OBJECTIF

L’objectif de cette étude est de tester l’efficacité d’une intervention éducative centrée sur la personne et fondée sur la théorie pour augmenter l’adhésion des adolescents à un comportement d’hygiène bucco-dentaire adéquat, c’est-à-dire le contrôle autonome du facteur étiologique des maladies parodontales : la plaque bactérienne.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Les données proviennent d’une étude prospective, multicentrique, à deux bras et quasi randomisée sur le terrain, dans laquelle le traitement a été effectué par des hygiénistes dentaires au sein du service dentaire public de Västra Götaland, en Suède. Des adolescents présentant de mauvaises conditions d’hygiène buccale ont été invités à participer à l’étude.

L’intervention test était fondée sur la théorie et les principes du comportement cognitif (il s’agit d’une forme de traitement psychologique qui suggère que les pensées, les émotions, les sensations corporelles et le comportement sont intimement liés). Les hygiénistes dentaires ont utilisé une approche communicative collaborative inspirée de l’entretien motivationnel.

L’intervention de contrôle consistait en une information/instruction conventionnelle. Les évaluations cliniques et les comportements d’hygiène bucco-dentaire ont été évalués après plusieurs mois.

RÉSULTATS

Trois cent douze adolescents ont été recrutés, parmi lesquels 274 ont suivi le traitement pendant 6 mois. On a constaté des améliorations significatives des scores de saignement gingival et de contrôle de plaque pour les deux groupes de traitement à 6 mois, avec des améliorations significativement plus importantes dans le groupe test. Les adolescents du groupe test se sont brossé les dents et ont utilisé des aides au nettoyage interdentaire plus fréquemment que les participants du groupe témoin à 6 mois.

DISCUSSION

Les deux interventions ont entraîné des améliorations des scores de saignement et de plaque dentaire, avec des améliorations significativement plus importantes pour l’intervention test (tailles d’effet petites à moyennes). Une proportion significativement plus élevée d’adolescents du groupe test se sont brossé les dents 2 fois par jour et ont procédé à un nettoyage interdentaire au moins 3 fois par semaine au bout de 6 mois (20,6 % versus 9,8 %), par rapport aux adolescents du groupe témoin, conformément à l’hypothèse de l’étude.

L’hétérogénéité des designs retrouvés dans la littérature complique la comparaison avec des études précédentes. Les résultats sont cependant similaires à ceux retrouvés dans des populations étudiantes ou adultes jeunes souffrant de parodontite où l’on retrouve de meilleurs contrôles de plaque et de réduction de l’inflammation lorsque la psychologie du patient est prise en compte. De plus, dans cette étude, le groupe test a bénéficié de 3 visites contrairement au groupe témoin qui a bénéficié de 2 visites (1 à l’inclusion puis 1 à 6 mois) : bien qu’un nombre de visites augmenté soit partie prenante de la nouvelle approche comportementale proposée, celui-ci est également à l’origine d’un biais dans les résultats obtenus.

Un point fort de cette étude est cependant la réalisation de l’intervention dans le cadre habituel des soins dentaires en Suède. Bien que légèrement plus faible dans le groupe test, la participation à la visite de contrôle finale a été importante dans les deux groupes (81 % dans le groupe test versus 95 % pour le groupe témoin).

CONCLUSION

Un programme d’éducation à la santé bucco-dentaire centré sur la personne et fondé sur la théorie serait plus efficace qu’une éducation à la santé bucco-dentaire classique pour améliorer le comportement des adolescents en matière d’hygiène bucco-dentaire et de contrôle du facteur étiologique parodontal.