L'éclaircissement ambulatoire sous le prisme du numérique : suivi des résultats cliniques - Clinic n° 10 du 01/10/2019
 

Clinic n° 10 du 01/10/2019

 

Restauration

Romain CEINOS*   Claire PARVEAUX**   Clara RAMEL-FEDELICH***   Marie-France BERTRAND****  


*MCU-PH Odontologie – réhabilitation orale
**Université Côte d'Azur
UFR d'odontologie de Nice
***CHU de Nice, pôle d'odontologie
****Aix-Marseille université, UMR 7268 (ADES)
*****Étudiante en chirurgie dentaire
******Nice
*******Docteur en chirurgie dentaire
********Exercice libéral
*********Marseille
**********PU-PH Odontologie – réhabilitation orale
***********Université Côte d'Azur
************UFR d'odontologie de Nice
*************CHU de Nice, pôle d'odontologie
**************Laboratoire microbiologie orale, immunothérapie et santé (MICORALIS)

L'éclaircissement dentaire des dents vitales pour raisons esthétiques ou thérapeutiques (traitement des dyschromies) repose sur des méthodes fiables affinées et éprouvées depuis maintenant plusieurs décennies. Les techniques existantes sont de plusieurs ordres : ambulatoire à l'aide de gouttières thermoformées, au fauteuil, et des procédés alternatifs (vernis, bandelettes, gouttières à usage unique « prêt-à-porter »). Parmi l'ensemble de ces méthodes, la littérature...


L'éclaircissement dentaire des dents vitales pour raisons esthétiques ou thérapeutiques (traitement des dyschromies) repose sur des méthodes fiables affinées et éprouvées depuis maintenant plusieurs décennies. Les techniques existantes sont de plusieurs ordres : ambulatoire à l'aide de gouttières thermoformées, au fauteuil, et des procédés alternatifs (vernis, bandelettes, gouttières à usage unique « prêt-à-porter »). Parmi l'ensemble de ces méthodes, la littérature désigne la technique ambulatoire comme étant la plus fiable, aux résultats les plus prédictibles et pérennes dans le temps. Les outils numériques représentent désormais une véritable plus-value pour monitorer et confirmer le succès des résultats obtenus chez nos patients. Cet article propose de faire le point sur la méthode d'éclaircissement ambulatoire contemporaine à travers un pas à pas clinique, et d'exposer son efficacité grâce aux données numériques objectives exploitant l'espace colorimétrique CIELAB.

Quelles sont les options thérapeutiques à notre disposition

À l'heure où la promotion et la vente des produits d'éclaircissement en tous genres pullulent sur internet et en particulier sur les réseaux sociaux, il se révèle nécessaire de rappeler quelles sont les méthodes d'éclaircissement sur dents vitales à la fois fiables et prédictibles, et présentant une réelle innocuité tissulaire.

La loi française fixe la concentration de peroxyde d'hydrogène (PdH), présent ou dégagé, à une limite inférieure à 6 % [1] (correspondant à un seuil de 16,6 % de peroxyde de carbamide, PdC). En raison de cette restriction, les firmes industrielles ont adapté leurs produits pour satisfaire à la législation en vigueur. L'ensemble des modalités d'éclaircissement dentaire répondent désormais à cette concentration maximale. On dénombre deux principales méthodes et un certain nombre d'alternatives à celles-ci [2] :

• la méthode ambulatoire : un gel à base de PdC ou un gel frais de PdH est déposé au sein d'une gouttière thermoformée. La durée du port de la gouttière par le patient va dépendre du type de gel employé et de la situation clinique (facteurs en présence pouvant induire un risque potentiel de sensibilité) ;

• la méthode au fauteuil : l'éclaircissement a lieu au sein du cabinet à l'aide de produit déposé in situ sur les dents par le chirurgien-dentiste. Cette méthode, devenue obsolète en raison des faibles concentrations de PdH imposées par la loi, redevient d'actualité grâce à la mise sur le marché de nouveaux produits aux concentrations revisitées, couplés à de nouveaux catalyseurs ;

