Théorie et pratique de la mise en charge immédiate

«Un livre, un manuel sur la mise en charge immédiate, qui l'eût cru possible il y a encore 10 ans !!? Alors, la bataille faisait encore rage entre l'école suédoise de la mise en nourrice indispensable et l'école suisse de l'implant en un temps chirurgical ».

Cette première phrase de l'avant-propos résume bien les 25 années d'évolution et de combats entre implantologistes. Elle marque également le début de la maturation de cette science. Certes, au vu des nombreuses propositions actuelles, tout n'est pas réglé, mais on s'achemine vers une standardisation bien nécessaire des concepts.

Je suis d'autant plus surpris que les auteurs, fervents défenseurs des concepts Brånemarkiens dans leurs précédents ouvrages décrivent des réalisations prothétiques entièrement dédiées à un autre système (3I) sans pour autant renier les autres.

Les premiers chapitres combleront les praticiens qui ont connu les débuts de cette spécialité et vu comment les diktats intangibles des années 80 ont été anéantis.

Seuls 2 sur 9 paradigmes Brånemarkiens, pourtant définis scientifiquement, sont encore en vigueur. C'est un phénomène général de l'évolution des sciences. Qui se souvient des implants en carbone vitrifiés des années 1975, les premiers à ma connaissance défendus par des travaux universitaires (UCLA) et qui se sont révélés inutilisables ? N'oublions pas toutefois de remercier Brånemark, qui a initié une grande rigueur à une époque où l'expérimentation se faisait essentiellement dans les cabinets aux dépens des praticiens, ainsi que Schroeder, qui a su démontrer scientifiquement que l'on pouvait aller au-delà.

Après un rappel historique, les auteurs montrent l'intérêt de la mise en charge immédiate pour tous les intervenants ainsi que les éléments à prendre en compte pour la réaliser (forme et état de surface de l'implant, qualité osseuse, forage, stabilité primaire, conceptions prothétiques, etc.).

Ils en arrivent à multiplier le nombre d'implants pour réduire les charges unitaires, ce qui me semble parfois exagéré. Les cas présentés restent toutefois convaincants.

Une partie plus technique montre comment placer les implants immédiats postextractionnels, gérer l'esthétique, concevoir les prothèses, etc. Tout y est détaillé et précisé : par exemple, le temps nécessaire à l'action, les différentes étapes, les coûts, etc.

Des chapitres sont consacrés individuellement aux secteurs antérieurs et postérieurs maxillaires ou mandibulaires, aux maxillaires édentés.

Toutes les étapes de restauration sont décrites pas à pas : du concept initial avec ses différentes options à la phase finale en passant par la prise d'empreinte, les provisoires, les essayages, la pose ..., et les difficultés diverses que l'on peut rencontrer.

Cet ouvrage est le résultat d'une très grande somme de travail et d'expérience, dont vont profiter immédiatement les lecteurs, et présente de très nombreux cas réalisés depuis de nombreuses années.

Les auteurs nous font également découvrir un nouveau revêtement implantaire appelé NanoTite Spray. Ce procédé consiste à déposer une couche de cristaux discrets (discontinus) de phosphate de calcium (Discrete Crystaline Deposition) de l'ordre de 20-100 nm sur la surface osséotite propre à 3I, qui semble donner une meilleure réactivité immédiate. L'avenir dira ce qu'il faut en penser.

Cet ouvrage va incontestablement modifier notre abord de l'implantologie, ne serait-ce qu'en débarrassant, une fois pour toutes, les praticiens âgés de leurs complexes d'enfouissement et de temporisation. Les plus jeunes y découvriront les possibilités actuelles, sans pour autant que cela ressemble à de l'improvisation.

Vous l'avez compris..., je recommande la lecture de ce livre à tous les praticiens expérimentés ou non.