Quelques chiffres
 

Implant n° 2 du 01/05/2006

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Lors de la séance inaugurale du premier congrès international Astra Tech, organisé en avril dernier à New York, le professeur D. Tarnow a évoqué les prévisions démographiques à l'échelle mondiale et leur implication sur notre exercice. Si l'on considère l'évolution démographique, une nouvelle carte du monde est en train de se dessiner. En effet, deux facteurs doivent être pris en compte, le nombre d'habitants et le vieillissement de la population. L'augmentation du niveau de vie...


Lors de la séance inaugurale du premier congrès international Astra Tech, organisé en avril dernier à New York, le professeur D. Tarnow a évoqué les prévisions démographiques à l'échelle mondiale et leur implication sur notre exercice. Si l'on considère l'évolution démographique, une nouvelle carte du monde est en train de se dessiner. En effet, deux facteurs doivent être pris en compte, le nombre d'habitants et le vieillissement de la population. L'augmentation du niveau de vie s'accompagne d'une amélioration des conditions d'hygiène et donc d'une augmentation des personnes âgées. Idéalement, un pays doit augmenter sa population en maîtrisant le pourcentage d'inactifs à la charge des actifs (en général, les plus de 65 ans).

Ainsi, entre 2000 et 2040, l'Inde passe de 1 à 1,5 milliard d'habitants, rattrapant ainsi la Chine qui n'évolue « que » de 1,3 à 1,5 milliard d'habitants. Notons toutefois que la politique chinoise de l'enfant unique rend ce pays plus vulnérable au vieillissement de sa population. En effet, les plus de 65 ans passent en Chine de 7 % en 2000 à 19,7 % en 2040. En Inde, ils passent pour la même période de 5 à 10,2 %. Si ces deux pays réussissent à nourrir leur population dans les 30 années à venir, l'éveil du dragon chinois risque d'être perturbé par le bond matinal du tigre indien.

Le Japon, qui a tant perturbé l'économie occidentale pendant la seconde moitié du XXe siècle, rentre dans un processus inverse. Sa population va décroître dans les mêmes 40 années, passant de 127 millions à 111 millions d'habitants avec, en plus, un vieillissement accéléré de sa population : les plus de 65 ans représentaient 17,2 % en 2000 et atteindront 31,2 % en 2040. C'est le record mondial ! Le pays du soleil levant risque de connaître son coucher de soleil.

L'Europe n'est pas beaucoup mieux lotie, avec une population qui décroît de 7,4 %, (298 millions en 2000 et 276 millions en 2040) et qui vieillit : les plus de 65 ans représentaient 16,5 % de la population en 2000 et atteindront 28,8 % 40 ans plus tard. La Russie suit son exemple en pire, avec une baisse de 18 % de la population, soit 25 millions d'habitants (145 M en 2000 et 119 M en 2040), et un vieillissement qui augmente (12,2 % en 2000 et 20,1 % en 2040). Dans 35 ans, la vieille Europe n'aura jamais autant mérité son nom.

L'Amérique distance largement l'Europe. Ainsi, le Mexique augmente de plus de 58 % une population (98 M en 2000 et 155 M en 2040) qui reste jeune : seulement 13,4 % de plus de 65 ans en 2040. Les États-Unis sont le seul pays développé à accroître sa population de plus de 25 % (281 M en 2000 et 350 M en 2040), en maintenant le pourcentage des plus de 65 ans à 22,4 % à l'horizon 2040. Même si l'espagnol aura d'ici là supplanté l'anglais en tant que langue la plus parlée à travers le pays, les États-Unis gardent un potentiel de croissance étonnant.

Ce vieillissement général de la population mondiale s'accompagne d'une augmentation des personnes présentant un édentement. Ainsi, selon une étude concernant les États-Unis parue en 2002*, 33,1 % des plus de 65 ans présentent un édentement complet, et 90 % des adultes édentés possèdent une prothèse. En 2020, on prévoit 38 millions de personnes appareillées par une ou deux prothèses amovibles complètes. Si l'on suit les recommandations du consensus de Mac Gill (cf. Éditorial du n° 1, février 2003) de stabiliser par 2 implants les prothèses amovibles complètes mandibulaires, cela représente environ 80 millions d'implants posés sur le territoire américain et à peu près 60 millions en Europe occidentale. Des chiffres qui font rêver les fabricants, les financiers et éventuellement les praticiens.