Traitement d’une complication implantaire tardive - Clinic n° 11 du 01/11/2018
 

Clinic_Hors série n° 11 du 01/11/2018

 

RECONSTRUCTION OSSEUSE

Damien FEUILLET  

Ancien interne en odontologieAncien assistant hospitalo-universitaire
ParodontologiePrésident SFPIO Rhône AlpesStudy Club ITI de Lyon

Les pertes tissulaires engendrées par le retrait d’un implant, notamment de diamètre supérieur à 4 mm, sont complexes à reconstruire. Les protocoles de régénération osseuse guidée sont clairement établis et offrent des résultats fiables et prévisibles.

Monsieur D., 32 ans, est adressé pour une inflammation chronique au niveau du maxillaire antérieur, localisée sur un implant situé en 21. Celui-ci a été posé à la suite d’un traumatisme à l’âge de 18 ans. La consultation est motivée par l’inquiétude du patient face à la présence récurrente d’abcès.

Aucun antécédent général n’est révélé à l’anamnèse. Le patient est non-fumeur et présente une hygiène correcte. L’examen clinique général ne révèle pas de signe de parodontite, ni de pathologie dentaire. L’examen occlusal révèle une Classe II division 1, associée à une légère asymétrie du maxillaire antérieur. Nous remarquons un décalage vertical de 21 lié à l’implantation avant la fin de la croissance.

Nous notons également les effets d’une croissance perturbée par un ancrage osseux fixe, avec l’établissement d’une légère palato version et rotation axiale de 11, ainsi qu’une version mésiale de 22 et 23 (Fig 1).

Analyse de la situation clinique et radiologique

Nous observons (Fig 2 et 3) :

- Une inflammation marquée au niveau de la ligne de jonction muco-gingivale de la zone distale de 21 avec une fenestration tissulaire vestibulaire laissant apparaître l’implant.

- Un sondage de 10 mm en apical de la fenestration gingivale.

- La palpation met en évidence un exsudat purulent.

- Un décalage des collets laissant penser à une faible quantité de tissus de soutien du futur collet de la dent à réhabiliter.

- Une asymétrie nécessitant une prise en charge orthodontique afin d’optimiser l’esthétique.

- L’examen rétro alvéolaire montre la persistance des pics osseux inters proximaux, malgré la présence d’un implant de large diamètre.

Discussion du plan de traitement

L’absence de résultats de l’assainissement non chirurgical mis en place, le caractère évolutif de l’inflammation, le pronostic peu fiable de fermeture de la fenestration, avec au mieux, le maintien de la perte d’attache parodontale, indiquent le retrait de l’implant (tableaux 1 et 2).

Ceci est envisagé avant que cette fenestration ne se transforme en déhiscence tissulaire [1, 2].

La persistance des pics osseux inters proximaux donne un bon pronostic à la reconstruction osseuse.

Nous proposons le plan de traitement suivant :

- Dépose de l’implant en 21, associé à une greffe conjonctive afin de fermer l’alvéole, puis mise en place d’un bridge provisoire collé en extension sur le cingulum de 11. Attente de 4 mois pour la cicatrisation.

- Traitement orthodontique afin de traiter l’asymétrie du maxillaire antérieur.

- Régénération osseuse guidée transversale et verticale pendant la phase de contention. Cicatrisation osseuse pendant 9 mois.

- Mise en place d’un implant juxta crestal, enfoui (Bone Level/Straumann), associé à une greffe conjonctive afin de compenser d’éventuels déficits tissulaires persistants.

- Réalisation d’une prothèse provisoire transvissée afin d’optimiser le profil d’émergence.

- Réalisation de la prothèse d’usage.

- Traitement alternatif : afin de compenser l’asymétrie, il est également proposé de réaliser une facette céramique sur 11.

Après réévaluation et discussion du plan de traitement avec le patient, le traitement de l’asymétrie n’est pas retenu. Ce compromis nous semble acceptable ; en effet, dans la situation présente, un traitement secondaire est possible. Traitement (Fig 4à 40)

Conclusion

La qualité des tissus et la prévisibilité des régénérations osseuses guidée sont précieuses dans la reconstruction des déficits osseux liés à la perte d’implant. L’utilisation d’une membrane dPTFE, et d’un mélange à 50/50 d’os autogène et hydroxyapatite permet une excellente vascularisation de la zone greffée, et une maturation optimale des tissus. L’utilisation d’une greffe de bloc cortico spongieux est peu indiquée dans ce cas, car la fixation du bloc aurait été délicate en raison de la morphologie du déficit.

Enfin, le résultat esthétique aurait été optimisé par la correction orthodontique de l’asymétrie.

Bibliographie

  • [1] Bragger U, Heitz-Mayfield LJA, et al. Complications biologiques et mécaniques en implantologie dentaire. ITI Guide de traitement. Berlin : Quintessence ; Vol 8.
  • [2] Chappuis V, Martin W, et al. Les traitements implantaires dans le secteur esthétique. ITI Guide de traitement. Berlin : Quintessence ; Vol 10.
  • [3] Cordaro L, Terheyden H, et al. Procédure d’augmentation osseuse. ITI Guide de traitement. Berlin : Quintessence ; Vol7. Situation clinique et perte d’attache parodontale péri-implantaire. Examen rétro alvéolaire.