• alternatives : des « strips » (bandelettes préchargées en PdH), des vernis professionnels ou bien encore des gouttières à usage unique sont à la disposition de l'arsenal thérapeutique du chirurgien-dentiste comme options aux méthodes précitées. Les résultats obtenus vont dépendre de l'étiologie de la dyschromie et de la situation initiale (historique dentaire, quantité d'émail en présence, âge du patient) et du procédé employé [3]. Ainsi, l'ensemble des méthodes citées vont dans une certaine mesure éclaircir le sourire de nos patients, mais pas forcément de manière identique [4]. Parallèlement à la législation française, l'American Dental Association (ADA) recommande d'utiliser une méthode ambulatoire à 10 % de PdC [5]. L'utilisation de gel de PdC à cette concentration contenue au sein d'une gouttière représente le gold standard en raison des preuves scientifiques disponibles qui attestent de son efficacité et de sa sécurité [6]. Le principal avantage de la méthode réside véritablement sur cette « sécurité » avérée : la survenue des effets indésirables est minime (sensibilités recensées en faible quantité, et systématiquement réversibles) et son innocuité tissulaire est rapportée aussi bien à court terme qu'à long terme [7-9]. L'éclaircissement au fauteuil va pour sa part apporter des modifications colorimétriques plus rapides et donc satisfaire le patient dans un plus bref délai. Mais, comparée à la méthode ambulatoire, les études tendent à démontrer un taux de satisfaction identique en fin de traitement [4]. D'autre part, l'efficacité des techniques au fauteuil, bien qu'immédiate, ne peut pas rivaliser pleinement avec celle obtenue par le gold standard, en raison des faibles concentrations autorisées actuellement de PdH. Si les éclaircissements au fauteuil concurrençaient auparavant les techniques ambulatoires [10], désormais une concentration maximale de 6 % de PdH ne permet pas d'atteindre de manière prédictible le seuil maximal d'éclaircissement dentaire en une séance unique [11]. La stabilité de leurs résultats dans le temps est comparable à celle des produits de haute concentration à court terme [12], mais va drastiquement diminuer à moyen et long termes [13]. L'emploi d'un catalyseur lumineux ne change en rien cet état de fait, et son utilisation semble inutile, quelle que soit la concentration de PdH [14, 15]. En conséquence, les firmes industrielles recommandent plus volontiers de poursuivre la méthode au fauteuil par un éclaircissement ambulatoire de courte durée (technique mixte), pour une meilleure fiabilité des résultats finaux obtenus.

Les techniques alternatives présentent un nombre certain d'avantages (moins coûteuses, « prêtes à l'emploi », ne nécessitant pas d'empreinte, réalisables en dehors du cabinet), cependant leur degré d'efficacité et leur innocuité (apparition de sensibilité dentinaire, répercussion pulpaire et inflammation gingivale) portent à controverse. L'utilisation de strips et de vernis semble moins performante que l'éclaircissement ambulatoire classique supervisé par un dentiste (avec une supériorité des strips vis-à-vis des vernis) [16]. Les gouttières préchargées, quant à elles, ont un pouvoir éclaircissant comparable aux techniques plus conventionnelles [17]. À l'heure actuelle, rien dans la littérature scientifique ne suggère que la technique d'éclaircissement recommandée par l'ADA pourrait être remplacée par les techniques alternatives [18]. Les applications auto-administrées de strips, vernis et gouttières préchargées doivent être réalisées avec précaution car elles peuvent présenter un danger pour la santé [19]. Le problème principal provient du risque d'utilisation impropre de ces produits (l'application n'étant pas « guidée » avec précision sur les surfaces dentaires à distance des tissus gingivaux).

Application d'un protocole ambulatoire d'éclaircissement calibré

Pour l'ensemble des critères énoncés précédemment, l'option thérapeutique la plus sûre et la plus reproductible à retenir en l'absence de contre-indication reste la méthode ambulatoire. Deux possibilités sont envisageables : le port de gouttière diurne ou nocturne.

• Pour des raisons évidentes, le port diurne est effectué sur un laps de temps court (1 à 2 heures). Il nécessite l'emploi d'un gel frais de PdH à 6 % sur une durée classique de deux semaines, ou l'utilisation d'un gel de PdC à 10 % sur une durée plus longue (trois semaines sont alors souhaitables) [20]. L'utilisation du PdH, aussi bien que celle du PdC, se montre efficace dans l'éclaircissement diurne [21]. Ainsi, un gel frais de PdH avec une faible concentration permet d'obtenir en journée un éclaircissement probant. Cependant, même si l'occurrence et l'intensité de sensibilités restent faibles, elles se révèlent malgré tout plus fréquentes par rapport au gel de PdC à 10 % [22, 23].

• Le port d'une gouttière nocturne chargée en gel de PdC à 10 % correspond au protocole classiquement recommandé. L'utilisation d'une concentration supérieure à 10 % de PdC, quand bien même elle resterait dans le cadre de la loi, n'est pas souhaitable. En effet, si les avantages sont minimes (l'obtention, dans un laps de temps légèrement plus court, du point maximal d'éclaircissement dentaire), la survenue d'effets indésirables augmente quant à elle significativement [24]. L'incorporation au sein même de la composition du gel d'éclaircissement d'agents désensibilisants (tels le nitrate de potassium ou le fluorure de sodium) peut, dans une certaine mesure, prévenir la survenue de sensibilité dentaire [25], mais leur efficacité réelle reste extrêmement controversée [26, 27]. Le praticien doit donc, pour éviter l'apparition de sensibilités chez le patient, suivre un protocole calibré, en supervisant les paramètres que sont la concentration et le temps de port de la gouttière.

