirée par la modernité du futur bâtiment. Avant de voir leur nouveau lieu d’exercice sortir de terre, les deux femmes doivent s’armer de patience. Les devis, les banques, les rencontres avec le maître d’œuvre et les retards des travaux exigent beaucoup de temps et d’énergie. Mais le résultat en vaut la peine.

Au service de l’ergonomie

Dans cet espace étroit et tout en longueur, la difficulté était d’éviter les « zones de friction ». Il fallait trouver le moyen d’éviter aux assistantes de passer par la salle d’attente avec les plateaux, tout en créant un espace agréable et convivial tant pour les patients que pour toute l’équipe. Un défi relevé avec talent par un architecte, Guillaume Tripoteau, qui concevait son premier cabinet dentaire. Avec lui, l’équipe a fait le choix judicieux d’une salle d’attente toute en longueur qui permet d’optimiser l’espace imposé par les normes « handicapés ».

En entrant, le patient arrive au bureau d’accueil, puis s’installe à droite ou à gauche dans le large couloir qui donne sur l’entrée de chaque cabinet. De l’autre côté des salles de soins, un second couloir, parallèle au premier, est réservé à la stérilisation. Là encore, les praticiennes ont voulu assurer la fluidité des déplacements, notamment pour les assistantes : « ce sont surtout elles qui courent ; nous, au fauteuil, on bouge peu », souligne Marion Mégly. La galerie est donc divisée en deux parties, chacune dévolue à une assistante et à sa chaîne de stérilisation. La zone sale est située face à la salle de soins, puis les deux chaînes se rejoignent au niveau de la zone propre qui communique avec l’accueil. Cette indépendance des chaînes a demandé un investissement conséquent mais, de l’avis des deux associées, éviter les zones de conflit peut se révéler essentiel sur le long terme.

Ici, le patient est accueilli avec naturel, simplicité et bonne humeur. La décoration a été pensée plutôt sobre, dans les tons gris et taupe, mais élégante : de longues lignes, des plantes gracieuses, des tableaux colorés et un lustre moderne et aérien qui trône au-dessus de l’accueil. Marion Mégly est de toutes les inaugurations de cabinet, à l’affût des bonnes idées. Au sol de la salle d’attente, les praticiennes ont voulu un revêtement gris avec un effet damier sous la lumière de l’hiver. Un coup de cœur repéré ensemble dans un restaurant. Des enceintes discrètes murmurent des airs du moment pour détendre les patients.

Une équipe dynamique et unie

Marion Mégly et Sylvia Nicol ont fait du bien-être de leur équipe une priorité. Leur souhait était d’avoir un cabinet ergonomique dans lequel il est agréable de travailler. Malgré l’absence de fenêtres extérieures, les salles de soins sont agréables car doublement exposées à la lumière grâce à une vitre opaque du côté attente et une ouverture du côté salle de stérilisation, éclairée à travers sa baie vitrée. À l’heure du déjeuner, les cinq jeunes femmes peuvent se retrouver à l’étage, dans une salle de repos spacieuse et conviviale. Une grande table, un canapé, une petite cuisine et une large terrasse orientée plein ouest accueillent toute l’équipe dans une ambiance très joviale. Tous les 15 jours, la maisonnée se retrouve pour une réunion. Et pour souder le groupe, une sortie divertissante est organisée chaque année. La dernière en date, un escape game, a laissé un excellent souvenir malgré la défaite. D’expérience, les deux praticiennes savent qu’il peut être complexe et coûteux de faire venir un remplaçant. C’est pourquoi elles ont eu l’idée d’optimiser l’étage en installant un canapé-lit et une salle de bains afin d’héberger ceux qui le demanderaient.

Si l’ensemble fonctionne harmonieusement, c’est aussi parce que les deux femmes tiennent à leur indépendance. Les deux fauteuils sont très autonomes. Les assistantes dentaires et la majeure partie du matériel ne figurent pas dans la société civile de moyens qui organise cet équilibre. Quelles que soient les évolutions envisagées par l’une ou l’autre, la liberté de s’investir ou non demeure primordiale. Sylvia Nicol envisage ainsi de s’équiper d’un CEREC qu’elle estime plus gratifiant pour son assistante, tandis que le cabinet dans son ensemble pourrait se doter d’un appareil d’empreinte optique.

Alors que Marion Mégly s’oriente de plus en plus vers l’endodontie et que l’agenda de Sylvia Nicol se remplit déjà très vite, l’équipe envisage d’accueillir un troisième praticien dans la salle de soins actuellement utilisée pour les urgences ou en appoint. « Si l’on veut intégrer quelqu’un, il faut que ça colle. Sinon, cela peut remettre en cause tout notre équilibre », remarque Sylvia Nicol. Le duo se donne donc le temps de trouver la bonne personne.