Une plante ciblée Chamomilla à boire post chirurgie

La phytothérapie est une branche de la médecine allopathique conventionnelle. La thérapeutique par les plantes au travers de leurs principes actifs peut accompagner et renforcer notre médication habituelle.

La santé du patient a tout à y gagner. Cette rubrique propose des prescriptions simples aux chirurgiens-dentistes.

Les chirurgies implantaires et parodontales sont en évolution dans notre secteur. La profession peut se réjouir de ses avancées. Afin de favoriser la bonne réponse du patient à ce type d'intervention, d'avoir moins de douleurs, ou de mieux cicatriser, une prise en charge de prescription médicamenteuse phytothérapique a tout son intérêt.

Des solutions médicales relevant du domaine de la phytothérapie bucco-dentaire font partie de notre arsenal thérapeutique, que nous allons mettre en œuvre dans le cas considéré classique au fauteuil.

Pour le chirurgien-dentiste, le stomatologue, le chirurgien maxillo-facial, l'emploi de l'éventail thérapeutique médicamenteux, dont la phytothérapie, va affiner et valoriser ces actes au fauteuil, et ce dans une relation praticien-patient consolidée. Dans cet objectif, la thérapie par les plantes apporte dans notre exercice au quotidien une avancée innovante.

Nous allons aborder, au travers d'un cas clinique, la recherche de la solution phytothérapique appropriée.

Cas clinique

Un patient d'une soixantaine d'années consulte pour se faire poser un implant sur une molaire en bas à droite (^fig. 1). Il ne veut pas de bridge ni « d'appareil ». Il voudrait que tout se passe bien pour la cicatrisation.

Lors de l'observation clinique et du questionnaire médical, on constate que le patient prend des médicaments pour son hypertension, qui est ainsi régulée. Il ne fume pas mais il « attrape tous les microbes ; quand il y en a un..., c'est pour [lui] ! ».

En clair, il va s'agir d'utiliser la phytothérapie dans une aide à la réponse de l'hôte pour favoriser une meilleure cicatrisation.

Il fait la demande de solutions « naturelles » à base de plantes pour le suivi « à la maison » et aider à « mieux cicatriser ».

En conséquence, en accompagnement de la thérapeutique locale au fauteuil, une prescription médicamenteuse phytothérapique est à recommander.

La plante Chamomilla à boire, connue pour renforcer la réponse à la cicatrisation en minimisant les douleurs, va être proposée et exposée ci-après.

Chamomilla : constituants actifs

Camomille ou Chamomilla est constituée sur le plan botanique par les célèbres capitules de la camomille allemande (^fig. 2).

Nom latin : Chamomilla recutita L. ou Camomilla Matricaria recutita L.

Famille : les Asteraceae.

Les principes actifs sont nombreux :

• une huile essentielle ;

• des flavonoïdes ;

• des coumarines ;

• des mucilages.

Ces constituants confèrent au remède phytothérapique Camomilla de multiples propriétés actives en bouche qui le rendent pertinent dans notre pratique quotidienne.

Les propriétés de la plante sont :

• anti-inflammatoires : ce qui va favoriser la cicatrisation et diminuer les douleurs, grâce à son inhibition de la synthèse de la libération des médiateurs de l'inflammation (prostaglandines, leucotrènes, histamine etc.) ;

• anti-oxydantes : ce qui va favoriser l'élimination des catabolites, métabolites générés par la prise des médications associée à une intervention chirurgicale ;

• antiallergiques : ce qui permet de limiter les éventuels effets secondaires défavorables post-chirurgicaux, selon les terrains de patients ;

• anti-bactériennes : par, entre autres, les coumarines.

Indications dentaires

La plante Camomilla peut être indiquée en boisson médicinale à boire. Ses actions thérapeutiques sont anti-inflammatoires puissantes, antiallergiques, anti-oxydantes et anti-bactériennes par la plante dans son entier.

Posologie

Différentes formes galéniques existent. Camomilla sous forme liquide avec un peu d'alcool, en teinture mère en vue de son utilisation en boisson facile à boire, est la plus pratique (^fig. 3).

En usage interne, par voie orale, la prescription sur l'ordonnance se fait de la façon suivante :

• Camomilla en teinture mère – Flacon de 125 ml.

• Prendre une cuillère à café dans un peu d'eau, tous les matins pendant 15 jours à 3 semaines, durant la phase de cicatrisation post-opératoire.

Une cuillère à café à boire en EPS de la plante médicinale Camomilla a un rôle anti-inflammatoire, antiallergique, anti-oxydant et anti-bactérien favorisant la cicatrisation post-chirurgicale.

Bibliographie

• AFSSAPS. Commission d'AMM. Réunion n^o 397 du 2 mars 2006:4.
• Bouillet MN. Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts. Paris : Hachette, 1855:751.
• Boukhobza F. Homéopathie clinique pour le chirurgien-dentiste. Rueil-Malmaison : Éditions CdP, Guide clinique, 2010;225 p.
• Boukhobza F, Goetz P. Phytothérapie en odontologie. Rueil-Malmaison : Éditions CdP, Guide clinique, 2018;217 p.
• Buckle J. Clinical aromatherapy: essential oils in practice. London : Churchill Livingstone, 2003.
• Chandrashekhar VM, Halagali KS, Nidavani RB, Shalavadi MH, Biradar BS, Biswas D, Muchchandi IS. Anti-allergic activity of German chamomile (Matricaria recutita L.) in mast cell mediated allergy model. J Ethnopharmacol 2011;137:336-340.
• Khare CP (ed.). Indian herbal remedies. Rational western therapy and other traditional usage, botany. Berlin, Heidelberg : Springer-Verlag, 2004.
• Koch C, Reichling J, Schneele J, Schnitzler P. Inhibitory effect of essential oils against herpes simplex virus type 2. Phytomedicine 2008;15:71-78.
• Lutz M, Perrot R, Ribaux C. Apport des textes médicaux anciens dans la connaissance des pathologies bucco-dentaires et de leur traitement au Moyen-Âge. Lyon : Paleobios, 2006, vol. 14.
• Miraj S, Alesaeidi S. A systematic review study of therapeutic effects of Matricaria recutita chamomile (chamomile). Electron Physician 2016;8:3024-3031.
• Segal R, Pilote L. Warfarin interaction with Matricaria chamomilla. CMAJ 2006;174:1281-1282.
• Srivastava JK, Pandey M, Gupta S. Chamomile, a novel and selective COX-2 inhibitor with anti-inflammatory activity. Life Sci 2009;85:663-669.