L'application classique de 8 heures de port nocturne d'une gouttière chargée à 10 % de PdC donnera des résultats d'éclaircissement plus rapides par rapport à un nombre d'heures inférieur ; cependant, réduire le nombre d'heures de port diminue de par la même l'apparition de sensibilités et de douleurs [28]. Il a été démontré que l'activité du PdC baissait amplement au-delà de la 1e heure (en atteignant 52 % après 2 heures, et seulement 10 % après 10 heures) [29]. Dès lors, il semble cohérent de pouvoir moduler le nombre d'heures de port de la gouttière, sans pour autant nuire aux résultats finaux obtenus. Chaque patient possède un risque qui lui est propre de développer des sensibilités. Un temps de port personnalisé a ainsi été proposé par le DAttal [30]. Le protocole sur-mesure suit des recommandations de bon sens en procédant par « paliers » : le patient porte initialement la gouttière sur une heure et augmentera, en l'absence d'effets secondaires, la durée suivante sur 3 heures. En l'absence de sensibilités, le port est prolongé sur la totalité d'une nuit. Si une sensibilité fait son apparition, le patient retourne au « palier de confort » précédent.

(1) Les durées en semaines sont données à titre indicatif dans le cadre d'un éclaircissement chez un jeune adulte exempt de dyschromies sévères médicamenteuses, avec un émail non affiné par des phénomènes d'usure.

Apport des données numériques dans le protocole d'éclaircissement ambulatoire

Un certain nombre d'approches sont disponibles pour mesurer la couleur dentaire initiale et ses changements pendant et après l'éclaircissement. Celles-ci comprennent des mesures visuelles subjectives (teintiers) effectuées par le chirurgien-dentiste, et des mesures instrumentales objectives (utilisant majoritairement la spectrophotométrie et l'analyse d'images numériques). Autrefois, le coût élevé et le fonctionnement complexe des systèmes numériques limitaient leur utilisation à la recherche en laboratoire ou à la recherche clinique. Désormais, la baisse des coûts, l'amélioration ergonomique des spectrophotomètres ainsi que l'apparition d'alternatives photographiques ont permis de populariser l'utilisation des données numériques au sein des cabinets dentaires.

Les outils numériques peuvent étudier et/ou quantifier la couleur dans différents espaces colorimétriques. Le plus important d'entre eux est l'espace colorimétrique CIELAB (défini par la Commission internationale de l'éclairage en 1976), dont les paramètres L*a*b* sont :

• L* : la luminosité qui prend des valeurs entre 0 (noir) et 100 (blanc de référence) ;

• a* représente la valeur sur un axe vert → rouge ;

• b* représente la valeur sur un axe bleu → jaune. Le chirurgien-dentiste peut exploiter ces valeurs numériques et en tirer de nombreux avantages : comprendre le mécanisme d'action de l'éclaircissement, relever avec exactitude la couleur initiale du patient, déterminer le pronostic de l'éclaircissement (et la durée personnalisée à prévoir), monitorer dans le temps l'évolution du traitement et savoir quand l'arrêter, objectiver le résultat final obtenu...

Comprendre le mécanisme d'action de l'éclaircissement à travers les valeurs L*a*b*

Un éclaircissement dentaire va aboutir à des différences mesurables sur ces trois paramètres, dont la variabilité peut être résumée par une augmentation de la luminosité (+ ΔL*), une diminution des rouges (-Δa*) et des jaunes (-Δb*) [31]. L'efficacité d'un éclaircissement est principalement due au couple de valeurs (+ ΔL*, -Δb*). L'émail a un rôle plus important que la dentine dans l'éclaircissement des dents [32], en raison de son changement rapide de translucidité dès la première semaine (l'émail devient plus opaque), et de couleur aboutissant à une augmentation de luminosité + ΔL* et à une diminution de jaune -Δb*. La diminution du spectre jaune -Δb* va jouer un rôle majeur dans le résultat final obtenu [33]. La dentine, de par sa désaturation [34], va, sur une période plus longue, aboutir à une diminution de -Δa* et -Δb*, cette modification colorimétrique tardive concourant au succès de l'éclaircissement, notamment dans les zones cervicales où l'émail se trouve en faible quantité.

