Échecs - Implant n° 2 du 01/05/2008
 

Implant n° 2 du 01/05/2008

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Comme chaque année, le numéro de mai de la revue Implant est doublé d'un numéro hors série, qui est cette fois consacré aux échecs.

Vaste sujet qui alimente le microcosme de l'implantologie depuis ses débuts, avec des principes issus au départ davantage de la croyance optimiste que de la connaissance scientifique. L'époque était plus encline à croire au succès d'une technique selon l'aura du concepteur, qu'à chercher à connaître les fondements objectifs du...


Comme chaque année, le numéro de mai de la revue Implant est doublé d'un numéro hors série, qui est cette fois consacré aux échecs.

Vaste sujet qui alimente le microcosme de l'implantologie depuis ses débuts, avec des principes issus au départ davantage de la croyance optimiste que de la connaissance scientifique. L'époque était plus encline à croire au succès d'une technique selon l'aura du concepteur, qu'à chercher à connaître les fondements objectifs du succès d'un traitement. Cela a abouti à faire de l'implantologie le domaine sulfureux de l'odontologie dans l'esprit du public et des praticiens, image encore répandue 30 ans après que les bases scientifiques du succès des traitements implantaires aient été établies et reconnues par la communauté internationale.

La France, pays des inventeurs par excellence - le concours Lépine n'est pas français par hasard -, a connu des innovations plus fantaisistes et hasardeuses les unes que les autres. À cette période, le succès était temporaire, l'échec, certain et la survie de l'implant était la base temporelle d'évaluation du traitement. Le but, la plupart du temps, était de prolonger par tous les moyens possibles (le plus souvent, une antibiothérapie prolongée), la durée de survie de la prothèse avant de se résoudre à assumer l'échec. De façon paradoxale, les échecs étaient considérés comme naturels, ne donnaient lieu à aucune évaluation statistique ni aucune prise en compte pour faire évoluer l'implant. L'expérimentation animale, développée par ailleurs à l'étranger, était absente de la très grande majorité des développements des systèmes implantaires, qui se faisaient plutôt par l'analyse empirique des problèmes rencontrés sur les patients.

Cette époque est révolue depuis plus de 20 ans maintenant, et l'analyse des taux de survie a fait place à l'analyse des taux d'échecs, qui oscillent pour les systèmes les plus contrôlés entre 5 et 15 % à 10 ans. Ces taux doivent être considérés comme le maximum acceptable aujourd'hui, car la mise en place d'implants vise un résultat à long terme qui doit atteindre 30 à 40 ans, voire plus, selon l'âge du patient au moment du début du traitement.

En fait, si le succès d'un traitement est rassurant pour l'esprit et flatteur pour l'ego, c'est l'analyse critique des échecs qui permet de progresser, et lorsque l'on rencontre un échec lors d'un traitement, il est capital de rechercher d'où il provient, afin de ne pas répéter l'erreur qui en est la cause. Nous espérons que ce numéro hors série vous apportera des indices utiles pour améliorer les traitements de vos patients.

L'aspect pluridisciplinaire de ce supplément nous rappelle que l'implantologie n'est pas la seule discipline concernée par des échecs. C'est un aspect rassurant pour les autres praticiens, les échecs des uns étant le meilleur dopant pour l'ego des autres. Pourtant, prétendre ne jamais rencontrer d'échec, dans n'importe quelle discipline médicale, est soit le signe d'une cécité critique inquiétante, soit le révélateur honteux d'un mensonge éhonté.