Vers la création d'un « service d'accès aux soins » (SAS) - Clinic n° 10 du 01/10/2019
 

Clinic n° 10 du 01/10/2019

 

RÉFORMER LES URGENCES

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Pour réformer les urgences en crise depuis plusieurs mois et alors que près de 250 services sont en grève, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a mis sur la table 754 millions d'euros pour la période 2019 à 2022, afin de mettre en œuvre 12 mesures d'un « pacte de refondation des urgences ». Au cœur du dispositif, la création d'un « service d'accès aux soins » impliquant la médecine libérale.

D'ici à l'été prochain, un service d'accès aux soins...


Pour réformer les urgences en crise depuis plusieurs mois et alors que près de 250 services sont en grève, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a mis sur la table 754 millions d'euros pour la période 2019 à 2022, afin de mettre en œuvre 12 mesures d'un « pacte de refondation des urgences ». Au cœur du dispositif, la création d'un « service d'accès aux soins » impliquant la médecine libérale.

D'ici à l'été prochain, un service d'accès aux soins (SAS) en amont des urgences doit être installé pour répondre, conseiller et informer à distance 24 h/24 lors d'une demande de soins. Ce service accessible en ligne et par téléphone permettra au patient d'avoir, en fonction des besoins et de l'urgence, un conseil médical, la possibilité de prendre rendez-vous avec un généraliste dans les 24 heures, une téléconsultation, une orientation vers un service d'urgences ou la possibilité de recevoir une ambulance.

Il sera doté d'un outil en ligne cartographiant les structures disponibles à proximité, les cabinets médicaux ou para-médicaux, les pharmacies de garde, les services d'urgence.

La ministre donne 2 mois aux acteurs, professionnels de santé libéraux, hospitaliers et services de secours pour proposer un cahier des charges. Les travaux seront menés dans le cadre des missions sur les urgences confiées au mois de juin à Pierre Carli, président du Conseil national de l'urgence hospitalière, et au député Thomas Mesnier (LREM Charente).

Impliquer les libéraux

Le plan ambitionne de mieux articuler les urgences avec la médecine de ville, notamment grâce aux CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé). Leur développement va permettre de renforcer l'offre de soins sans rendez-vous dans les cabinets de ville. Les CPTS seront « soutenues financièrement et disposeront de six mois pour initier une organisation des soins sans rendez-vous dans leur territoire, puis de 18 mois pour la rendre totalement effective », a indiqué la ministre. L'installation de 50 MMG (maisons médicales de garde) est par ailleurs prévue à proximité des services d'urgence les plus importants (plus de 50 000 passages par an).

Pour abolir les freins d'accessibilité, un SAMU pourra, sous certaines conditions, déclencher un transport sanitaire pour emmener un patient vers un cabinet libéral. Sur un plan financier, le tiers payant sera obligatoire sur la part assurance maladie, dans le cadre de la garde des médecins de ville et des MMG.

Parmi les autres mesures, la ministre s'est fixé l'objectif « zéro passage aux urgences » d'ici 5 ans pour les personnes âgées grâce à un renforcement de la prise en charge médicale au sein des Ehpad avec des équipes mobiles de gériatrie et des infirmiers de nuit mutualisés en Ehpad. Par ailleurs, la vidéo à distance sera intégrée dans tous les SAMU début 2020.

Les chirurgiens-dentistes oubliés ?

Les CDF « regrettent » que les chirurgiens-dentistes libéraux n'aient pas été associés au pacte de refondation des urgences de Agnès Buzyn. Aucune mesure n'est prévue pour financer la prise en charge des soins non programmés en chirurgie dentaire et revaloriser la consultation d'urgence et des jours d'astreinte, remarquent les CDF. Les CDF rappellent que la profession a mis en place depuis longtemps un service de garde les dimanches et les jours fériés et que les gestes d'urgence qui y sont pratiqués permettent de désengorger les hôpitaux à moindre coût.