Relever la couleur dentaire initiale pré-éclaircissement

Les méthodes instrumentales de relevé colorimétrique sont plus fiables que la méthode visuelle classique par teintiers (accessoirisés ou non d'un dispositif de lumière calibrée) [35, 36]. Même si le degré d'expertise du praticien influe sur la fiabilité et la reproductibilité de l'enregistrement correct de la couleur par méthode visuelle, il est intéressant de rappeler que les méthodes numériques leur seront toujours supérieures, et ce même chez le praticien novice [37] ! Ces valeurs peuvent si besoin être directement corrélées à un référentiel VITA®, plus volontiers connu et usité par les chirurgiens-dentistes [38]. Ainsi, la couleur initiale peut aisément être notifiée au sein du dossier médical et objectivée auprès du patient à l'aide d'un cliché photographique couplé à l'échantillon du teintier désigné.

Déterminer le pronostic et la durée personnalisée du traitement

Les valeurs L*a*b* d'une dent naturelle varient avant éclaircissement de 58,7 < L*< 88,7 ; -3,6 < a*< 7 ; 3,7 < b*< 37,3 [39]. Si b* épouse initialement une valeur haute, le pronostic sera bon et d'autant plus favorable que L* est élevé (dent initialement lumineuse mais jaunâtre) ou faible mais en présence d'un émail en quantité suffisante (dent initialement peu lumineuse et jaune).

Dans le cas contraire, si b* est faible et L* faible avec un émail fin ou inexistant (cas fréquemment rencontré chez la personne âgée), le pronostic est relativement défavorable. L'âge est corrélé à l'efficacité du traitement (notamment en raison des modifications quantitatives amélo-dentinaires au cours du vieillissement) [40]. La durée d'éclaircissement va varier de 2 à 3 semaines, chez le patient jeune, à 4 à 6 semaines chez le patient âgé. Connaître les valeurs L*a*b* permet d'écarter les demandes fantaisistes des patients voulant obtenir une couleur inatteignable de dents déjà naturellement claires ou déjà préalablement éclaircies (un b* minimal couplé à L* maximal) (fig. 1). Divers modèles de prédiction colorimétrique exploitant les valeurs L*a*b* ont par ailleurs été proposés dans la littérature [41-43].

Monitorer l'évolution de l'éclaircissement

L'évolution dans le temps des paramètres de couleur d'une dent en cours d'éclaircissement peut parfois s'avérer subtile. Pour cette raison, les chercheurs reconnaissent la nécessité d'employer des méthodes de mesure sensibles et objectives dans le suivi de l'efficacité des produits d'éclaircissement [44]. Si les modifications amélaires surviennent rapidement, les changements dentinaires sont plus tardifs et, en conséquence, la stagnation de Db peut être considérée comme un « marqueur seuil » de l'éclaircissement maximal dentaire (période au-delà de laquelle la dent ne peut plus s'éclaircir) et venir marquer la fin du traitement.

Relever et objectiver le résultat final obtenu

Pour des raisons identiques au relevé initial, les données numériques permettent de mettre en avant les résultats obtenus en fin de traitement (+ ΔL*, -Δa*, -Δb*) et être notifiées au sein du dossier médical. La comparaison de la couleur du teintier VITA® avec la couleur initiale vient conforter le patient dans le succès de la thérapeutique.

Illustration clinique

Une patiente de 25 ans désire améliorer la couleur de son sourire (fig. 2). La couleur initiale est enregistrée à l'aide de l'Easyshade® (VITA). Parmi les spectrophotomètres commercialisés en France, l'Easyshade® bénéficie d'une solide réputation quant à sa fiabilité de mesures (comprise entre 92 à 96 %), relayée par de nombreuses publications au sein de la littérature [45, 46]. Le relevé colorimétrique est effectué en trois points coronaires (zones cervicale, médiane et incisale), à la fois sur l'incisive centrale et la canine (fig. 3). Les valeurs L*a*b* indiquent un pronostic favorable d'éclaircissement chez un patient jeune présentant un émail sain (fig. 4). La situation initiale est enregistrée par clichés photographiques couplés aux teintiers de référence VITA 3D-Master®, désignés par l'Easyshade® avec et sans filtres polarisants Polar_eyes® (Emulation) (fig. 5 et 6). Les données numériques orientent vers une méthode ambulatoire d'une durée classique de 2 semaines. Une fois les empreintes effectuées à l'aide d'un matériau alginate, des gouttières sont réalisées sur les modèles issus en plâtre (fig. 7 à 12).

Afin d'obtenir auprès de la patiente un impact psychologique plus probant et de valider l'efficacité des deux alternatives ambulatoires, il est décidé d'éclaircir les arcades maxillaire et mandibulaire séparément dans le temps. L'arcade maxillaire est traitée à l'aide d'un gel PdC 10 % A-Smile® CP (Bisico) en port nocturne, et l'arcade mandibulaire à l'aide d'un gel PdH 6 % A-Smile® HP (fig. 13).

