Le réseau RECOL souffle sa première bougie - Clinic n° 02 du 01/02/2020
 

Clinic n° 02 du 01/02/2020

 

RECHERCHE CLINIQUE EN ODONTOLOGIE LIBÉRALE

Actu

Le Réseau de collecte et d'analyse des données cliniques RECOL a été créé en 2018 pour mener des recherches cliniques dans le secteur libéral, en complément des travaux des CHU. Porté par Brigitte Grosgogeat, PU-PH à l'université Claude-Bernard de Lyon, ce réseau permet de disposer d'informations en plus grand nombre et reflétant mieux la diversité des exercices. Voici un aperçu de la grande variété des recherches et des premiers résultats présentés au moment du congrès de l'ADF.

Les restaurations défectueuses : une pratique encore timide en France

Les restaurations défectueuses plutôt que leur remplacement complet sont une pratique « très tendance » de la dentisterie, affirme Sophie Doméjean, PU-PH à l'université de Clermont-Ferrand. La dernière réunion de la FDI en septembre s'est achevée sur un consensus sur ce sujet et l'European Preservation of Conservative Dentistry prévoit d'organiser une conférence de consensus sur ce point dans les mois qui viennent. Mais quelle est la pratique en France ? On ne disposait d'aucune donnée jusqu'à présent.

RECOL a permis de recenser les pratiques de 395 libéraux. Les résultats s'avèrent « assez voisins » de ceux d'autres enquêtes menées notamment aux États-Unis, note la chercheuse. « Très majoritairement », les chirurgiens-dentistes disent ne pas avoir reçu de formation sur ce thème. Et dans la pratique, seuls 8 % effectuent des restaurations défectueuses plusieurs fois par semaine. Les autres ont « parfois » recours à cette pratique (42 %), voire seulement quelques fois dans l'année (40 %). La première raison pour laquelle ils choisissent de réparer plutôt que de remplacer est de préserver au maximum des tissus dentaires. L'ensemble des résultats de l'étude seront bientôt publiés. Elle pourra constituer un des éléments permettant de faire évoluer la CCAM !

Prescription d'antibiotiques : quelle est la pratique ?

Comment limiter la prescription d'antibiotiques ? La question se pose dans tous les secteurs de la santé. En dentisterie, ce sont les mauvaises prescriptions qui préoccupent particulièrement Kevimy Agossa, MC-PH à Lille. On estime que 30 % ne sont « pas pertinentes », explique celui qui vient de lancer, avec le Collège national des enseignants en parodontie et la Société française de parodontologie et implantologie orale SFPIO, une enquête dans le cadre de RECOL visant à décrire les habitudes de prescriptions d'antibiotiques lors de maladies parodontales, afin d'identifier des leviers d'amélioration.

Douleur post-implantaire : une information claire au patient

En 40 ans d'implantologie, on ne compte que 9 études sur la douleur postopératoire. Ce vide pose de nombreuses questions. « Est-on capable d'informer correctement le patient ; le consentement éclairé est-il réel ; l'ordonnance en implantologie est-elle adaptée », s'est interrogé Roch de Valbray ? Pour répondre à ces questions, ce praticien lyonnais s'est lancé dans une enquête auprès de 180 patients de son cabinet en s'appuyant sur l'expertise de RECOL pour analyser la littérature, monter un questionnaire et réaliser une analyse critique des résultats... Une méthodologie qui va lui permettre de publier prochainement.

Voici déjà un aperçu des résultats en fonction de trois cas distincts. Dans le cas d'un implant simple, seuls 20 % des patients ont mal. La douleur maximale intervient au bout de 24 heures (2,15 sur une échelle de 0 à 10) puis elle diminue et disparaît en quelques jours. Dans le cas d'un implant associé à une régénération osseuse guidée, plus de la moitié des patients n'ont pas mal. Pour les autres, la douleur maximale intervient aussi au bout de 24 heures et de façon plus intense (3,72). Dans le cas d'un implant associé à un sinus lift, la douleur intense n'est pas très prévisible et elle peut durer jusqu'à 72 heures.

Quel est l'état de la santé bucco-dentaire des Français ?

Un « grand mystère » ! Face à l'absence de données, Franck Decup s'est appuyé sur le réseau RECOL pour lancer une étude transversale sur la santé bucco-dentaire et les traitements dentaires en France chez l'adulte. Une collecte massive de données a été menée par 46 investigateurs libéraux. Ils ont noté pour chaque personne observée des informations sur les facteurs de risque et les éléments de santé générale, puis réalisé une étude clinique détaillée, dent par dent, en notant aussi la qualité des restaurations. En moins d'un an, près de 10 000 dents ont été observées, 3 200 obturations évaluées, sur un ensemble de 400 patients. L'étude des données en cours fera l'objet de publications. Mais déjà, un deuxième volet d'enquête vient d'être lancé auprès de 400 nouveaux patients, cette fois-ci dans 13 CHU. Une troisième phase pourrait être lancée sur un territoire en France.

142 000

C'est le nombre de décès dus à la rougeole en 2018 malgré l'existence d'un vaccin. C'est 15 % de plus qu'en 2017, selon le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et des autorités sanitaires américaines (Centers for Diseases Control and Prevention). L'OMS s'inquiète de l'explosion du nombre de cas, y compris dans les pays comme les États-Unis, et un retour des transmissions en Albanie, Grèce, Royaume-Uni et Tchéquie.