Vers une standardisation du métier ? - Clinic n° 04 du 01/04/2018
 

Clinic n° 04 du 01/04/2018

 

ENQUÊTE

Le métier d’assistant(e) dentaire est en pleine phase de changement. Des discussions entre le ministère de la Santé, les représentants des chirurgiens-dentistes et des assistant(e) s dentaires visent à faire évoluer la profession. Mais quel chemin prendre ?

Depuis la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016, la profession d’assistante dentaire est inscrite au Code de la santé publique. Aujourd’hui, les 22 000 assistant(e)s dentaires françaises sont des auxiliaires médicales, au même titre que les aides-soignant(e)s ou les ambulanciers.

Avec cette évolution, il est important pour Dominique Munoz, présidente de l’Union française des assistant(e)s dentaires (UFAD), que la profession « soit cadrée » par un diplôme d’État, « indispensable pour sa reconnaissance », et non plus uniquement par un certificat de qualification. Elle plaide aussi pour qu’une fiche de poste détermine les compétences et les actes de l’assistant(e) dentaire. « Pour certains chirurgiens-dentistes, elles sont de vraies collaboratrices », témoigne Kathy Denys, assistante dentaire et formatrice. « Ils estiment que, même si elles ne soignent pas, il relève de leur responsabilité de savoir ce que le praticien effectue dans son acte, de l’anticiper et de l’expliquer au patient. D’autres praticiens les considèrent moins… » ! Les assistant(e)s dentaires souffrent d’un manque de reconnaissance et de considération. « Elles réclament un mode de travail commun et standardisé au sein de tous les cabinets dentaires ».

Les différents niveaux d’exercice du métier

Ce manque de cohésion et de stabilité s’explique notamment parce que « les praticiens ne s’entendent pas sur ce que constitue le métier d’assistant(e) dentaire », poursuit Kathy Denys. « Il faudrait avoir une vraie définition du poste. » Pour elle, l’assistant(e) dentaire est celui ou celle qui comprend avant de faire, qui est capable d’anticiper et qui est connecté(e) avec la technique mais sans la réaliser avec ses mains. « Un(e) assistant(e) dentaire peut très bien aimer ne faire que du fauteuil ou l’administratif, mais il faut que cela soit clair ». Aussi Kathy Denys souhaiterait la mise en place de différents niveaux de pratique du métier. Le/la secrétaire dentaire se limiterait au travail administratif ; l’aide-opératoire assurerait les soins à quatre mains au fauteuil et l’aide-dentaire associerait les deux activités.

L’évolution du travail des assistant(e)s dentaires ne passe pas uniquement par les textes, elle dépend aussi de l’état d’esprit du praticien.

De nouvelles compétences

Nombreux/ses sont d’ailleurs les assistant(e) s dentaires qui souhaitent voir leurs compétences évoluer. Ils/elles revendiquent l’accès à une formation d’hygiéniste, métier qui existe aux États-Unis, au Canada, en Allemagne et en Suisse. L’hygiéniste assure la prise d’empreintes primaires, le détartrage simple, la prévention cadrée. « Le métier d’hygiéniste n’est pas l’aboutissement pour l’assistante dentaire mais bien une autre profession à cadrer », estime Dominique Munoz. Selon la présidente de l’UFAD, l’évolution de la profession passe davantage par la délégation de tâches au sein du cabinet dentaire. « Cela permettrait aux assistant(e)s dentaires de se spécialiser par rapport à la pratique du chirurgien-dentiste. » Pourquoi ne pas également leur donner la possibilité de se former à la colorimétrie, aux composites ou à la radiologie. Ils/elles pourraient aussi faire de la prévention, même dans les écoles. Autre évolution intéressante, d’après Dominique Munoz, leur offrir la possibilité d’être auto-entrepreneurs, statut aujourd’hui interdit. Les assistant(e) s dentaires veulent des évolutions professionnelles, mais aussi salariales, alors qu’ils/elles n’ont pas la possibilité d’y prétendre. « Elles ne veulent plus être considérées comme des petites mains mais comme des collaboratrices », conclut Kathy Denys. « Les chirurgiens-dentistes doivent avoir en tête que le fait d’impliquer leur assistante dans la qualité du service et du soin leur rend aussi un vrai service ! »