Le traitement débute par l'arcade supérieure. Après avoir reçu des conseils de port personnalisé (PdC 10 % une heure, puis 3 heures, puis nuit complète) et de diète, la patiente est suivie à une semaine.

Aucune sensibilité n'est décrite et l'évolution de l'éclaircissement est enregistrée de manière identique à la situation initiale (fig. 14). En l'absence de la survenue d'effets secondaires, il est décidé de poursuivre l'éclaircissement sur une semaine, avec un port de gouttière chargée en A-Smile® CP d'une nuit complète.

Le traitement de l'arcade mandibulaire est réalisé secondairement. Après avoir reçu à nouveau des conseils de port personnalisé (HdP 6 % une demi-heure, puis une heure, puis 2 heures) et de diète, la patiente est suivie à une semaine. Aucune sensibilité n'est décrite et l'évolution de l'éclaircissement est enregistrée de manière identique à la situation initiale (fig. 15). En l'absence de la survenue d'effets secondaires, il est décidé de poursuivre l'éclaircissement sur une semaine, avec un port diurne de gouttière chargée en A-Smile® HP sur une durée de 2 heures.

Le traitement a donc nécessité successivement une méthode ambulatoire de deux semaines par arcade. L'entière satisfaction devant les résultats obtenus et le renforcement psychologique de l'adhésion au traitement par la patiente ont ainsi pu être ainsi recueillis à mi-parcours grâce à la comparaison facilitée de la couleur d'origine mandibulaire par rapport à la couleur modifiée maxillaire (fig. 16 et 17). Le résultat final est confirmé par la prise de mesures enregistrées numériquement et la réalisation de clichés photographiques (fig. 18 à 24).

Conclusion

Lorsqu'il est utilisé de manière appropriée, l'éclaircissement dentaire est sûr et efficace. La méthode ambulatoire est la plus recommandée dans le traitement des dents vitales. Le choix le plus pertinent dans la balance risques-bénéfices correspond à l'utilisation d'un gel CdP 10 % ; cependant, l'utilisation d'un gel PdH 6 % reste une alternative envisageable si une surveillance active est effectuée. Comme pour toute procédure dentaire, des risques subsistent [50]. Un protocole calibré en accord avec les dernières données de la science et la législation en vigueur permet d'atténuer efficacement les risques potentiels. Une sensibilité dentaire et/ou une irritation gingivale peuvent survenir dans une proportion significative de patients. Bien que dans la plupart des cas, elles soient légères et toujours transitoires, nos patients doivent en être informés. La supervision de la stratégie sélectionnée réduira les risques potentiels et optimisera les avantages de l'éclaircissement dentaire [3]. L'emploi d'outils numériques pour leurs nombreux avantages, en plus des méthodes visuelles conventionnelles, doit être privilégié par le chirurgien-dentiste dans le cadre d'une approche thérapeutique rationnelle et prédictible [51].

Remerciements :

Les auteurs tiennent à remercier Liza Giordano d'avoir accepté de prêter son sourire pour la réalisation de cet article, et Dino Li pour ses précieux conseils photographiques.

Liens d'intérêts :

Les auteurs déclarent n'avoir aucun lien d'intérêts concernant cet article.

Bibliographie

  • [1] Texte no 4, article 1. JORF 2012;021718:14792 (consultable sur www.legifrance.gouv.fr).
  • [2] Joiner A. The bleaching of teeth: a review of the literature. J Dent 2006;34:412-419.
  • [3] Carey CM. Tooth whitening: what we now know. J Evid Base Dent Pract 2014;14:70-76.
  • [4] Kothari S, Gray AR, Lyons K, Tan XW, Brunton PA. Vital bleaching and oral-health quality of life in adults: a systematic review and meta-analysis. J Dent 2019;84:22-29.
  • [5] Council on Scientific Affairs. Tooth whitening/bleaching: treatment considerations for dentists and their patients. Am Dent Assoc 2009 (mis à jour en novembre 2010).
  • [6] Goldberg M, Grootveld M, Lynch E. Undesirable and adverse effects of tooth-whitening products: a review. Clin Oral Investig 2010;14:1-10.
  • [7] Ritter AV, Leonard RH Jr, Georges AJ, Caplan DJ, Haywood VB. Safety and stability of nightguard vital bleaching: 9 to 12 years post-treatment. J Esthet Restor Dent 2002;14:275-285.
  • [8] Boushell LW, Ritter AV, Garland GE, Tiwana KK, Smith LR, Broome A, Leonard RH. Nightguard vital bleaching: side effects and patient satisfaction 10 to 17 years post-treatment. J Esthet Restor Dent 2012;24:211-219.
  • [9] Leonard RH Jr, Bentley C, Eagle JC, Garland GE, Knight MC, Phillips C. Nightguard vital bleaching: a long-term study on efficacy, shade retention. side effects, and patients' perceptions. J Esthet Restor Dent 2001;13:357-369.
  • [10] Tay LY, Kose C, Herrera DR, Reis A, Loguercio AD. Long-term efficacy of in-office and at-home bleaching: a 2-year double-blind randomized clinical trial. Am J Dent 2012;25:199-204.
  • [11] Bersezio C, Estay J, Jorquera G, Peña M, Araya C, Angel P, Fernández E. Effectiveness of dental bleaching with 37,5 % and 6 % hydrogen peroxide and its effect on quality of life. Oper Dent 2019;44:146-155.
  • [12] Angel P, Bersezio C, Estay J, Werner A, Retamal H, Araya C, Martin J, Fernández E. Color stability, psychosocial impact, and effect on self-perception of esthetics of tooth whitening using low-concentration (6 %) hydrogen peroxide. Quintessence Int 2018;49:557-566.
  • [13] Ferraz NKL, Nogueira LC, Neiva IM, Ferreira RC, Moreira AN, Magalhães CS. Longevity, effectiveness, safety, and impact on quality of life of low-concentration hydrogen peroxides in-office bleaching: a randomized clinical trial. Clin Oral Investig 2019;23:2061-2070.
  • [14] Maran BM, Ziegelmann PK, Burey A, de Paris Matos T, Loguercio AD, Reis A. Different light-activation systems associated with dental bleaching: a systematic review and a network meta-analysis. Clin Oral Investig 2019;23:1499-1512.
  • [15] SoutoMaior JR, de Moraes S, Lemos C, Vasconcelos BDE, Montes M, Pellizzer EP. Effectiveness of light sources on in-office dental bleaching: a systematic review and meta-analyses. Oper Dent 2019;44:105-117.
  • [16] Kim YM, Ha AN, Kim JW, Kim SJ. Double-blind randomized study evaluate the safety and efficacy over-the-counter tooth-whithening agents containing 2,9 % hydrogen peroxide. Oper Dent 2018;43:272-281.
  • [17] Cordeiro D, Toda C, Hana S, Arnhold LP, Reis A, Loguercio AD, Bandeira MCL. Clinical evaluation of different delivery methods of at-home bleaching gels composed of 10 % hydrogen peroxide. Oper Dent 2019;44:13-23.
  • [18] Serraglio CR, Zanella L, Dalla-Vecchia KB, Rodrigues-Junior SA. Efficacy and safety of over-the-counter whitening strips as compared to home-whitening with 10 % carbamide peroxide gel: systematic review of RCTs and metaanalysis. Clin Oral Investig 2016;20:1-14.
  • [19] Del Real García JF, Saldaňa-Velasco FR, Sánchez-de la Rosa SV, Ortiz-García YM, Morales-Velazquez G, Gómez-Meda BC, et al. In vivo evaluation of the genotoxicity and oxidative damage in individuals exposed to 10 % hydrogen peroxide whitening strips. Clin Oral Investig 2019;23;3033-3046.
  • [20] Darriba IL, Carbita Melón P, García Sartal A, Ríos Sousa I, Alonso de la Peña V. Influence of treatment duration on the efficacy of at-home bleaching with daytime application: a randomized clinical trial. Clin Oral Investig 2019;23:3229-3237.
  • [21] Mokhlis GR, Matis BA, Cochran MA, Eckert GJ. A clinical evaluation of carbamide peroxide and hydrogen peroxide whitening agents during daytime use. J Am Dent Assoc 2000;131:1269-1277.
  • [22] Banazadeh Y, Rahimi F, Nikabadi SH, Mahmoudinia S, Rahmani M. A comparative study on the cytotoxic effect of different concentrations of hydrogen peroxide and carbamide peroxide on the survival of human dental pulp stem cells in vitro. Natl Acad Managerial Staff Culture Arts 2018;3:1098.
  • [23] Aka B, Celik EU. Evaluation of the efficacy and color stability of two different at-home bleaching systems on teeth of different shades: a randomized controlled clinical trial. J Esthet Restor Dent 2017;29:325-338.
  • [24] Meireles SS, dos Santos IdS, Della Bona A, Demarco FF. A double-blind randomized controlled clinical trial of 10 percent versus 16 percent carbamide peroxide tooth-bleaching agents: one-year follow-up. J Am Dent Assoc 2009;140:1109-1117.
  • [25] Navarra CO, Reda B, Diolosà M, Casula I, Di Lenarda R, Breschi L, Cadenaro M. The effects of two 10 % carbamide peroxide nightguard bleaching agents, with and without desensitizer, on enamel and sensitivity: an in vivo study. Int J Dent Hyg 2014;12:115-120.
  • [26] Rezende M, Coppla FM, Chemin K, Chibinski AC, Loguercio AD, Reis A. Tooth sensitivity after dental bleaching with a desensitizer-containing and a desensitizer-free bleaching gel: a systematic review and meta- analysis. Oper Dent 2019;44:58-74.
  • [27] Maran BM, Vochikovski L, de Andrade Hortkoff DR, Stanislawczuk R, Loguercio AD, Reis A. Tooth sensitivity with a desensitizing-containing at-home bleaching gel: a randomized triple-blind clinical trial. J Dent 2018;72:64-70.
  • [28] Cardoso PC, Reis A, Loguercio A, Vieira LC, Baratieri LN. Clinical effectiveness and tooth sensitivity associated with different bleaching times for a 10 percent carbamide peroxide gel. J Am Dent Assoc 2010;141:1213-1220.
  • [29] Matis BA, Gaiao U, Blackman D, Schultz FA, Eckert GJ. In vivo degradation of bleaching gel used in whitening teeth. J Am Dent Assoc 1999;130:227-235.
  • [30] Attal JP. Éclaircissement : proposition pour un temps personnalisé de port des gouttières. BioMat Clin 2018;3:83-85.
  • [31] Gerlach RW, Barker ML, Sagel PA. Objective and subjective whitening response of two self-directed bleaching systems. Am J Dent 2002;15:7-12.
  • [32] Ma S, Li R, Sa Y, Liang S, Sun L, Jiang T, Wang Y. Separate contribution of enamel and dentine to overall tooth colour change in tooth bleaching. J Dent 2011;39:739-745.
  • [33] Goodson JM, Tavares M, Sweeney M, Stultz J, Newman M, Smith V, Regan EO, Kent R. Tooth whitening: tooth color changes following treatment by peroxide and light. J Clin Dent 2005;16:78-82.
  • [34] Kwon SR, Wertz PW. Review of the mechanism of tooth withening. J Esthet Restor Dent 2015;27:240-257.
  • [35] Liberato WF, Barreto IC, Costa PP, de Almeida CC, Pimentel W, Tiossi R. A comparison between visual, intraoral scanner, and spectrophotometer shade matching: a clinical study. J Prosthet Dent 2019;121:271-275.
  • [36] Brandt J, Nelson S, Lauer HC, von Hehn U, Brandt S. In vivo study for tooth colour determination: visual versus digital. Clin Oral Investig 2017;21:2863-2871.
  • [37] Alshiddi IF, Richards LC. A comparison of conventional visual and spectrophotometric shade taking by trained and untrained dental students. Aus Dent J 2015;60:176-181.
  • [38] Lagouvardos PE, Fougia AG, Diamantopoulou SA, Polyzois GL. Repeatability and interdevice reliability of two portable color selection devices in matching and measuring tooth color. J Prosth Dent 2009;101:40-45.
  • [39] Yuan JC, Brewer JD, Monaco EA Jr, Davis EL. Defining a natural tooth color space based on a 3-dimensional shade system. J Prosthet Dent 2007;98:110-119.
  • [40] Rezende M, Loguercio AD, Kossatz S, Reis A. Predictive factors on the efficacy and risk/intensity of tooth sensitivity of dental bleaching: a multi regression and logistic analysis. J Dent 2016;45:1-6.
  • [41] Herrera LJ, Pulgar R, Santana J, Cardona JC, Guillén A, Rojas I, Pérez Mdel M. Prediction of color change after tooth bleaching using fuzzy logic for VITA Classical shade identification. Appl Opt 2010;49:422-429.
  • [42] Luo W, Westland S, Elwood R, Pretty I, Cheung V. Development of a whiteness index for dentistry. J Dent 2009;37:21-26.
  • [43] Ishikawa-Nagai S, Terui T, Ishibashi K, Weber HP, Ferguson M. Prediction of optical efficacy of vital tooth bleaching using regression analysis. Color Res Appl 2004;29:390-395.
  • [44] Gegauff AG, Rosenstiel SF, Langhout KJ, Johnston WM. Evaluating tooth color change from carbamide peroxide gel. J Am Dent Assoc 1993;124:65-72.
  • [45] Tsiliagkou A, Diamantopoulou S, Papazoglou E, Kakaboura A. Evaluation of reliability and validity of three dental color-matching devices. Int J Esthet Dent 2016;11:110-124.
  • [46] Kim-Pusateri S, Brewer JD, Davis EL, Wee AG. Reliability and accuracy of four dental shade-matching devices. J Prosth Dent 2009;101:193-199.
  • [47] Haywood VB. Nightguard vital bleaching: current concepts and research. J Am Dent Assoc 1997;128:19-25.
  • [48] Hein S, Zangl M. The use of a standardized gray reference card in dental photography to correct the effects of five commonly used diffusers on the color of 40 extracted human teeth. Int J Esthet Dent 2016;11:246-259.
  • [49] Sagel PA, Gerlach RW. Application of digital imaging in tooth whitening randomized controlled trials. Am J Dent 2007;20:7-14.
  • [50] Li Y, Greewall L. Safety issues of tooth whitening using peroxide-based materials. Br Dent J 2013;215:29-34.
  • [51] Chu SJ, Trushkowsky RD, Paravina RD. Dental color matching instruments and systems. Review of clinical and research aspects. J Dent 2010;38:2-16.
1 Illustration de l'espace colorimétrique CIEL*a*b* avec 4 exemples de couleurs dentaires aux pronostics d'efficacité d'éclaircissement associés. 2 La situation initiale montre un sourire aux proportions harmonieuses, avec une canine à la couleur hautement saturée naturellement. 3 Enregistrement en 3 points de la couleur dentaire par l'Easyshade® V (VITA). 4 Données L*a*b* initiales des incisives centrales et canines maxillaires/mandibulaires (images issues du logiciel VITA Mobile Assist®). 5 Clichés photographiques de la couleur initiale avec un teintier 3D-Master® (VITA) 2M2, avec et sans lumière croisée-polarisée au Polar_eyes® (Emulation) de l'incisive centrale supérieure. 6 Clichés photographiques de la couleur initiale avec un teintier 3D-Master® (VITA) 3M3, avec et sans lumière croisée-polarisée au Polar_eyes® (Emulation) de la canine supérieure. 7 Arcades maxillaire et mandibulaire. 8 Modèles en plâtre issus des empreintes alginates. 9 Réservoirs positionnés de prémolaire à prémolaire. 10 Le placement des réservoirs s'effectue dent par dent, en laissant 1 mm de part et d'autre du cadre vestibulaire, à l'aide d'une résine photopolymérisable Ena White® Dam (Micerium SpA, Bisico). La réalisation de réservoirs reste optionnelle mais est cependant recommandée, en particulier lors de l'utilisation de gel épais à forte viscosité [47]. 11 Thermoformage de la gouttière avec une plaque Eva Soft Fine® 1 mm par une thermoformeuse Easy Vac-Plus Gold® (Bisico). 12 La gouttière peut être découpée au scalpel ou aux ciseaux aux collets des dents (cela entraîne moins de risque de sensibilité gingivale mais aussi une moins bonne rétention), ou bien on peut engager un bandeau d'environ 2-3 mm au-delà des collets pour favoriser un phénomène de coaptation de la gouttière [47]. 13 Les seringues A-Smile® CP 10 % et A-Smile® HP 6 % (Bisico) possèdent un pH neutre et contiennent du nitrate de potassium, dans le but de désensibiliser les dents, et du fluorure de sodium en tant que reminéralisant dentaire. 14 Couleurs et données numériques L*a*b* obtenues au maxillaire à une semaine d'utilisation de A-Smile® CP 10 %. 15 Couleurs et données numériques L*a*b* obtenues à la mandibule à une semaine d'utilisation de A-Smile® HP 6 %. 16 et 17 Comparaison de l'arcade maxillaire traitée par éclaircissement dentaire par rapport à la couleur d'origine de l'arcade mandibulaire (16 vue frontale ; 17 vue latérale). 18 et 19 Comparaison avant/après éclaircissement de deux clichés en lumière croisée-polarisée à l'espace colorimétrique calibrée par Adobe Photoshop®. L'exploitation de clichés en lumière croisée-polarisée calibrée à l'aide d'une carte de gris neutre représente une alternative intéressante à l'utilisation de spectrophotomètre dans l'enregistrement des valeurs L*a*b* [48]. Cette méthode est hautement reproductible d'une visite à l'autre et trouve toute sa pertinence dans le suivi des éclaircissements dentaires [49].

Données numériques L*a*b* à 2 semaines de traitement d'éclaircissement dentaire

20 Couleurs obtenues au niveau de l'arcade maxillaire. 21 Couleurs obtenues au niveau de l'arcade mandibulaire.

Vues finales avant/après

22 Vues du sourire avant/après. 23 Vues intra-buccales avant/après. 24 Portraits avant/après.

Articles de la même rubrique d'un même numéro